Pour être tolérant, c'est-à-dire pour respecter le jugement d'autrui, faut-il nécessairement être indifférent ou douter de tout ?
Extrait du document
On pourra alors envisager la tolérance comme le respect d?autrui
en tant que devoir moral devant valoir pour lui-même.
1° La tolérance comme
résultat du scepticisme ou de l?indifférence
-
la perspective sceptique, telle
qu?elle est défendue notamment par les sceptiques de
l?antiquité, comme Pyrrhon, est une manière de fonder la tolérance, à partir de
l?idée que nous ne pouvons jamais être certains d?atteindre la vérité. La
sagesse consiste alors dans la suspension du jugement et le refus du dogmatisme.
On comprend comment dans cette perspective la tolérance est possible : si je
n?affirme pas un jugement en le croyant vrai à l?exclusion de tout autre, je
peux accepter le jugement d?autrui au même titre que le mien, c?est-à-dire en
lui conférant une valeur relative, et non dogmatique.
-
Dans la perspective stoïcienne, le
respect du jugement d?autrui provient non pas
d?un scepticisme en matière de vérité, mais de l?idée que la seule chose qui
dépend de moi est l?usage de mes propres représentations et mon exercice à la
sagesse. Si autrui soutient un jugement qui me semble faux ou immoral, je dois
l?accepter car autrui ne dépend pas de moi, c?est à lui de diriger son jugement,
il ne m?appartient ni de le corriger, ni de le critiquer, mais de le tolérer
avec bienveillance. Le fait que je pense avoir raison ne m?en empêche pas, car
c?est pour mon propre compte que je cherche la vérité, les opinions d?autrui ne
sont pas dans ma sphère d?action, je dois les accepter comme je dois accepter
tous les événements extérieurs qui ne dépendent pas de moi.
2° La tolérance fondée sur
le dialogue avec autrui
Cependant, ne semble t-il
pas que l?on puisse résoudre le problème de la tolérance, à savoir qu?il est
difficile à la fois d?être convaincu de la vérité de mon propre jugement et
d?accepter celui d?autrui, autrement que par le doute ou l?indifférence ? Il
semble que l?on puisse inverser le problème, si l?on soutient que je ne peux
accéder à une vérité, et donc à la croyance que mon jugement est vrai, qu?en
l?ayant confronté au jugement d?autrui. Cette idée est au fondement même des
dialogues socratiques tels que Platon les met en scène.
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