Pourquoi a-t-on besoin de donner du sens ?
Extrait du document
«
PREMIERE CORRECTION
La question posée est un problème qui pourrait paraître surprenant.
En effet, il est beaucoup plus courant de se
questionner sur la fiabilité de nos sens, ou encore sur son origine.
Ici, il s'agit tout d'abord de déterminer clairement
le terme.
Le « sens » possède une interprétation multiple , il peut s'apparenter à la sensation, la fonction sensorielle
propre à l'être sensible, il se rapporte aussi à la signification et l'interprétation d'un signe, chose que Merleau Ponty
a étudié à travers le langage , ou plus largement dans une théorie générale à travers l'herméneutique, qui désigne
une théorie de l'interprétation destinée à dévoiler la signification des intentions humaines chez Ricoeur.
Cependant il
ne faut pas oublier un point important: si nous parlons de sens, nous parlons intrinsèquement d'une personne qui
attribue ce sens à quelque chose, c'est à dire que sens et conscience sont liés.
Le problème qui nous est posé
s'interroge sur le besoin du sens, ainsi on admet d'ores et déjà un présupposé qui est notre nécessité d'utiliser le
sens.
Si on l'apparente le sens à la sensation, la question s'éclaire immédiatement à travers la nature sensible de
l'être humain, nos sens nous permettent de sentir, goûter, toucher, c'est une qualité corporelle propre à notre
origine animale et nous ne la choisissons pas, elle nous est nécessaire pour vivre, biologiquement parlant.
Cependant
si on s'attache au terme sens en tant que compréhension, on s'attache à une qualité proprement humaine, le sens
est nécessaire, pour Lucrèce par exemple, pour toute connaissance, c'est un critère de vérité.
Le sens peut
également avoir une utilité dans l'explication de notre monde, c'est le moyen que ma conscience utilise afin de saisir
notre environnement, chez Sartre compréhension et explication s'opposent.
Il s'agira donc de mettre en évidence la possible nécessité pour l'homme d'utiliser le sens par besoin vital, par
besoin de connaissance, c'est le sens qui me permet d'accéder à la vérité, mais également afin que notre
conscience puisse déterminer une signification à ce qu'elle ne comprend pas, c'est à dire aux objets qui lui sont
extérieurs.
Enfin on pourra lui attribuer une valeur métaphysique, le sens comme raison d'être.
L'homme est le seul
être vivant à s'interroger sur le possible but de son existence , le sens lui apparaît comme la justification de son
existence.
Lectures utiles
Lucrèce, De la nature des choses, livre IV.
Merleau Ponty Maurice, Signes.
Ricoeur Paul, Philosophie de la volonté.
Finitude et culpabilité, « II La symbolique du mal » (conclusion)
Sartre Jean Paul, Critique de la raison dialectique, 3ème partie.
Textes utiles
Merleau-Ponty
Le problème de la perception consiste en ce qu'elle est une connaissance originaire.
Il y a une perception empirique
ou seconde, celle que nous exerçons à chaque instant, qui nous masque ce phénomène fondamental, parce qu'elle
est toute pleine d'acquisitions anciennes et se joue pour ainsi dire à la surface de l'être.
Quand je regarde
rapidement les objets qui m'entourent pour me repérer et m'orienter parmi eux, c'est à peine si j'accède à l'aspect
instantané du monde, j'identifie ici la porte, ailleurs la fenêtre, ailleurs ma table, qui ne sont que les supports, les
guides d'une intention pratique orientée ailleurs et ne me sont alors données que comme des significations.
Mais,
quand je contemple un objet avec le seul souci de le voir exister et déployer devant moi ses richesses, alors il cesse
d'être une allusion à un type général, et je m'aperçois que chaque perception, et non pas seulement celle des
spectacles que je découvre pour la première fois, recommence pour son compte la naissance de l'intelligence et a
quelque chose d'une invention géniale : pour que je reconnaisse l'arbre comme un arbre, il faut que, par-dessous
cette signification acquise, l'arrangement momentané du spectacle sensible recommence, comme au premier jour du
monde végétal, à dessiner l'idée individuelle de cet arbre.
Lucrèce
Quel témoignage a plus de valeur que celui des sens ? Dira-t-on que s'ils nous trompent, c'est la raison qui aura
mission de les contredire, elle qui est sortie d'eux tout entière.
Nous trompent-ils, alors la raison tout entière est
mensonge.
Dira-t-on que les oreilles peuvent corriger les yeux, et être corrigées elles-mêmes par le toucher et le
toucher, sera-t-il sous le contrôle du goût.
Est-ce l'odorat qui confondra les autres sens.
Est-ce la vue ? Rien de
tout cela selon moi, car chaque sens a son pouvoir propre et ses fonctions à part.
Que la mollesse ou la dureté, le
froid ou le chaud intéressent un sens spécial, ainsi que les couleurs et les qualités relatives aux couleurs ; qu'à des
sens spéciaux correspondent aussi les saveurs, les odeurs et les sons : voilà qui est nécessaire.
Par conséquent les
sens n'ont pas le moyen de se contrôler mutuellement.
Ils ne peuvent davantage se corriger eux-mêmes, puisqu'ils
réclameront toujours le même degré de confiance.
J'en conclus que leurs témoignages en tout temps sont vrais.
SECONDE CORRECTION
Analyse du sujet
·
Eléments de définition
Besoin =.
»
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