Pourquoi distingue-t-on la production de la création ?
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Demande d'échange de corrigé de Hulst Aurélia ([email protected]).
Sujet déposé :
Pourquoi distingue-t-on la production de la création ?
Introduction
Produire et créer désignent tous deux l'acte par lequel un être promeut à l'existence une réalité en dehors d'eux, et
qui n'existait pas auparavant, ces deux termes semblent donc tous deux relever d'un faire singulier par lequel un
être devient la cause efficiente d'un autre.
En ce sens, il nous apparaît à premier abord que ces deux termes
puissent être saisis comme synonymes, désignant un même acte.
Cependant, l'acte de « créer » semble investi
d'une valeur positive et supérieure à celle que de l'acte de produire.
En effet, produire, désigne avant tout l'acte par
lequel un être cause un effet, invariablement.
Dans le champ plus étroit dans l'agir humain, il désigne de manière
générale l'action de transformation de la nature, soit une activité de mise en forme de la matière guidée par une fin
essentiellement utilitaire.
Produire induit donc un rapport de moyens à fins, et s'appliquerait de cette manière
surtout aux objets techniques, industriels voués à la reproduction.
Au contraire, par créer, en entend l'acte par
lequel un être promeut à l'existence une réalité telle qu'on ne peut la référencer à aucun modèle préexistant.
Créer
ce serait donc amener à partir du néant une réalité entièrement nouvelle et non vouée à la reproduction, ce qui
induit une valeur supérieure accordée à l'acte et à l'objet crée par rapport à l'objet produit.
Créer, c'est donc moins
donner naissance à un objet, qu'à une oeuvre, unique, immortelle portant la trace du divin ou du génie.
On peut
alors saisir l'acte de « créer » de deux manières, soit de façon absolue, en tant qu'il désigne alors une création ex
nihilo, à partir de rien, et s'oppose ainsi au produire, qui n'est que transformation du déjà donné, soit de façon
relative, en tant qu'il est l'acte par lequel on donne le jour à une réalité nouvelle et unique et non soumise au
rapport de moyens et fins.
De cette manière, produire semble pouvoir désigner un acte causant naturel ou humain,
et créer davantage un acte divin ou humain.
Il s'agit de cette manière de saisir lequel de ces deux actes représente le mieux l'acte humain par excellence.
L'homme, en effet est-il et doit-il être avant tout un être qui crée ou un être qui produit ? La question implicite ici
est alors celle de la valeur accordée à ces deux actes, et du fondement de la distinction, axiologiquement connotée,
de produire et créer.
De cette manière, il semble qu'entre créer et produire il y ait une distinction ontologique.
En effet, créer désigne
l'acte créateur divin, inaccessible aux créatures.
De ce fait, l'homme est réduit, en quelque sorte à la production,
qui n'est qu'une transformation d'un déjà donné, quand Dieu crée ex nihilo.
Produire est donc l'acte d'une créature
qui imite l'acte divin.
Néanmoins, la création en tant qu'acte de Dieu, ne peut nous être accessible, il faut donc
redonner à « créer » une valeur immanente et relative, pour distinguer non plus l'acte humain de l'acte divin, mais
les actes humains entre eux.
Créer se présente alors comme un acte de production, certes, mais supérieur, ayant
plus de valeur que le pur produire.
La distinction entre créer et produire est donc surtout une distinction axiologique
qui aboutit à la dévalorisation du produire et à la survalorisation d'un acte humain « créateur ».
Il nous faut donc
revenir sur les présupposés non négligeables qui conduisent à cette distinction axiologiquement connotée, pour
redonner aux actes de « produire » et de « créer » leurs véritables visages.
1/ Une distinction ontologique et un lien analogique
La distinction originaire de créer et de produire est une distinction ontologique, par laquelle on peut distinguer l'acte
humain de l'acte divin.
Créer désigne en effet un acte singulier, un acte d'une volonté efficiente qui promeut une
réalité ex nihilo.
Ce mode d'acte est tout à fait inaccessible et incompréhensible par une créature, qui ne peut que
produire et par là même imite son créateur.
Produire est alors à l'homme ce que crée est à Dieu.
a) Seul Dieu peut créer
Le terme de créer, pris au sens absolu ne semble pas pouvoir désigner un agir humain.
En effet, créer au sens
absolu désigne un acte par lequel on produit, certes, mais ex nihilo, c'est-à-dire à partir de rien à partir du néant.
Or
il semble bien que l'homme, en tant qu'homo faber, quelque réalité nouvelle qu'il promeut, produit toujours à partir
d'un élément : la matière.
Ce qui fait donc la spécificité de l'acte de créer, c'est donc la manière dont un être
pourrait faire advenir une réalité nouvelle à partir de rien, par un pur acte de volonté.
L'agir productif de l'homme est
ainsi soumis à l'existence de la matière, et ce, de deux manières.
D'une part en effet, l'homme ne peut créer sans
cette réalité préexistante, mais il est encore soumis à la matière et à ses propriétés.
Il ne peut produire n'importe
quel objet dans n'importe quelle matière.
L'homme ne peut que transformer ce déjà donner, c'est-à-dire faire advenir
une forme, en puissance dans une matière donnée.
Seul un être transcendant, tel Dieu semble pouvoir être l'auteur
d'un tel acte, où rien n'est présupposé, délivrer des contraintes de la matière, car Dieu se conçoit comme cet «
agent qui opère sans aucune puissance préalable » homme le suggère Saint-Thomas-d'Aquin dans la Somme
théologique, Ia question 45.
En effet, ce qui fait la puissance de Dieu, c'est son acte créateur, conçu comme un
acte qui crée à partir de rien, sans matière préalable.
Contrairement à l'homme, il crée, quand ce dernier ne peut.
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