Pour-être heureux faut-il rechercher la passion ?
Extrait du document
«
AIDE FOURNI PAR LE PROF DE L'ELEVE: On vous demande ici si la passion est une condition nécessaire du
bonheur.
Un telle approche consiste alors à penser que sans passion nous ne pouvons pas vivre heureux.
Il
faut donc vous demander ce qui nous conduit à affirmer que la passion est cette condition.
Remarquez alors
que cela repose sur l'idée selon laquelle c'est dans la passion que nous sommes heureux et que sans la passion
notre vie manque d'intensité.
Pensez alors au bonheur que peut susciter l'amour.
Montrez également comment
le fait de vivre sa passion peut être synonyme de plénitude.
Toutefois, vous pouvez aussi montrer que la
passion est parfois source de malheur et de souffrance.
Pensez ici à toutes les critiques de la passion comme
maladie de l'âme par exemple.
Vous pouvez également revenir à une toute première approche de la passion en
pensant à l'usage qui est fait quand on parle de la passion du Christ par exemple, renvoyant aux épisodes de la
souffrances.
Vous pouvez également vous reporter aux analyses qui montrent en quoi la sagesse et le bonheur
du sage se construisent contre la passion.
Ici, vous pouvez penser aux analyses des stoïciens.
Vous trouverez
des extraits en vous reportant à la rubrique " Textes ".
Vous pouvez également vous reporter aux analyses de
Spinoza lorsqu'il distingue les passions tristes des passions joyeuses.
Vous pourrez alors remarquer que même si
toute passion n'est pas triste, le sage, homme heureux est celui qui vit selon la raison et non selon la passion.
Si la passion ne s'oppose pas alors nécessairement au bonheur, elle n'en n'est pas nécessairement la condition.
[Pour être heureux, la sagesse veut que l'on évite les passions.
Les passions, parce qu'elles troublent l'esprit et font souffrir,
sont incommodes.
On peut parfaitement être heureux en
vivant paisiblement, sans commettre d'excès.]
La sagesse, c'est l'absence de passions
Les critiques adressées aux passions sont aussi diverses que les motifs de les exalter.
Un inventaire exhaustif
des griefs avancés au cours de l'histoire de la philosophie serait pour le moins fastidieux.
Nous n'en retiendront
que les plus significatifs, que nous classerons en fonction de leurs principes de référence.
Ø
Un premier critère est la menace qu'elles font peser sur la liberté.
Les passions aliènent le sujet,
le dépossèdent de lui-même, le rendent esclave de son corps ou de son imagination.
Cette nocivité
envers la personnalité même du passionné est à mettre en rapport avec la dimension de
permanence de l'attachement passionnel, ou encore son caractère circulaire et donc insatiable : le
désir à peine assouvi, il ne tarde pas à se réveiller, il s'affermit même du fait de sa satisfaction, au
point que la quête de l'objet de la passion s'avère interminable, confine à l'infini.
Ø
Un second principe de référence est son caractère irrationnel.
La personne se trouve submergée
par un flot irrépressible qui manifeste la domination du corps ou de l'imagination sur la raison,
pourtant seule instance légitime pour la connaissance et l'action.
Inversant la hiérarchie des
principes constitutifs de l'être humain, les passions vouent l'homme à tous les excès.
Ø
Un troisième et dernier critère est le caractère proprement immoral de la passion.
Ce principe
peut à son tour être scindés en deux, selon le fondement de la morale que l'on retient.
Si ce
fondement est la raison, en tant qu'instance capable de discerner le bien et le mal, il nous renvoie
au critère précédent.
Mais s'il s'agit d'une morale religieuse, il s'articule soit autour du concept de « désir », soit autour de celui
du « péché ».
Le « péché » exprime la rupture des relations avec Dieu, de la part d'un homme qui se
voudrait « autonome » alors même qu'il n'est que créature.
Saint Augustin déterminera trois vices
matriciels : la volonté de puissance, la jouissance, et la possession, issus du péché originel, et qui sont à
la base de nombre de passions « immorales ».
La passion est une maladie qui nous éloigne du bonheur
Mais beaucoup de moralistes, bien loin de faire l éloge des passions, tendent à les condamner : non pas qu'en
général ils considèrent, à la manière d'Epicure, que l'état qui convient le mieux à l'âme soit une indifférence
sereine , mais parce qu'ils jugent que la passion introduit en nous un désordre, un déséquilibre.
Kant voyait
dans la passion une véritable « maladie de l'âme ».
La passion développe à l'excès un sentiment et appauvrit
tous les autres.
Elle apparaît ainsi comme une valorisation partielle du monde, un rétrécissement de notre
« Umwelt » à la mesure d'une valeur unique.
La passion nous limite à la fois dans l'espace et dans le temps ;
dans l'espace puisqu'elle réduit notre champ de conscience et le cercle de nos intérêts, dans le temps, car le
passionné est prisonnier de l'instant présent ou du passé, incapable, comme le dit Alquié, de « se penser.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Il faut imaginer Sisyphe heureux -Albert Camus (1913-1960)
- Faut-il renoncer à toute passion pour être libre ?
- Faut-il être vertueux pour être heureux ?
- Faut-il revendiquer des droits à la passion ?
- Faut-il espérer être heureux ?