Pourquoi est-il si difficile de connaître la vérité ?
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«
Pourquoi est-il si difficile de connaître la vérité?
INTRODUCTION
La vérité qualifie un jugement : un discours, une proposition, un énoncé, une opinion, etc., sont susceptibles d'être vrais ou faux.
Ce ne sont pas les choses qui sont vraies ou fausses – les choses sont ce qu'elles sont – mais c'est ce qu'on en dit qui est vrai ou
faux.
La réalité est une chose, la vérité en est une autre.
On distingue deux types de jugements : les jugements de réalité et les jugements de valeurs.
Les premiers se prononcent sur ce
qui ou ce qui n'est pas, les seconds sur ce qui doit être ou ne doit pas être (le bien/le mal, le juste/l'injuste, le normal/l'anormal, le
beau/le laid, etc.).
Un jugement sur la réalité est vrai s'il est conforme à la réalité.
Les faits (objets d'expérience) sont censés
départager les jugements de réalité.
Un jugement de valeur (moral, esthétique...) est-il en revanche susceptible d'être vrai ou faux ? Comment fonder des jugements
qui, concernant les valeurs, paraissent subjectifs ?
Ou peut-être, faut-il réserver le terme de « vérité » au champ de la connaissance scientifique ? Le problème se pose toutefois
aussi à propos des vérités relatives aux faits observables de la réalité.
N'a-t-on pas vu la vérité évoluer à propos d'un fait
aujourd'hui établi, à savoir que la Terre tourne autour du soleil ? Même lorsqu'on peut observer un fait, ne reste-t-il pas
l'interpréter pour le connaître ? En outre, qu'est-ce qu' « observer » un fait ? Peut-on se fier aux sens ?
Interroger la difficulté consistant à connaître la vérité, c'est donc aussi se demander en quoi consiste la « connaissance » qui est
susceptible d'être vrai.
Première partie : les obstacles à la vérité.
On a défini dans l'introduction la vérité en disant qu'elle est un discours conforme à la réalité.
Est vrai ce qui correspond aux faits.
Mais cette définition, claire à première vue, soulève de nombreux problèmes, que l'on peut tenter d'identifier en première partie.
Voici un problème difficile pour commencer ; si vous ne vous sentez pas à l'aise avec ce thème, ne considérez que les 4
premières lignes.
Tout d'abord, la définition donnée a une dimension circulaire, comme le démontre ce texte de Kant :
KANT, Logique, Introduction.
« Une perfection majeure de la connaissance et même la condition essentielle et inséparable de toute sa perfection, c'est
la vérité.
La vérité, dit-on, consiste dans l'accord de la connaissance avec l'objet.
Selon cette simple définition de mot, ma
connaissance doit s'accorder avec l'objet pour avoir valeur de vérité.
Or le seul moyen que j'ai de comparer l'objet avec ma
connaissance, c'est que je le connaisse.
Ainsi ma connaissance doit se confirmer elle-même ; mais c'est bien loin de suffire à la
vérité.
Car puisque l'objet est hors de moi et que la connaissance est en moi, tout ce que je puis apprécier c'est si ma
connaissance de l'objet s'accorde avec ma connaissance de l'objet.
»
Le paradoxe soulevé par Kant repose sur ce point précis : « l'objet est hors de moi et la connaissance est en moi ».
La difficulté
est celle-ci : ce que je sais de l'objet hors de moi ne peut être qu'en moi.
Ce que je sais de l'objet extérieur doit correspondre à
ce que je sais de l'objet extérieur.
Si ce texte vous semble trop difficile, vous pouvez évidemment vous passer de l'analyse du problème de la connaissance
circulaire.
Mais il y a un aspect de ce texte dont il semble difficile de se passer : à partir de ce texte de Kant, (les 4 premières
lignes), on peut établir que la première difficulté concernant la vérité, c'est qu'elle met en jeu deux choses : la connaissance qui est
en moi, et la réalité qui est hors de moi.
Comment faire en sorte que les deux coïncident ? On peut prendre l'exemple simple du
mouvement de la Terre autour du soleil : la connaissance a pu consister à croire que c'était le soleil qui tournait – d'autant plus que
cela semble être vérifié par l'expérience.
Ce qui est circulaire, c'est que j'interprète ce que je vois en fonction de la connaissance
que je crois en avoir.
La première difficulté consiste donc à établir un processus de vérification de la connaissance, afin d'établir sa vérité..
»
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