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Pour Bergson, le conflit entre l’individu et la société est-il nécessairement destructeur ?

Publié le 29/05/2023

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« Oral question d'interprétation D’après le texte “La Conscience et la Vie” dans l’Energie spirituelle Pour Bergson, le conflit entre l’individu et la société est-il nécessairement destructeur ? On a coutume de dénoncer les dysfonctionnements de la société, qui est injuste, qui oppresse les minorités, qui nous condamne à vivre en collectivité, à se plier aux lois et aux normes.

Mais c’est oublier que la société est composée par les individus eux-mêmes et, réciproquement, l’existence des individus est faite de relation avec les autres.

La société est donc formée par des multitudes de “moi” aux aspirations individuelles différentes.

Des conflits de diverses natures peuvent alors naître.

Le philosophe du XXe siècle Henri Bergson évoque dans son texte extrait de La conscience et la Vie, L’énergie spirituelle cette thématique. lecture du texte On peut alors se poser la question suivante : pour Bergson, le conflit entre l’individu et la société est-il nécessairement destructeur ? Dans un premier temps, des lignes 1 à 13, nous verrons en quoi l'évolution naturelle mène à la vie en société. Puis, jusqu’à la ligne 34, il s’agit de démontrer en quoi, pour Bergson, l’individu et la société sont deux concepts liés, et enfin, de la ligne 35 à 44 nous mettrons en lumière les conflits entre l’individu et la société, ses enjeux et ses conséquences. Bergson commence son propos en mentionnant ” l’élan vital” (ligne 1) qui est manifesté par l’évolution naturelle.

Il assure la continuité de l'espèce et engendre l'évolution des êtres.

Le spiritualisme de Bergson consiste à poser qu’un élan vital, de nature spirituelle, parcourt toute réalité en se développant en strates successives, allant de la matière inerte à la conscience humaine.

En ce sens, la matière inorganisée ne serait qu’une forme d’esprit en sommeil, se réalisant ensuite dans les formes vivantes (végétales et animales) et s'accomplissant en tant qu’esprit dans la conscience humaine.

La vie est alors à concevoir comme élan créatif, comme une invention, une imprévisibilité.

Bergson réfute, en cela, le mécanisme qui pose une évolution déterminée par des lois nécessaires (la sélection naturelle) rendant impossible toute création.

De même, Bergson réfute le finalisme supposant un plan et un progrès établis à l’avance, prédéterminés.

Le vivant est un contraire, pour Bergson, jaillissement continuel de nouveauté. Pour lui, la différence entre l’Homme et l’animal réside dans leurs développements différents : l’instinct et l’intelligence (ligne 3).

Bergson a généralisé la distinction de l'instinct et d'intelligence en en faisant avec la vie végétative l’une des trois formes fondamentales de l’élan vital.

L’instinct “ne fait que continuer le travail par lequel la vie organise la matière” et “ce sont les trois directions divergentes d’une activité qui s’est scindée en grandissant” (Evolution créatrice). Bergson affirme pourtant que malgré les différences entre les animaux et l’Homme, leur point commun reste “la vie sociale” (ligne 7-8), à laquelle l’évolution aboutit.

Au-delà du fait, l’évolution naturelle a d’ailleurs pour lui une signification philosophique profonde, puisqu’il la conçoit comme la marque spécifique du temps (de ce qu’il appelle la « durée ») sur la vie, de même que le changement psychologique, individuel, est la marque du temps sur la conscience.

On remarque que la vie est elle aussi soumise au temps grâce à l’évolution. Bergson utilise l’exemple des insectes hyménoptères comme les abeilles (ligne 5), qui ont emprunté un chemin radicalement différent de celui des Hommes, mais ne survivent que parce qu’elles vivent en groupe, au sein d’une ruche.

Bergson qualifie cela comme “un besoin” (ligne 9) qui existerait depuis le tout début de l’Homme, comme si quelque chose était inscrit en nous et nous poussait à construire une société auxquelles les individus appartiendraient.

On entend par individu un être humain indépendant et autonome ayant des intérêts et des droits, éventuellement en opposition avec ceux de la société ou de l’espèce. Il ne faut pas confondre l’individu et la personne morale.

Tandis que la notion d’individualité renvoie d’abord à l’unité psychologique ou biologique, le principe de la personne morale est l’identité consciente et volontaire.

En outre, quand on parle d’un individu, on met l’accent sur les particularités ou les différences qui le distingue de tout autre.

