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Pour quelles raisons devrait-on respecter la nature ?

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« AIDE DE L'ELEVE: On nous répète en effet sans cesse qu'il faut respecter la nature.

Mais pourquoi? On considère ainsi que respecter la nature consiste à ne pas la détruire.

Vous pouvez vous référer ici à la toute première dimension que nous accordons à la notion de respect.

Ainsi, quand on dit qu'il faut respecter les pelouses, ceci consiste à affirmer qu'il faut garder, à leur égard, une certaine distance, les laisser dans l'état dans lequel nous les avons trouvées.

Nous utilisons communément la notion de respect pour des choses, des objets, et on peut comprend en quoi il semble y avoir une nécessité à respecter la nature.

Toutefois, pour que l'on respecte un objet ou une personne, encore faut-il qu'ils soient dignes de respect.

C'est alors à partir de cette notion de dignité que vous pouvez interroger la question du respect.

En effet, en quel sens peut-on dire que la nature est digne de respect ? Une telle interrogation peut vous conduire à vous demander si ce ne sont pas avant tout les personnes qui sont dignes de respect.

Dans ces conditions, on pourrait penser que la notion de respect appliquée à la nature n'est pas vraiment adéquat.

Il s'agirait alors de montrer en quoi il y a une extension abusive de la notion de respect qui consiste à traiter ici la nature comme une personne.

Vous pourriez alors montrer qu'une telle affirmation repose sur une conception anthropomorphique de la nature.

Sur ce point, vous pouvez vous reporter aux analyses de Spinoza dans le l'appendice du Livre 1 de l'Ethique, texte dans lequel il condamne cette vision qui consiste à prêter à la nature des caractères humains.

Il y a peut-être un danger à étendre la notion de respect en dehors de la sphère de l'humain.

Pensez, par exemple que des pays totalitaires, nourris d'idéologies discriminatoires, ont pu prôner un respect de l'animal, faire une charte du droit des animaux et défendre des positions qui consistaient à glorifier la nature.

Sur de tels principes, on a pu revenir à une idéologie qui consistait à traiter les rapports entre les individus sur le mode de la sélection naturelle.

Pourtant, si on dit alors que la nature n'est pas digne de respect, cela ne revient-il pas à penser que l'on peut agir comme bon nous semble ? Vous pouvez saisir les enjeux qu'il y a à ne pas détruire la nature, peut-être essentiellement parce que nous, en tant qu'être vivants, humains, avons besoin de la nature comme d'un milieu dans lequel nous vivons.

Dans ces conditions, la respect de la nature n'est-il pas à penser à partir du respect de l'homme ? En d'autres termes, ne faudrait-il pas respecter la nature, non pas pour elle-même parce qu'elle n'est pas un être humain, mais parce qu'elle est une condition de notre existence ? La notion de respect s'applique-t-elle vraiment à la nature? Demandez vous s'il ne s'agit pas d'une extension du terme et si cette extension est légitime.

Quelles raisons peut-on alors trouver pour la rendre légitime si elle l'est. 1.

La nature divinisée Il ne faut pas confondre la nature telle que l'étudient aujourd'hui les sciences de la nature (physique, chimie...) et celle dont parlaient les penseurs de l'Antiquité, par exemple les Stoïciens. a) La nature selon les Stoïciens • «Le monde, disent les Stoïciens, comprend la totalité des êtres et rien n'existe en dehors de lui.« Ce monde est «absolument parfait, de sorte qu'on peut aussi bien dire : «Le monde est Dieu, ou : «la substance de Dieu, c'est l'ensemble du monde« (dans Les Stoïciens, textes choisis par J.

Brun, P.U.F., pp.

51 à 55). • Dans cette pensée, la Nature est donc la totalité du réel, mais animée, vivante, intelligente, rationnelle, bonne, puisque parfaite.

Elle ne contient aucun hasard, elle ne peut être autre qu'elle n'est, tout en elle est nécessaire. Tout ce qui se produit est voulu par le Destin, l'ordre divin qui gouverne l'univers et que rien ne peut change r.

Voilà ce que les hommes ne parviennent pas toujours à comprendre, puisqu'ils cherchent, en vain, à changer l'ordre des choses au lieu de s'inscrire comme il convient dans la Nature. b) Le respect de la nature • Comme le dit Épictète, certaines choses dépendent de nous, d'autres n'en dépendent pas.

La Nature, ou Dieu, ou le Destin (ces mots sont ici synonymes) déterminent la nature de l'homme et chaque homme, donc les rôles qu'ils joueront fatalement au cours de leur existence.

Rien de cela ne dépend de nous.

En revanche, dépendent de nous «nos opinions, nos mouvements, nos désirs, nos inclinaisons, nos aversions« (Manuel, I, ibid., p.

114). • Cela signifie que la Nature a donné à l'homme la capacité de comprendre et d'accepter en pleine conscience l'ordre divin de la Nature, comme le sage, DU de le refuser et d'en souffrir sans pouvoir réellement le changer, comme l'insensé.

` • D'où Épictète : «Dieu [ou la Nature] est l'auteur de chaque animal, fait l'un pour être mangé, l'autre pour servir au labourage [...].

Mais il a mis l'homme dans le monde pour l'y contempler ainsi que ses oeuvres, et non seulement pour les contempler mais encore pour les expliquer.

Aussi est-il honteux pour l'homme de commencer de s'arrêter où commence et où s'arrête la brute, ou plutôt il doit commencer au même point, mais ne s'arrêter qu'où s'arrête notre nature elle-même : or elle s'arrête à la contemplation, à l'intelligence, à l'accord de notre conduite avec la nature générale« (Entretiens, I, V, 18-21, dans J.

Moreau, Épictète, Seghers, p.

105). • Par conséquent, on doit dire que pour les Stoïciens, le respect de la Nature est l'attitude sage par excellence.

Il convient de reconnaître qu'elle est la valeur suprême et de s'incliner devant elle, c'est-à-dire de comprendre sa nécessité rationnelle et de se déterminer à suivre l'ordre qu'elle impose fatalement.

il est insensé de chercher à dominer ce qui domine.

Notre raison, qui est une partie de la Raison du monde, notre intelligence, partie de l'Intelligence divine, nous conduisent à prendre conscience que la Nature tout entière est en quelque sorte sacrée. REMARQUE On trouverait des thèmes analogues dans plusieurs philosophies de l'Antiquité.

Ainsi, chez Platon : – La Nature est fondamentalement Cosmos, Tout ordonné, hiérarchisé, à l'intérieur duquel chaque être a une place. »

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