Pour être heureux faut-il renoncer à ses désirs ? Dissertation de philosophie 19/20
Publié le 26/03/2024
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06/0220
24
PPS
Académie : Nice
Examen ou concours : Bac Blanc
Spécialité : Philosophie
NOM : ROIG
Prénom : Gabriel
Né le :07/062006
Session : 2023/2024
Sujet 2 : Dissertation
Pour être heureux faut-il renoncer à ses désirs ?
Dans une société moderne axée sur la consommation voire la
surconsommation, on a tendance à désirer toujours plus.
Cependant
lorsqu’on accède à l’objet de notre désir, nous ne sommes pas
satisfaits entièrement, ce qui nous provoque une autre envie.
Les
désirs ne cessent donc jamais car ils ne nous satisfaits jamais.
C’est
dans ce contexte où l’obtention de nos désirs ne nous comble pas
pleinement.
Cela nous maintient dans un manque continu, que
pouvons nous demander si finalement les désirs ne sont pas la
cause, de manière plus globale, de notre malheur, et donc si nous ne
devons pas cesser de désirer pour atteindre le bonheur.
Pour être
heureux, faut-il renoncer à ses désirs ?
Chacun se fixe comme but d’être le plus heureux possible : avoir une
vie heureuse, atteindre une satisfaction suffisante et stable.
On se
demande si renoncer à nos désirs, soit abandonner, se priver de
réaliser quelque chose dont on a envie mais non essentielle pour
vivre, est en fait une condition au bonheur.
Les désirs nuisent-ils à
notre bonheur ? Ou, au contraire, faut-il réaliser certains désirs pour
être heureux ? Est-on contraint de renoncer à nos désirs pour
atteindre le bonheur ou bien peut-on l’atteindre en réalisant ou pas
nos désirs selon des choix personnels et singuliers ? Mais peut-on
tout seulement vivre sans désirer ? Toutes ces questions posent un
problème assez clair : on cherche finalement à savoir si nos désirs
nous empêchent d’être heureux ou si, au contraire, ils mènent au
bonheur.
Pour répondre à cette problématique, nous allons tenter d’examiner
trois thèses.
Nous allons donc voir, en quoi désirer peut-être, dans
une certaine mesure, à l’origine d’un malheur.
Puis nous
examinerons pourquoi certains désirs sont nécessaires à notre
bonheur.
Enfin, nous expliquerons qu’il est humain de désirer, et
qu’on ne peut donc pas renoncer à nos désirs, mais que nous
pouvons essayer de les maîtriser.
On
peut dans un premier temps constater, comme dit Rousseau
dans la Nouvelle Héloïse, que « la possession de notre objet de désir
nous déçoit ».
En effet, si l’homme ressent un manque réel de
satisfaction, l’objet qui pourrait le combler est uniquement basé sur
de l’imaginaire : on s’imagine la satisfaction que nous procurerait la
réalisation de notre désir, ou la possession de l’objet du désir ; or
cette satisfaction ne coïncide pas toujours avec le réel, ce qui
entraîne une déception.
Par exemple, on peut désirer ‘trouver
l’amour’, s’imaginer une entente parfaite avec quelqu’un avec qui on
vivrait en parfaite harmonie, mais finalement des histoires d’amour
sans lendemain qui s’avèrent décevantes pourraient nous
désillusionner.
D’autre part, la déception que peut entraîner la réalisation du désir
est accentuée par le fait que l’homme souhaite à désirer : combler ce
manque qui engendre le désir ne peut pas nous satisfaire
complètement puisque, comme l’écrit également Rousseau dans la
nouvelle Héloïse, « Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! ».
Si
l’homme comble un désir, il cherchera toujours un autre objet
meilleur que le précédent du désir pour pouvoir continuer à désirer.
On peut citer la nomination des modèles de la marque à l’étoile
(Mercedes) qui commence tous de la même façon en fonction de la
catégorie du véhicule (Berline(exception pour les ludospaces/van :
classe V, classe T et le baroudeur roi de la marque stuttgartoise :
classe G) de cette même marque) : classe; les SUV : GL) et elle se
termine le plus souvent par une lettre de l’alphabet classé dans
l’ordre A, B, C, … Alors une fois l’automobile acquise on cherche à
avoir le modèle suivant, plus couteux, cet environnement où dès que
l’on monte dans sa voiture on se dit qu’il y a mieux.
Le marketing de
la marque à la pomme (Apple) à un fonctionnement similaire.
C’est-à
dire qu’on désire toujours quelque chose de plus, quelque chose de
mieux, quelque chose d’autre, pour avoir toujours quelque chose à
désirer.
On peut prendre comme exemple un enfant gâté.
Chaque
objet qui lui est offert lui apporte un plaisir éphémère, mais il s’en
lasse et désire donc un autre objet, dont il va également se lasser, et
cela ne s’arrête jamais.
