Pour être libre faut-il en finir avec le désir ?
Extrait du document
«
Se demander si pour être libre il faut en finir avec le désir suppose que le désir serait un obstacle à la liberté.
Une
telle supposition semble s'opposer radicalement à l'opinion communément partagée qui consiste à penser qu'être libre
c'est faire ce qu'on désire.
En effet, freiner les désirs semble porter atteinte à notre liberté d'action.
Au contraire,
revendiquer la satisfaction de ses désirs semble être synonyme de liberté.
On considère ainsi que les interdits, par
exemple, sont des obstacles à notre liberté.
Pensez simplement aux slogans qui ont pu animer la pensée de la fin
des années soixante : « Jouir sans entraves » qui étaient synonymes de liberté contre une morale contraignante qui
se voulait surveiller les désirs et les limiter.
On serait donc tenté de penser que pour être libre il ne faudrait pas en
finir avec le désir, bien au contraire, il faudrait se donner les moyens de les satisfaire.
Pourtant, la liberté peut-elle
être ainsi définie comme la satisfaction des désirs ? Etre libre est-ce faire ce que l'on désire ? En effet, vous pouvez
remarquer qu'on ne choisit pas ses désirs : on ne choisit pas de désirer telle ou telle chose ou telle ou telle
personne.
Ici, vous pouvez penser aux analyses de Spinoza qui montre que nous avons conscience de nos désirs
mais non des causes qui nous déterminent à désirer.
Quand nous désirons, nous sommes donc soumis à des causes
qui nous dépassent.
Dès lors, on pourrait se demander si, contrairement aux apparences, le désir n'est pas un
obstacle à notre liberté.
Ici, vous pouvez alors saisir le sens de la question posée.
Pour être libre il faudrait en finir
avec le désir puisque le désir fait de nous des êtres dépendants.
En d'autres termes, il faudrait en finir avec le désir
parce que nos désirs ne dépendent pas de nous.
Mieux encore, être libre consisterait à combattre nos désirs.
Ici,
vous pouvez alors montrer que la liberté se définit plus comme une obéissance à la raison qu'une obéissance aux
désirs.
Ici, vous pouvez, par exemple, penser aux analyses de Kant sur la morale.
Il montre ainsi que l'obéissance à
la loi morale qui est le fruit de la raison est liberté alors que l'obéissance à nos désirs, à tout ce qui en nous est
pathologique est esclavage.
Mais alors, si être libre consiste à en finir avec le désir, faut-il penser qu'il ne faut plus
désirer ? Or, peut-on vivre sans désirer ? Il faudrait vous demander si, comme le dit Spinoza, le désir n'est pas
l'essence de l'homme ? En effet, que serait un homme qui ne désire plus ? Dès lors, si être libre suppose d'en finir
avec le désir, faut-il en conclure qu'il n'y a pas de liberté possible ? Il faudrait alors vous demander si le désir
s'oppose nécessairement à la liberté.
Ici, vous pouvez par exemple revenir aux analyses de Spinoza qui montre en
quoi le désir ne s'oppose pas à la liberté puisqu'il est créateur de valeur, il est notre essence propre.
La liberté n'est
pas alors dans le choix, mais dans la connaissance de ce qui nous détermine.
Analyse du sujet
–
Le sujet met en relation deux notions (la liberté et le désir) et pose le problème de leur compatibilité.
–
Le désir : tendance spontanée et consciente vers une fin imaginée ou réelle.
C'est donc un principe d'action
qui se trouve à l'intérieur de l'agent.
On peut alors concevoir ce principe d'action soit comme un manque qui
suscite un malaise que l'action vient combler, soit comme la force qui fait que chaque être persévère dans son
être, soit comme une tendance insatiable de se développer.
–
Liberté : ce qui n'est pas contraint par autre chose.
On doit distinguer le libre vouloir et le libre pouvoir.
Le
libre vouloir correspond à la liberté de choisir ce que je veux.
Le libre pouvoir est la liberté de faire ce que je
veux.
On peut penser une liberté sans penser l'autre.
–
En finir avec : éradiquer, éliminer.
Problématique
Etre libre, c'est se déterminer par soi à agir.
Or, comme il ressort de cette définition sommaire, la liberté
fait référence à une certaine détermination de l'action, qui suppose le désir.
En effet, l'acte libre doit posséder une
certaine force, ou une certaine puissance, qui provient de l'intérieur de l'agent, et renvoie donc à son désir.
La
liberté, de ce point de vue, ne consiste qu'à pouvoir accomplir son désir.
D'un autre côté, le désir est une pulsion
qui provient de ma nature, c'est-à-dire de quelque chose que je n'ai pas choisi.
Dès lors, suis-je libre à l'égard de
mes désir ? Si au moins je ne suis pas libre de faire ce que je veux, il semble que je sois libre de vouloir ce que je
veux.
Dès lors, il est possible de refuser ses premières impulsions, ou ses désirs.
Mais l'incapacité que j'ai, en raison
d'une force trop grande du désir, d'accomplir ce que je veux, ne suppose-t-il pas qu'une liberté pleine et entière
s'oppose à la domination des désirs ? Le problème est donc le suivant : d'un côté pour que l'action ait lieu, il faut un
désir, si non nous sommes dans un état d'indifférence et aucune action n'a lieu.
Mais d'un autre côté, je ne choisis
pas mes désirs, et partant, je ne suis pas absolument libre de vouloir ce que je veux.
Un acte libre suppose-t-il alors
un désir, ou bien est-il en contradiction avec lui ?
I)
–
La liberté ne consiste qu'à agir sans être contraint de l'extérieur : elle suppose donc un désir et
s'oppose à l'indifférence.
A première vue, il pourrait sembler absurde de poser un acte libre sans poser du même coup un désir à
l'origine.
La liberté ne suppose pas une libre volonté, c'est-à-dire une conscience capable de décider sans
détermination.
Car, cette manière de voir la liberté comme acte corporel qui s'ensuivrait d'une libre décision de
l'esprit présuppose une certaine conception du corps et de l'esprit que l'on doit remettre en question.
En effet,.
»
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