Pour quelles raisons paraît-il sage de s'en tenir aux désirs naturels et nécessaires ?
Extrait du document
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VOCABULAIRE
NÉCESSAIRE:
Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être, ou être autrement.
S'oppose à contingent.
Sur le plan logique, est nécessaire ce qui est universellement vrai, sans remise en cause possible.
Nature:
Désigne au sens large ce qui existe indépendamment de l'action humaine, ce qui n'a pas été transformé.
Naturel s'oppose alors à artificiel, ou culturel.
Aristote définit la nature comme ce qui possède en soi-même le principe de son propre mouvement,
autrement dit comme ce qui possède une spontanéité autonome de développement.
Raison:
Si ses déterminations exactes varient d'un philosophe à l'autre, tous reconnaissent la raison comme le propre
de l'homme, et comme la faculté qui commande le langage, la pensée, la connaissance et la moralité.
Descartes l'assimile au « bon sens », c'est-à-dire à la faculté de juger.
Kant distingue le versant théorique de la raison, qui a trait à la volonté de connaître, et le versant pratique,
par lequel l'homme se soucie de son action et entend en lui l'appel du devoir moral.
Sagesse
Vertu tout à la fois théorique et pratique, dans la mesure où l'homme sage possède un savoir assuré
susceptible de le guider dans la conduite de sa vie.
Idéal d'art de vivre des philosophies antiques, que l'homme doit s'efforcer d'atteindre pour être heureux.
Le bonheur est recherché par tous les hommes.
Pour Épicure, philosophe matérialiste de l'Antiquité qui ne
croit pas à l'existence d'une âme immortelle, il est même l'idéal suprême de la vie humaine.
Or le désir inassouvi
entraîne le déplaisir ou la douleur et s'oppose au bonheur.
Le désir insatisfait produit dans l'âme un trouble,
alors que le bonheur repose sur un état de tranquillité durable, l'ataraxie.
Épicure en tire la conclusion suivante
: pour être heureux, il faut éviter d'avoir des désirs non satisfaits.
Dans ce but, il suffit de réduire ses désirs au
point qu'il sera facile de les satisfaire intégralement.
La méthode suivie par Épicure consiste à séparer dans un
premier temps les désirs naturels et les désirs non naturels.
Ces derniers, tel le souhait de se voir dresser des
statues, ou d'être éternel, doivent être écartés car ils ne reposent sur rien d'autre que sur notre caprice.
Parmi
les désirs naturels, il faut encore distinguer ceux qui, comme la faim ou la soif, sont nécessaires parce que leur
satisfaction met un terme à la douleur, et ceux qui sont naturels sans être nécessaires, comme l'envie de
nourritures chères.
Celui qui pratique la frugalité, qui s'en tient aux désirs relatifs à ses besoins strictement
naturels et nécessaires, qui se satisfait, se « contente », en buvant de l'eau quand il a soif et en mangeant du
pain noir quand il a faim, celui-là échappe aisément au déplaisir du manque et du trouble.
Il est disponible pour
le bonheur.
Cette priorité donnée au besoin jugé vital sur le désir considéré comme superflu trouve de nos jours
une application morale et politique.
En effet, dans une société fondée sur les droits de la personne humaine,
c'est le besoin de ce qui est nécessaire à une vie décente qui pourra donner lieu à un droit, et à une aide.
Le
minimum vital est ainsi calculé en fonction des besoins, et non en fonction des désirs de son bénéficiaire.
Rousseau avance une raison plus fondamentale encore de donner la priorité absolue aux besoins naturels.
Il
estime en effet qu'au-delà de ce qui est strictement nécessaire au corps, tout est luxe, et, par conséquent,
corrupteur : « Tout est source de mal au-delà du nécessaire physique.
La nature ne nous donne que trop de
besoins ; et c'est au moins une très haute imprudence de les multiplier sans nécessité, et de mettre ainsi son
âme dans une plus grande dépendance.
»
Sans doute est-ce pour que les hommes n'aient plus à se préoccuper de leurs besoins que des penseurs
comme Épicure ou Rousseau ont souhaité réduire les désirs aux besoins élémentaires.
Mais il serait erroné d'en
conclure que les besoins naturels et physiques sont les plus authentiquement humains.
Tout au contraire,
puisque l'humanité a commencé quand elle n'a plus seulement cherché à satisfaire les besoins primitifs qui la
rattachaient à la nature animale : les désirs seront d'autant plus humains qu'ils seront moins primitifs et
naturels.
La modération des désirs.
Maintenant que nous avons vu les deux conditions négatives du bonheur, cad les pensées et les craintes qu'il
faut éliminer pour pouvoir jouir de la vie, il nous faut encore définir positivement comment atteindre le bonheur.
Un peu de réflexion nous montre qu'il est absurde de désirer des plaisirs inaccessibles, ou qui ont des
conséquences fâcheuses et se paient de plus grandes souffrances, comme les plaisirs de la gourmandise qui,
pratiqués à l'excès, finissent par nous rendre affreusement malades.
Il convient donc de modérer ses désirs,
d'opérer un tri entre eux.
Mais jusqu'à quel point ? Il faut rejeter tous les désirs qui ne sont pas naturels et
aussi ceux qui ne sont pas nécessaires à notre survie, à notre santé ou à notre bonheur.
Mais qu'est-ce qui.
»
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