Il se laisse alors entraîner et n’arrive plus à
contrôler ses désirs et pourra avoir des répercussions sur sa vie
d’adulte.
Cela, en plus de l’empêcher d’être heureux (car son bonheur
est conditionné pas l’obtention de ses désirs infinis), risque de le
rendre esclave de ses désirs et de son corps.
Enfin, le désir est parfois irréalisable, inaccessible (on ‘désire
l’impossible’).
On rêve d’atteindre un désir qui n’est pas à notre
portée, on n’est donc pas capable de le réaliser et cela, en plus de
nous frustrer, rabaisse notre estime de nous-mêmes (puisque nous
ne sommes pas suffisamment fort ou doué, par exemple, pour
atteindre notre objet du désir), comme souligne Kant dans sa
Critique de la raison pratique : « le ciel étoilé au-dessus de moi […]
anéantit pour ainsi dire mon importance » le ciel étoilé peut ici
représenter le rêve, la chimère le désir inaccessible.
Le désir nous conduit donc à une certaine forme de malheur
puisque, l’imaginaire ne coïncidant pas avec le réel, le désir ne nous
satisfait pas ; que le fait de combler le désir ne peut de toute façon
pas nous rendre heureux car nous désirons désirer ; et que nous ne
pouvons parfois pas atteindre notre objet de désir.
Ces trois aspects
font que le fait de désirer entraîne déception, manque de liberté,
frustration, mal-être, et par conséquent peuvent nous rendre
malheureux.
Cependant en admettant que le désir conduise au malheur et donc
qu’on doive y renoncer, par quel autre moyen pourrait-on atteindre
le bonheur ? Pourquoi l’homme agirait-il, pourquoi chercherait-il à
atteindre son bonheur si aucun désir ne l’y pousse ? Car il apparaît
évident qu’une vie sans désirs signifierait une vie sans espoir, mais
aussi sans envie, sans but, sans réalisation aucune, sans rien
susceptible de nous procurer du plaisir.
Or comment peut-on être
heureux si on n’a pas de plaisir ? Et ne faut-il pas au moins désirer le
bonheur pour avoir une chance de l’atteindre ?
Il
semble donc difficile de vivre sans désirer puisque le désir est
apparemment la seule source potentielle de plaisir.
Or comme le dit
Spinoza dans Ethique, « user des choses et y prendre plaisir autant
qu’il se peut (non certes jusqu’au dégout, car ce n’est plus y prendre
plaisir) est d’un homme sage » : on doit profiter des plaisirs, aussi
éphémères soient-ils.
C’est pourquoi, si le désir est contingent en ce
qui concerne la vie (contrairement au besoin), il semble nécessaire au
bonheur.
Ainsi, Sénèque déclare dans La vie heureuse : « Vivre
heureux […], qui ne le désire ! » Il sous-entend que le bonheur passe
par la réalisation de nos désirs puisque le bonheur apparaît comme
l’ultime désir, la fin d’un enchaînement de désirs, un but qu’on
atteindrait à travers la réalisation de nos désirs.
En effet, le désir semble propulser l’homme vers le bonheur mais
aussi vers d’autres objectifs, et stimuler son esprit : c’est ce qui l’invite
à développer une culture au lieu de se contenter de ce que la nature
lui propose, c’est donc ce qui le différencie de l’animal.
C’est pourquoi
on peut dire que le désir est dans l’essence de l’homme.
D’ailleurs, au delà même de tout risque de déception, le désir permet
à l’homme d’espérer.
Et cet espoir fait aussi partie de son humanité
puisque sans l’espoir qu’il existe un état de satisfaction, de bonheur,
l’homme n’aurait aucune raison d’agir, de penser, de tenter
d’améliorer des conditions, puisqu’il n’aurait pas conscience qu’il
existe ou peut exister quelque chose de mieux.
C’est donc le désir qui
pousse l’homme à agir, à être et à avoir, et donc peut-être,
finalement, à vivre.
De plus, en réalisant des désirs comme fonder une famille, avoir une
maison, faire le tour du monde, aider des populations en difficultés…
on réalise des projets, des désirs qui peuvent nous procurer une
réelle satisfaction pleine et durable, et donc d’une certaine manière,
un bonheur : le bonheur d’avoir de bonnes conditions de vies, d’avoir
ce que l’on veut ; le bonheur d’être quelqu’un de bien ; le bonheur de
se sentir utile ; ou encore le bonheur d’entrer dans une norme, d’être
reconnu
par
les
autres.
D’après Kojève, cette dernière satisfaction (celle d’être reconnu) se
trouve en fait derrière chaque désir puisque d’après lui, quand nous
désirons, ce que nous désirons vraiment, c’est le désir de l’autre, son
attention, sa reconnaissance ; il s’agit donc d’un désir de prestige
social (on désire un voiture car elle montre à tous qu’on a de l’argent,
par exemple).
Donc finalement, ce qu’on désire dépend des autres, on désire ce
que les autres désirent,....
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