Pour quelles raisons les besoins et les désirs sont-ils indissociables ?
Extrait du document
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Les distinctions entre notions qui nous sont suggérées par l'usage courant de la langue sont toujours à manier avec
prudence et modération.
Car même quand elles sont légitimes, elles n'empêchent pas que, dans les faits, se
produisent des recoupements et des échanges entre les objets qu'elles opposent.
Il serait par exemple très discutable de prétendre que seuls les besoins corporels et naturels des hommes sont
objectifs, et que le reste de leurs aspirations appartiendrait à la catégorie des désirs artificiels.
Certains besoins des
hommes sont tenus pour objectifs - les besoins d'hygiène par exemple - alors même qu'ils sont définis et mesurés
par rapport à un cadre de référence qui est leur environnement historique, social et culturel.
De même, nous jugeons
qu'autrui nous est objectivement nécessaire, sans que le besoin de sa sympathie soit une nécessité naturelle ou
physique.
Cela nous prouve qu'un besoin, c'est-à-dire un manque objectivement mesurable par un observateur extérieur, peut
être de nature subjective et psychique : c'est ainsi qu'un enfant a besoin de se sentir aimé et peut donc souffrir de
carences affectives, et que des facteurs psychologiques entrent dans la définition de la santé par l'Organisation
Mondiale de la Santé.
On doit également rappeler que certains désirs plongent leurs racines dans des besoins.
Le désir amoureux envers
une personne n'est évidemment pas réductible à une pulsion sexuelle, dans la mesure où il dépend d'une idéalisation
dont les critères sont culturels et psychiques.
Mais cela ne signifie pas qu'il y ait une rupture entre le désir
amoureux et l'origine biologique de la pulsion sexuelle.
Certaines aspirations humaines ne se laissent pas ranger dans une seule de ces deux catégories : la recherche
scientifique exprime simultanément le besoin qu'éprouve la société de remédier à ses problèmes, et le pur désir de
savoir.
Enfin, on peut supposer que ce sont parfois des désirs, insatiables en eux-mêmes, qui suscitent, ou permettent,
l'apparition de besoins toujours nouveaux, portant sur des objets qui en sont l'incarnation ou le substitut.
L'alcool, la
cigarette, sont d'abord des objets de désir, mais ils peuvent se transformer en des manques objectifs, jusqu'à
devenir des besoins.
Par ailleurs, le besoin de posséder des biens de consommation peut traduire le désir d'être
reconnu par les autres.
Il apparaît donc que nos besoins et nos désirs sont à la fois distincts et en interaction.
La raison en est qu'on ne
peut ni confondre ni séparer le corps et l'esprit, la nature et la culture.
Le besoin caractérise l'état de l'organisme lorsqu'il est privé de ce qui assure son fonctionnement : on distingue le
besoin vital – boire et manger –, qui concerne la conservation de l'individu, et le besoin sexué: qui assure la survie
de l'espèce.
S'ajoutent à ces besoins physiologiques les besoins dits « artificiels », créés par la société.
Dans les deux cas, le
besoin trouve son assouvissement dans un objet qui lui préexiste et le complète.
Il en va autrement du désir : il n'a
pas d'objet qui lui soit par avance assigné.
Quand je désire être heureux, suis-je capable de définir précisément ce
que j'attends ? L'objet du désir est indéterminé.
Besoin & Désir.
J'ai soif, j'éprouve le besoin de boire, mon corps me dicte cette nécessité impérieuse.
En revanche, pour étancher
cette soif, si je commande une bière plutôt qu'un jus d'orange (ou l'inverse !...), ce choix ne m'a pas été dicté par
mon corps, car l'eau aurait pu tout aussi bien faire l'affaire.
Boire lorsqu'on a soif répond à un besoin, mais boire
quelque chose d'agréable qu'on préfère à tout autre chose répond à un désir.
La distinction entre le besoin et le
désir est d'abord celle de la nécessité et de la contingence.
1) Nécessité & contingence.
La satisfaction d'un besoin est une nécessité vitale puisqu'en son absence, la vie ou la survie de l'individu est
menacée.
On meurt de ne pas boire, on ne meurt pas de ne pas boire une bière : le désir a une contingence qui le
rejette du côté du superflu.
Ainsi distinguera-t-on l'envie ou le caprice d'une part, et le besoin de l'autre : la survie
de l'individu constitue un critère objectif.
Contrairement au désir en proie à la démesure, le besoin possède la sobriété d'une nécessité vitale.
Alors que le
désir peut prendre l'aspect frivole d'une quête indéfinie du luxe, le besoin répond à un souci de sérieux de recherche
du strict nécessaire, ce qu'Épicure et d'autres ont bien compris.
De fait la privation (non-satisfaction du besoin) n'a pas le même sens que la frustration (non-satisfaction d'un.
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