Pourquoi applique-t-on le terme de "création" à l'activité artistique ?
Extrait du document
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Sens des termes
- Pourquoi : pour quelle raison, dans quelle intention.
- Applique-t-on : ici, appliquer signifie attribuer, employer, utiliser.
- Création : prendre, ici, ce terme au sens fort : action de donner l'existence, de tirer du néant, d'organiser ce qui
n'existait pas encore ; création : terme proche d'invention.
- Activité artistique : faculté de produire un effet dans le domaine de l'art, c'est-à-dire de la production de la
beauté par les oeuvres d'un être conscient.
Sens du sujet
Pour quelle raison utilise-t-on, en ce qui concerne la production de la beauté par les oeuvres d'un être conscient, un
terme proche de la notion d'invention ?
Problème
Dans la mesure où l'on considère fréquemment l'activité artistique comme une reproduction (passive) des
apparences, le terme de création est-il juste et judicieux?
Le problème est donc de légitimer l'union de mots proposée à notre étude, union qui n'est nullement évidente.
Choix du plan
1.
L'activité artistique semble, à première vue, reproduire passivement les apparences et ne pas mériter
pleinement le terme de « création », d'invention ex nihilo, à partir de rien.
La contemplation de la nature et du beau naturel immédiat provoquent une émotion sensible.
Devant un paysage, mais aussi une fleur ou un visage, face à de multiples aspects de la nature, l'homme ressent
une émotion d'ordre sensible.
La combinaison heureuse d'éléments divers au sein des choses, le bon accord des
formes ou des couleurs déterminent en nous plaisir ou même joie.
C'est de cette émotion engendrée par la beauté
vivante qu'est partie la conception qui voit dans l'oeuvre d'art une copie du réel.
La beauté naturelle fut antérieure
au beau artistique.
Dès lors, ne convient-il pas de la copier fidèlement ?
L'imitation de la nature a pour fin d'exprimer cette beauté naturelle.
S'il existe une beauté naturelle suscitant en nous de la joie ou de l'émotion, si le coucher de soleil en sa splendeur
précéda tout art proprement dit, la beauté artistique est.
dès lors, destinée à exprimer ces apparences si
séduisantes qui charment l'homme.
Ainsi l'oeuvre d'art semble-t-elle, fondamentalement, une copie de ce qui existe,
une reproduction des choses données dans le monde extérieur.
Son caractère essentiel serait alors la perfection
même de cette copie.
Un des pères de cette esthétique imitative, qui vit dans l'art et l'oeuvre d'art une reproduction du milieu physique où
vit l'homme, c'est essentiellement Platon : il conçut la production de la beauté par les oeuvres de l'homme comme
une copie du sensible et des réalités naturelles.
Ce qui est premier, c'est l'Idée, l'Essence, c'est-à-dire la réalité
intelligible ultime donnant sens aux choses.
Ainsi l'Essence du lit, c'est le lit idéal, l'Idée de lit.
Le lit sensible imite
l'Idée de lit.
Quant à l'oeuvre d'art, elle n'est qu'une copie au second degré, une copie de copie ! Art et oeuvre d'art
ne représentent, dès lors, qu'une illusion.
Le plaisir esthétique, plaisir d'ordre sensible.
Dans cette perspective imitative, la jouissance esthétique serait, fondamentalement, d'ordre sensible : elle aurait sa
source et son origine dans le plaisir immédiat de nos sens agréablement touchés.
Plaisir et jouissance concrète
caractériseraient la participation esthétique, qui serait, en somme, une séduction sensible par les belles apparences
qui nous enchantent.
Telle la vision hédoniste (du grec hèdonè, plaisir) de l'art et de l'oeuvre d'art.
L'émotion de l'inspiration, source de cet art hédoniste.
Dans cette conception populaire, l'art, fruit de la sensibilité, est aussi le produit d'une émotion et d'une inspiration.
C'est grâce à un don, nous dit-on, que le peintre ou le poète distingueraient le beau dans la nature et pourraient le
copier.
L'artiste détiendrait un mystérieux privilège, ce ne serait point de sang-froid qu'il travaillerait, mais par
suggestion et inspiration
Mais le choix des sujets de l'oeuvre d'art, la disposition et l'emploi des matériaux, tout cela relève-t-il seulement de
l'imitation ?
Telle nature morte de Cézanne, imitation par principe de la nature, ne nous conduit-elle pas, par la lumière sur les
objets, par l'équilibre des formes, à un au-delà de cette nature ? Et quelle réalité naturelle pourrait bien copier un
art comme l'architecture, qu'elle soit publique, privée ou religieuse?
En réalité, la conception précédente est irrecevable, parce qu'elle oublie et occulte le rôle et la fonction de l'esprit
créateur et inventeur de Formes.
L'oeuvre d'art, loin d'être une copie inerte du monde extérieur, est une.
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