Pourquoi dit-on de l’homme qu’il est un être de questions ?
Extrait du document
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Introduction
S'interrogeant dans la Logique sur le domaine de la philosophie, Kant le ramenait à ces questions : Que puis-je
connaître ? que dois-je faire ? Que m'est-il donné d'espérer… ces trois questions qui posent les problèmes de la
connaissance, de l'action, et de la foi humaines ont-elles des réponses, où restent elles aussi énigmatique que leur
objet ? Pourquoi dit-on de l'homme qu'il est un être de questions ? Quels sont les fondements de cette opinion ?
Sommes-nous irréductiblement condamnés à nous poser plus de questions que nous n'en pouvons résoudre ?
L'homme est-il condamné à être une énigme vis à vis de lui-même ? Mais la dignité de l'homme n'est-elle pas de
construire du sens, d'espérer et d'aimer, même s'il sait que ces réponses sont irréductiblement frappées du sceau de
l'incertain et du relatif ?
Développement (plan détaillé)
1.
L'homme, être sans nature
Introduction : Dire de l'homme qu'il est un être de questions cela signifie peut-être qu'il est l'être sans réponses ; en
quoi peut-on dire qu'il est privé de cette nature qui assigne chaque espèce animale une place déterminée dans
l'univers ?
1.1 – Errance et erreur humaine : Que puis-je connaître ? (Canguilhem)
1.2 – La culture, règne de l'arbitraire et du relatif Pascal : Belle vérité qu'une montagne borne : vérité en deçà des
Pyrénées, erreur au-delà.
"Sur quoi [le souverain] la fondera-t-il, l'économie du monde qu'il veut
gouverner ? Sera-ce sur le caprice de chaque particulier ? Quelle confusion !
Sera-ce sur la justice ? Il l'ignore.
Certainement, s'il la connaissait, il n'aurait pas établi cette maxime, la plus
générale de toutes celles qui sont parmi les hommes, que chacun suive les
moeurs de son pays ; l'éclat de la véritable équité qui aurait assujetti tous les
peuples, et les législateurs n'auraient pas pris pour modèle, au lieu de cette
justice constante, les fantaisies et les caprices des Perses et Allemands.
On la
verrait plantée par tous les États du monde et dans tous les temps, au lieu
qu'on ne voit rien de juste ou d'injuste qui ne change de qualité en changeant
de climat [...].
Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur
au-delà.
De cette confusion arrive que l'un dit que l'essence de la justice est l'autorité
du législateur, l'autre la commodité du souverain, l'autre la coutume présente ;
et c'est le plus sûr : rien, suivant la seule raison, n'est juste de soi ; tout
branle avec le temps.
La coutume fait toute l'équité, par cette seule raison
qu'elle est reçue ; c'est le fondement mystique de son autorité.
Qui la ramène
à son principe, l'anéantit."
Blaise Pascal, Pensées (1670).
Ce que défend ce texte:
Ce texte de Pascal s'ouvre sur une question qui s'adresse à tout gouvernant d'un État : sur quel principe celui-ci
doit-il fonder l'organisation (« l'économie ») de la société qu'il veut gouverner ?
S'agit-il de fonder le droit sur « le caprice de chaque particulier» ? Pascal rejette cette solution qui ne peut aboutir
qu'à une confusion, celle qui résulte des désirs changeants et contradictoires de chacun, où nul gouvernement ne
peut trouver sa cohérence.
S'agit-il de le fonder sur l'idée de la justice et de régler les lois sur ses exigences ? Or, pour Pascal, les princes
ignorent ce qu'est la justice universelle, et c'est cette thèse qu'il va tenter de démontrer dans ce texte.
S'ils connaissaient une telle justice, en effet, ils n'auraient pas établi cette règle, « la plus générale de toutes celles
qui sont parmi les hommes », qui consiste à affirmer que « chacun suive les moeurs de son pays » et la conception
de la justice que les traditions développent chacune en particulier.
Descartes lui-même, dans le Discours de la
méthode, reprendra à son compte une telle règle, lorsqu'il adoptera une « morale provisoire » pour accompagner
l'épreuve du doute : suivre les moeurs de son pays et les valeurs qu'elles établissent.
Une telle règle, si communément admise, prouve que nul n'a pu déterminer la justice universelle, celle qui se serait
imposée à tous les peuples avec l'évidence de la vérité.
Si une telle vérité existait, elle aurait soumis tous les
peuples, non par la contrainte qu'imposent les guerres, mais par la seule force de la reconnaissance « de la véritable
équité ».
Celle-ci se serait imposée d'elle-même, enracinée (« plantée ») dans le coeur des hommes et dans leurs
États, en tout lieu et en tout temps..
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