Les personnes, au contraire, sont foncièrement semblables par la raison et la faculté de communiquer. La société constituerait alors la réponse à la pleine satisfaction des “aspirations originelles et essentielles” (ligne 11) des individus et elle est naturelle d’après Bergson, puisque les animaux, des être inconscients, vivent comme tels. Pour lui, la société apparaît comme un moyen de s’épanouir en tant qu’individu. Mais à quoi fait-on référence lorsqu'on parle de “société” ? On peut définir la société comme un regroupement d’individus, structuré par les liens de dépendance réciproque et évoluant selon des schémas réglés.

C’est dans ce sens que l’on parle de sociétés animales.

Mais le terme société est généralement réservé aux sociétés humaines.

Il désigne alors cet ensemble dans lequel est intégré la vie de tout Homme, avec ses occupations, ses désirs, ses actes.

Par ailleurs, quand on pose la société comme un objet doté de ses propres lois, elle fait l’objet d’une description spécifique : l’analyse sociologique.

Pour Comte, fondateur de la sociologie, on ne comprend pas la société par l’analyse de ses éléments (les individus) car le fait social constitue par lui-même un ordre de réalité irréductible. La société, le rassemblement des Hommes dans le cadre d’une communauté politique réglée par des lois, s’inscrirait dans une logique naturelle : on trouve d’abord, dans la cellule familiale, la réunion des sexes en vue de la conservation de l’espèce, puis le village comme union de plusieurs foyers et enfin la cité, comme rassemblement de bourgades autour d’un centre administratif commun.

La société répond donc à un besoin premier à une tendance fondamentale de l’Homme, qui y trouve les voies de son achèvement. Mais alors il est légitime de se demander comment la société et l’individu sont liés. Dès que l’on s'interroge sur les rapports qui peuvent lier individu et société, on est amené à penser ces relations en termes de cause et d'effet et à voir dans l'individu et dans la société deux réalités séparées.

Or une telle séparation est impraticable, puisqu'il n'est pas d'individu humain dont l'individualité ne renverrait pas à la culture dans laquelle il s'inscrit et que, inversement, on voit mal ce que seraient les institutions sociales en dehors des individus qui les actualisent, qui les effectuent.

La difficulté du problème tient à ce qu'il s'agit de comprendre deux symbolismes ( et non pas deux réalités) qui sont à la fois inséparables et irréductibles l'une à l'autre. Pour Bergson, la société rend la vie des Hommes plus facile puisqu’elle représente l’ensemble de leurs efforts, elle est créée par les individus et pour eux. Selon lui, toute société humaine est un ensemble d’individus qui vise la satisfaction des besoins.

Lorsque Bergson dit que “elle ne peut subsister que si elle se subordonne l'individu" (ligne 17-19), plusieurs sens peuvent être entendus.

On peut penser à une dépendance de hiérarchie.

Ainsi, la société se soumet à l’individu, car elle est moins importante que l’existence de celui-ci, elle lui obéit puisque c’est lui qui la fait vivre.

Toute société est composée d’individus et ces derniers sont ses éléments constitutifs.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’état de nature est rejeté car considéré comme fiction.

Cela nous amène à considérer le rôle déterminant de la société pour l’Homme.

Elle a pour fonction d'humaniser l’individu c'est-à-dire de développer sa personnalité tant au point de vue psychologique, intellectuel, moral, et physique. Par la culture, toute société prend en charge les différents individus qui la composent en vue de façonner leur comportement et leur vision du monde. L’Homme ne naît pas cultivé, il le devient grâce à la société et celle-ci lui enseigne les lois, les coutumes, les règles, etc. Bergson affirme qu’il faudrait réconcilier les “exigences opposées” (ligne 20-21).

Ainsi, il ne nie pas l’existence de conflits entre l’individu et la société, qui font selon lui évoluer cette dernière.

On comprend alors qu’aucune société n’est fixe, et que ce sont ces désaccords qui la modifient dans le temps. Les sociétés humaines, contrairement aux sociétés animales, sont dotés d’un grand dynamisme, d’une forte capacité de changements, de révolutions, et sont régies par les institutions.

En effet, Bergson prend l’exemple des fourmis et des abeilles qui sont "admirablement disciplinées et unies, mais figées dans une immuable routine” (ligne 23-25).

Les sociétés de ses animaux sont identiques il y a 50 ans, aujourd’hui ou dans 100 ans, à la différence de l’Homme. Pour Bergson, l’individu ne doit pas perdre son individualité, qui le fait vivre d’une certaine façon.

En effet, il peut parfois être difficile d’être soi-même dans la société des autres.

Mais pour être soi-même, les individus disposent d’un outil pour exprimer l’individualité, c’est la langue.

Or les mots sont donnés par la société dans laquelle évolue l'individu, ce qui prouve encore la double dépendance des concepts. L'identité d'un individu est bien singulière, au sens où l'individu est unique.

Et s’il se perd dans la masse, s’il oublie de se considérer.... »

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