Pluralité des vérités et relativisme ?
Extrait du document
«
La vérité selon les sophistes
• Platon rapporte, dans le Théétète, la conception que les sophistes se font de la
vérité.
D'après eux, l'homme est la mesure de toute chose.
Étant donné, en effet, que
les phénomènes naturels et les êtres humains sont soumis à l'écoulement du temps, nul
ne peut énoncer une proposition qui les caractériserait en eux-mêmes.
Autrement dit, la
vérité est conforme et relative à la façon dont elle apparaît à chacun.
Elle ne peut
qu'être plurielle.
Le sophiste Protagoras, écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara qu
toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de
méthode ».
Selon Protagoras, « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en
qu'elles sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment do
comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, par référence à un sujet hu
universel, semblable en un sens au sujet cartésien ou kantien, mais dans le sens indiv
du mot homme, « ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité mê
(Aristote, « Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les c
en chaque cas, telles elles existent pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles
toi elles existent » (Platon, « Théétète », 152,a).
Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale
des opinions individuelles portant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revi
poser que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » (Aristote).
C'est
contredire le fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradic
selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne p
même temps, au même sujet et sous le même rapport ».
Or, un tel principe en ce qu
premier est inconditionné et donc non démontrable.
En effet, d'une part, s'il
démontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicite
le rejet du principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il était s
démontrer ; on se livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclam
démonstration de toute chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve
« grossière ignorance », puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi,
aurait pas démonstration ».
C'est dire qu' « il est absolument impossible de
démontrer », et c ‘est dire aussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le princip
contradiction, une démonstration qui le fonderait, au sens fort du terme.
Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfut
l'impossibilité que la même chose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seule
quelque chose ».
Le point de départ, c'est donc le langage, en tant qu'il est porteur
signification déterminée pour celui qui parle et pour son interlocuteur.
Or, précisém
affirmer l'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer au langage.
S
« ceci est blanc », alors « blanc » ne signifie plus rien de déterminé.
Le négateu
principe de contradiction semble parler, mais e fait il « ne dit pas ce qu'il dit » et de c
ruine « tout échange de pensée entre les hommes, et, en vérité, avec soi-même »
niant ce principe, il nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques no
seulement les opposés, mais toutes choses, et les sons qu'il émet, n'ayant plus de
définis, ne sont que des bruits.
« Un tel homme, en tant que tel, est dès lors sembla
un végétal."
Si la négation du principe de contradiction ruine la possibilité de toute communication p
langage, elle détruit aussi corrélativement la stabilité des choses, des êtres singuliers.
blanc est aussi non-blanc, l'homme non-homme, alors il n'existe plus aucune diffé
entre les êtres ; toutes choses sot confondues et « par suite rien n'existe réelleme
Aucune chose n'est ce qu'elle est, puisque rien ne possède une nature définie, et
toute façon, le mot être est à éliminer » (Platon).
La réfutation des philosophes qui, comme Protagoras, nient le principe de contradict
donc permis la mise en évidence du substrat requis par l'idée de vérité.
Celle-ci sup
qu'il existe des êtres possédant une nature définie ; et c'est cette stabilité ontologiqu
fonde en définitive le principe de contradiction dans la sphère de la pensée.
C'est
l'être qui est mesure et condition du vrai, et non l'opinion singulière.
« Ce n'est pas p
que nous pensons d'une manière vraie que tu es blanc que tu es blanc, mais c'est
que tu es blanc qu'en disant que tu l'es nous disons la vérité » (Aristote).
Puisque, s'il est vrai que tout est vrai, le contraire de cette affirmation ne saurait être
le relativisme trouve sa vérité dans le scepticisme.
Dire que tout est vrai, c'est dire
aussi bien que tout est incertain et que rien ne peut être dit vrai..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ?
- Ockham (Guillaume d'), Le rasoir d'Ockham: «Aucune pluralité ne doit être poséesans nécessité»
- Vous commenterez librement, à la lumière de votre expérience personnelle et de vos connaissances, cette réflexion d'un ancien : «Les ennemis ont leur utilité. Ils vous montrent vos défauts ; ils vous disent des vérités. Ce sont des maîtres que l'on ne pa
- Y a-t-il lieu de distinguer des vérités d'expérience et des vérités de raison ? Les vérités de raison ne sont-elles elles-mêmes que d'anciennes acquisitions de l'expérience? Ou bien faut-il penser qu'elles sont déjà nécessaires à l'homme pour comprendre
- De quelles vérités l'histoire est-elle porteuse ?