Pourquoi avoir peur des mots ?
Extrait du document
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Analyse du sujet
·
Eléments de définition
Peur = Trouble ou émotion que provoque la vue ou l'attente d'un danger.
Mot = Son d'une ou de plusieurs syllabes qui a un sens, qui exprime une idée et qui est
susceptible d'être transcrit graphiquement.
Langage = Du latin lingua, à la fois organe de la parole, langue et langue parlée,
langage.
1.
En philosophie : Faculté, parfois qualifiée de symbolique, de constituer et
d'utiliser une langue quelle qu'elle soit.
Platon, Cratyle, Le Sophiste.
Aristote, De l'Interprétation.
Descartes, Lettre au marquis de Newcastle.
Hegel, Précis de l'Encyclopédie des sciences philosophiques.
Bergson, La Pensée et le mouvant, Essai sur les données immédiates de
la conscience.
2.
En linguistique, il s'agit de l'étude des fonctions principales que remplit la langue,
étant admis que ces fonctions sont universelles et communes aux diverses langues
humaines.
(Saussure)
·
Angles d'analyse
Dans Les lois, Platon rappelle que, dans l'exercice de sa fonction, le législateur doit
parfois utiliser des mythes, des récits imagés, pour persuader du bien-fondé d'une loi les
citoyens qui ne se consacrent pas à l'étude du contenu de ces lois.
Les mots auraient
donc le pouvoir de produire, à défaut de la connaissance, l'adhésion du public, de
persuader et de convaincre : s'ils ont un tel pouvoir, les mots ne sont-ils pour le
politique qu'un instrument de domination ? C'est dans cette perspective d'analyse que
l'on peut replacer la question de la peur des mots.
Car qui dit peur des mots, leur confère a fortiori un certain pouvoir.
C'est donc le
pouvoir du langage, et même sa force, qui sont ici mis à la question.
On s'interrogera donc sur les différents pouvoirs des mots, en essayant d'unir
problématiquement leurs effets négatifs et aussi positifs.
Il s'agit donc ici de justifier, et
plus encore de légitimer cette peur – afin de savoir si on peut l'élever au rang
d'impératif catégorique.
C'est donc plus profondément la nature même du langage qui est ici mise à la question,
au travers des mots.
C'est bien sa force, son pouvoir, ses effets – et son s – qui
doivent être interroger.
Problématique
Est-il non seulement légitime d'avoir peur des mots, mais encore possèdent-ils un pouvoir suffisamment
inquiétant et dangereux pour que l'on puisse élever une telle peur au rang d'impératif quasi morale – au rang
d'obligation morale ? De quelle nature est donc ce pouvoir – ou ces pouvoirs – des mots ? En quoi et dans quelle
mesure constitue un danger pour l'homme et le monde ? Les mots sont-ils dangereux en eux-mêmes ou ne doit-on
pas plutôt craindre de l'usage de que l'on en fait ?
Bref, c'est bien la nature des mots – et avec elle celle du langage – qu'il s'agit ici d'interroger et de mettre au jour
au travers ses différents pouvoirs.
Plan
I-
Avoir peur des mots : force rhétorique et politique
·
·
·
Les mots au service du pouvoir : La naissance de la démocratie athénienne fut
aussi l'invention de l'agora la place publique sur laquelle les citoyens (à l'exception
des esclaves) venaient prendre la parole : symbole du pouvoir donné aux
assemblées de citoyens élus, la place publique est le lieu des affrontements verbaux
entre les plus habiles de ces orateurs.
Il faut donc savoir parler pour être élu, et
savoir emporter l'assentiment des auditeurs.
Et puisque tous les citoyens ne sont pas juristes, celui qui souhaite participer à
l'élaboration, à la décision des lois doit prouver par sa maîtrise du discours qu'il peut
gagner à sa cause les autres citoyens : la force de son discours est un gage de sa
capacité à diriger les affaires publiques, et puisque s'il sait persuader, il sera obéi.
La
maîtrise des mots et de leurs effets serait ainsi le signe d'une maîtrise des choses.
Persuasion et domination : Une société ne peut en effet confier le pouvoir.
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