Pourquoi désire-t-on être amoureux ?
Extrait du document
«
Approche problématique
Le terme « amour » (du latin « amor » ) est employé dans des domaines tant multiples que différents: l'amour
de la patrie, l'amour maternel, filial, l'amour passionnel, l'amour de Dieu, l'amour des jeux, du danger...
C'est donc
toujours le même mot mais il ne qualifie pas la même chose, il est sans cesse différents.
Il qualifie dans tous les cas
les sentiments qu'un individu conscient éprouve pour un objet, pour une idéalisation parfois de cet objet.
L'amour de
soi parait différent, on pense s'aimer pour ce qu'on est réellement cependant ne doit on pas émettre une distance
entre la conscience ce qui aime et la conscience qui est aimée? Du terme amour, on a tiré un adjectif « amoureux »
, l'amoureux est celui qui aime ou plutôt celui qui se met à aimer.
On ne naît pas amoureux mais on tombe
amoureux.
Le verbe « tomber » marque-t-il donc une chute, une certaine déchéance? Pour Francesco Alberoni dans
le choc amoureux, l'amour est une naissance : « Qu'est-ce que tomber amoureux ? C'est l'état naissant d'un
mouvement collectif à deux ».
Tomber amoureux c'est éprouver au sens général un attachement exclusivement à
une autre personne que soi même, c'est chuter de son statut d'amour de soi à celui d'amour de l'autre.
Être
amoureux marque donc une rupture narcissique, j'aime un autre aussi exclusivement que moi même, voire même
plus.
Ainsi, de façon rationnelle il semble absurde voire même dangereux de vouloir être amoureux car on n'est plus
réellement soi même, on n'appartient plus à nos seuls désirs mais aussi à celui d'autrui.
Nous avons déjà tellement
de dépendance dans notre vie quotidienne qui nous empêchent de nous sentir parfaitement libre alors pourquoi
choisirions nous d'en avoir une autre?
PLAN
I L'amour comme attirance du Sublime
A- On ne tombe pas amoureux de soi même, on ne tombe pas amoureux de son travail, on ne tombe amoureux
que d'un individu qui n'était pas destiné à être aimé pas nous même.
Chez Platon , l'amour est le désir de l'absolu,
cet agapè qui est présent naturellement en tout tend vers un Idéal commun tandis que l'éros qui est l'amour
individuel est motivé par le désir de chair, le désir d'autrui qui nous tombe dessus sans qu'il puisse être volontaire,
il est arbitraire et dépend de beaucoup de facteurs extérieurs.
"L'homme n'aime pas demeurer avec soi, cependant il aime: il faut donc qu'il cherche ailleurs de quoi aimer.
Il ne le
peut trouver que dans la beauté, mais comme il est la plus belle créature que Dieu ait jamais formée, il faut qu'il
trouve en soi-même le modèle de cette beauté qu'il cherche au dehors.
Chacun peut en remarquer en soi-même les
premiers rayons, et selon que l'on s'aperçoit que ce qui est au dehors y convient ou s'en éloigne, on se forme des
idées de beau ou de laid sur toutes choses.
Cependant, quoique l'homme cherche de quoi remplir le grand vide qu'il a
fait en sortant de soi-même, néanmoins il ne peut pas se satisfaire par toutes sortes d'objets.
Il a le coeur trop
vaste , il faut au moins que ce soit quelque chose qui lui ressemble, et qui en approche le plus près.
C'est pourquoi
la beauté qui peut contenter l'homme consiste non seulement dans la convenance, mais aussi dans la ressemblance:
elle la restreint et elle l'enferme dans la différence de sexe."
Pascal
B- L'amour est une pression c'est être soumis à une force, subir une pression, une passion; être dirigé vers un
"objet", considéré comme unique et qui prend de plus en plus de place dans notre vie au point d'être à l'origine
d'un mouvement, d'une dépendance.
Étant fils de Poros et de Pénia, l'Amour en a reçu certains caractères en partage.
D'abord il est toujours pauvre, et
loin d'être délicat et beau comme on se l'imagine généralement, il est dur, sec, sans souliers, sans domicile; sans
avoir jamais d'autre lit que la terre, sans couverture, il dort en plein air, près des portes et dans les rues ; il tient de
sa mère, et l'indigence est son éternelle compagne.
D'un autre côté, suivant le naturel de son père, il est toujours à
la piste de ce qui est beau et bon; il est brave, résolu, ardent, excellent chasseur, de ruses toujours nouvelles,
amateur de science, plein de ressources, passant sa vie à philosopher, habile sorcier, magicien et sophiste.
Il n'est
par nature ni immortel ni mortel ; mais dans la même journée, tantôt il est florissant et plein de vie, tant qu'il est
dans l'abondance, tantôt il meurt, puis renaît, grâce au naturel qu'il tient de son père.
Ce qu'il acquiert lui échappe
sans cesse, de sorte qu'il n'est jamais ni dans l'indigence, ni dans l'opulence et qu'il tient de même le milieu entre la
science et l'ignorance, et voici pourquoi.
Aucun des dieux ne philosophe et ne désire devenir savants ; car il l'est, et en général, si l'on est savant, on ne
philosophe pas ; les ignorants non plus ne philosophent pas et ne désirent pas devenir savants ; car l'ignorance a
précisément ceci de fâcheux que n'ayant ni beauté ni bonté ni science, on s'en croit suffisamment pourvu.
Or,
quand on ne croit pas manquer d'une chose, on ne la désire pas.
Platon, Banquet
II L'amour comme désir d'élévation
A- Chez Descartes, l'amour est originaire des passions, il vient du corps, il est une pulsion, une attraction.
L'amour
est il animal? Désirons nous être amoureux car nous en en ressentons le besoin? Le désir d'amour est il vital?Peut
on imaginer une vie sans amour partagé? Pouvons nous envisageons, que l'amour est une nécessité originelle qui
viendrait des temps anciens où deux personnes n'en formaient qu'une ? (cf.
Le banquet de Platon).
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