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Pour chercher la vérité, faut-il renoncer à croire ?

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« Introduction La croyance est un terme problématique.

Il peut avoir un sens péjoratif si on l'apparente à de la superstition ou à de l'ignorance.

Au sens étymologique, credere signifie « faire confiance ».

C'est effectivement le sens de confiance aveugle que l'on met souvent sous ce terme.

Au sens philosophique, la croyance est l'adhésion incertaine à une idée par opposition au savoir.

C'est donc une disposition de l'esprit qui peut être plus ou moins négative si on l'assimile au préjugé, à la naïveté, à l'erreur ou à la foi.

Par définition, la croyance semble s'opposer à la vérité. La recherche de la vérité et la croyance ne peuvent-elles pas cohabiter dans un même esprit ? Pour rechercher la vérité, faut-il renoncer à croire ? De prime abord, la croyance semble constituer un obstacle à la recherche de la vérité, dans la mesure où une vérité devrait s'appuyer sur un savoir pour être certaine.

Or croyance et savoir semblent s'exclure l'un l'autre.

Néanmoins, on pourrait opter avec Kant pour une croyance raisonnable, c'est-à-dire, dans les limites de la raison.

Enfin, on peut se demander si la vérité n'est pas un objet de croyance en elle-même, celui du philosophe. I- Pour chercher la vérité, il faut renoncer à la croyance Comment prétendre chercher la vérité en continuant à adhérer à des opinions ? Cela semblerait contradictoire.

Pour Descartes, en effet, la première chose à faire pour chercher la vérité et de se débarrasser de toutes ses croyances.

Depuis l'enfance, nous avons accumulé en nous un grand nombre de préjugés.

Dans ses Principes de philosophie, Descartes écrit : « Comme nous avons tous été enfants avant que d'être hommes, et que nous avons jugé tantôt bien et tantôt mal des choses qui se sont présentées à nos sens lorsque nous n'avions pas encore l'usage entier de notre raison, plusieurs jugements ainsi précipités nous empêchent de parvenir à la connaissance de la vérité ».

Descartes oppose clairement vérité et croyance, et les présente comme incompatibles. Comment renoncer à la croyance et chercher la vérité ? Comment se débarrasser de nos préjugés et empêcher que de nouveaux préjugés se forment ? Pour cela, Descartes propose une méthode.

Dans le Discours de la méthode, il donne quatre règles à suivre strictement.

La première est la règle d'évidence qui consiste à ne rien recevoir pour vrai et à éviter la prévention (c'est-à-dire la persistance des préjugés de l'enfance) et la précipitation (le jugement rapide).

La seconde règle est celle de l'analyse, selon laquelle il faut examiner un par un les éléments à mettre en doute.

La troisième règle est celle de l'ordre qui consiste à « conduire par ordre ses pensées ».

Enfin, il y a la règle du dénombrement selon laquelle tous les éléments de connaissance doivent être énumérés afin qu'aucun ne soit oublié.

La démarche cartésienne est proche d'une démarche mathématique, et a pour objectif l'acquisition d'un savoir, par opposition à la croyance. II- Laisser une place à la croyance « J'ai donc dû supprimer le savoir pour y substituer la croyance », déclarait Kant dans la préface de la seconde édition de la Critique de la raison pure.

Il ne faut pas se méprendre sur le sens de cette affirmation.

Aussi, la distinction des divers sens que recouvre le mot de croyance présente-t-elle un intérêt.

Il s'agit ici de la croyance comme foi et non comme opinion.

Kant rejette la croyance au sens d'opinion infondée, qu'il dénonce en métaphysique.

La métaphysique qu'il remet en cause est une métaphysique perdue dans d'interminables contradictions.

Cela est dû au fait qu'elle prétend donner des réponses et offrir un savoir sur des questions auxquelles la raison ne peut répondre. En revanche, la croyance est valorisée chez Kant au sens de foi.

Même si elle est placée en dessous de la science, une foi raisonnable est revendiquée par Kant.

En effet, c'est une foi qui doit rester « dans les limites de la simple raison », (en référence à l'ouvrage de Kant intitulé La Religion dans les limites de la simple raison).

Il faut maintenir un type de croyance afin de rendre possible les idées de Dieu, de liberté et d'immortalité.

Il y a une nécessité de la croyance. Citation : « Je dus donc abolir/mettre de côté le savoir afin d'obtenir une place pour la croyance » / « Ich musste das Wissen aufheben, um zum Glauben Platz zu bekommen » Cette citation est extraite de la préface à la seconde édition de la Critique de la Raison Pure de Kant – en AK III, 19. Le fait que Kant souligne dans le texte les deux notions « savoir » et « croyance » nous invite à nous interroger sur la nature du rapport entre ces deux notions : radicale opposition, complémentarité, exclusion.

Le savoir exclut-il la croyance ? La croyance exclut-elle le savoir ? La traduction de aufheben par abolir peut naïvement laisser entendre que Kant accorde un primat à la croyance au point d'abolir, de mettre fin aux prétentions du savoir.

Cependant la pensée kantienne est plus complexe.

Qu'entend Kant par mettre de côté le savoir ? Il faut y voir une entreprise de limitation des prétentions du savoir.

Le savoir est limité à la sphère phénoménale, autrement dit à ce qui nous apparaît.

Kant en distinguant le phénomène de la chose en soi limite strictement le savoir aux phénomènes qui sont soumis au déterminisme, à une stricte causalité.

Cette limitation qui est le but de la Critique de la Raison pure laisse donc une place pour la croyance.

Relève de la croyance tout ce qui n'est pas à la portée de la science, en d'autres termes tout ce qui n'est pas de l'ordre de la pensée scientifique qui n'atteint que des objets construits par le sujet lui-même.

On ne peut à proprement parler de ce qui est de l'ordre de la croyance que négativement. Séparer savoir et croyance s'explique dans la philosophie kantienne par le dualisme entre intelligible / phénoménal.

L'homme ne peut connaître que le phénoménal ; mais il peut croire en l'intelligible.

Il n'y a pas de. »

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