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Pourquoi faut-il obéir aux lois ?

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« Introduction • Pour quelles raisons et quels motifs se soumettre aux lois conçues en leur triple acception, comme rapports invariables et nécessaires entre des phénomènes, comme relations de succession et de similitude (lois envisagées comme lois de la nature), comme principes universels valables pour la volonté de tout être raisonnable (normes morales auxquelles on ne peut se soustraire) et, enfin, comme prescriptions promulguées par l'autorité souveraine d'un pays et dont la transgression est l'objet d'une poursuite (lois positives ou politiques) ? Notons qu'une partie de cette question est en rapport avec la sphère de la nécessité (lois physiques) tandis que l'autre concerne l'obligation et les règles politiques (lois morales et civiles).

L'interrogation porte sur des domaines qui ne se recouvrent nullement. • Quelle problématique sera ici nôtre et sur quel problème pouvons-nous déboucher ? Obéir à l'ordre nécessaire des choses ou bien aux règles morales et politiques, n'est-ce pas cesser d'être libres ? La spontanéité humaine n'est-elle pas alors mise entre parenthèses ? Pour quelles raisons, dès lors, obéir aux lois ? La liberté idéale n'est-elle pas une liberté sans contrainte ni obéissance ? D'où le problème fondamental : la liberté désigne-t-elle une autonomie ou bien une spontanéité étrangère à toute contrainte, un pouvoir d'agir à sa guise ? L'enjeu apparaît ici décisif : selon la réponse à la question posée, nous nous engagerons dans une orientation tout à fait différente et notre vie connaîtra une actualisation proche soit de la spontanéité, soit de la maîtrise rationnelle. Donc, notre engagement dans la vie se manifestera de manière non identique. Discussion A.

Pourquoi s'incliner devant les lois de la nature ? On ne peut vaincre la nature qu'en lui obéissant. Pourquoi m'inclinerais-je, tout d'abord, devant l'ordre de la nature ? Cette obéissance pourrait apparaître dénuée de sens.

Ne suis-je pas, en effet, courbé alors devant un aveugle destin ? Cet ordre de la nature me résiste ; il paraît fatal et opaque, comme si j'étais ainsi enchaîné et esclave.

Les phénomènes obéissent à des lois indépendantes de nous, à d'inflexibles relations.

Le lien entre les phénomènes paraît ici impossible à rompre.

Pourquoi s'incliner devant un ordre contraignant qui m'enchaîne ? Tout ne se passe-t-il pas ici comme si un destin inexorable me courbait, comme si j'étais soumis à un fatum irrévocable ? Cette vision paraît toutefois aussi naïve qu'unilatérale : si le destin assujettit l'homme, la connaissance du déterminisme et l'acceptation de ce dernier, le fait de s'incliner devant les lois de la nature, permettent de passer dans la sphère de la libération authentique.

Pourquoi s'incliner devant les lois de la nature ? Parce que la connaissance de l'enchaînement causal nous délivre.

La liberté consiste à obéir aux lois.

Un des premiers, Francis Bacon (1561-1626) comprend que le but de la connaissance, c'est la maîtrise de la nature : on ne peut dominer cette dernière qu'en se soumettant aux lois du réel.

« L'homme, interprète [...] de la nature, n'étend ses connaissances et son action qu'à mesure qu'il découvre l'ordre naturel des choses, soit par l'observation, soit par la réflexion [...].

La science et la puissance humaine se correspondent dans tous les points et vont au même but ; c'est l'ignorance où nous sommes de la cause qui nous prive de l'effet ; car on ne peut vaincre la nature qu'en lui obéissant.

» (F.

Bacon, Novum Organum). On ne commande à la nature qu'en lui obéissant. BACON (Novum Organum) Les lois de la nature sont strictement déterminées.

Il n'est pas possible de les enfreindre.

Nous ne pouvons qu'y obéir. Cela ne signifie néanmoins pas que nous soyons soumis à la nature.

Le projet technique consiste à utiliser les lois de la nature pour notre utilité.

Ainsi, en obéissant aux lois de la nature, on peut la commander.

La liberté n'est pas dans l'absence de contrainte mais dans l'utilisation raisonnée de ces contraintes. Ainsi, la science permet de prévoir et d'agir.

La connaissance des lois naturelles, loin d'enchaîner l'homme à un destin aveugle, le libère et permet l'action. Ces thèmes s'enracinent dans ce qu'on pourrait appeler, en s'inspirant de Hegel, une problématique de la « ruse ». L'homme, sans nullement transformer la contrainte des lois naturelles, est en mesure de ruser avec cette dernière, de laisser la nature s'user à son profit.

La force est ainsi attaquée par l'intelligence humaine qui canalise à son profit la légalité naturelle.

L'eau, le vent, sont utilisés pour accomplir quelque chose de tout différent de ce qu'ils voulaient.

« La large face de la force est attaquée par la pointe de la ruse.

» L'homme, rusé, s'adjoint la nature qui va donc représenter un moyen. En résumé, pourquoi obéir aux lois ? Pour les canaliser.

à notre profit, pour en faire l'instrument de notre action. Toute la modernité, depuis Bacon et Descartes, relève de cette approche, de cette notion d'une domination de l'homme sur les choses.

Se rendre maîtres et possesseurs de la nature, obéir à la légalité pour maîtriser " ce qui semblait un opaque destin, tel est le vrai sens de la pratique humaine.

De Descartes, qui affirme que la connaissance de la physique doit nous permettre de maîtriser la nature (Descartes, Discours de la méthode, sixième partie), jusqu'à Engels, pour qui la liberté est la nécessité comprise, le même thème revient : être libre, c'est accepter l'ordre de la nature.

« La liberté n'est pas dans une indépendance rêvée à l'égard des lois de la nature, mais dans la connaissance de ces lois et dans la possibilité donnée par là même de les mettre en oeuvre méthodiquement pour des fins déterminées.

Cela est vrai aussi bien des lois de la nature extérieure que de celles qui. »

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