Aide en Philo

Platon: philosophie et vérité

Extrait du document

Mais les vrais philosophes, demanda-t-il, qui sont-ils selon toi ? Ceux qui aiment contempler la vérité, répondis-je. Platon

« "Mais les vrais philosophes, demanda-t-il, qui sont-ils selon toi ? Ceux qui aiment contempler la vérité, répondis-je." PLATON Platon (428-347 av.

J.-C.), fondateur d'une école philosophique (L'Académie) qui fonctionna jusqu'au VI siècle de notre ère, a été pendant longtemps le disciple de Socrate, image parfaite du philosophe qui va partout questionnant ses interlocuteurs tout en affirmant qu'il ne possède pourtant aucun savoir.

Mais comme les penseurs de sa génération, Platon a vécu aussi le drame terrible qu'a été la condamnation de son maître par le tribunal d'Athènes.

La mort de Socrate (399 av.

J.-C.), mise en scène à plusieurs reprises dans les dialogues, pose la question du statut désormais possible pour la philosophie dans l'Athènes démocratique bouleversée par la tyrannie des Trente. Aussi l'oeuvre de Platon (dont nous possédons plus d'une trentaine de dialogues et quelques lettres) peut-elle être considérée comme une longue interrogation sur le statut et la fonction du philosophe dans la Cité.

D'où cette question posée par Glaucon, l'un des interlocuteurs de Socrate, dans La République : « Mais les vrais philosophes, qui sont-ils selon toi ? » et la réponse de Socrate : « Ceux qui aiment à contempler la vérité.

» La discussion qui s'établit entre Glaucon et Socrate s'inscrit à l'intérieur d'une réflexion portant sur « les amateurs de sons et de spectacles, [qui] se délectent des belles voix, des belles couleurs et des belles formes », mais dont l'esprit est malgré tout incapable d'apercevoir et d'aimer la nature du beau en soi.

Pour définir plus justement qui sont ces hommes, Socrate (qui expose ici la théorie platonicienne des Idées) recourt à la distinction classique de la science et de l'ignorance — distinction qui renvoie elle-même à l'opposition de l'être (« l'objet de la science est l'être ») et de l'ignorance (à laquelle se rapporte le non-être).

Il y a une place pour une faculté intermédiaire tenant « le milieu entre l'être pur et le non-être absolu, qui ne serait l'objet ni de la science, ni de l'ignorance ».

A savoir l'opinion.

Et ces hommes « qui regardent la multitude des belles choses, mais ne voient pas la beauté en soi, [...] qui regardent la multitude des choses justes, mais ne voient pas la justice en soi, et ainsi de suite, nous dirons d'eux qu'ils n'ont sur toutes choses que des opinions ».

Les philosophes, au contraire, sont « ceux qui contemplent les choses en soi, et toujours identiques à elles-mêmes » et qui par là même s'élèvent à la connaissance, au lieu de s'en tenir à l'opinion.

Il faut, dit encore Platon, appeler philosophes ceux qui s'attachent en tout à l'essence, ceux qui sont capables d'atteindre « à ce qui existe toujours d'une manière immuable » (La République, Livre VI, 484 b), la Justice, la Vérité, l'Être. Les philosophes sont donc « ceux qui aiment contempler la vérité ».

Ce qui les définit, comme on l'a vu, par rapport à l'opinion.

Mais également, du même coup, en opposition avec les sophistes.

Ces derniers sont souvent présents dans les dialogues platoniciens : Thrasymaque (Livre I de La République), Gorgias, Polos, Calliclès (dans Gorgias).

Le dialogue intitulé Le Sophiste est presque totalement consacré à leur méthode d'argumentation.

On sait que les sophistes, le plus souvent originaires d'une autre cité qu'Athènes, mènent une vie itinérante, tout en séjournant régulièrement à Athènes.

Il y sont accueillis par les cercles intellectuels, entourés de jeunes gens qui sont leurs disciples.

Ils prétendent enseigner, contre rétribution, la vertu, c'est-à-dire selon eux « la prudence [...] dans l'administration de [la] maison, et, quant aux choses de la Cité, le talent de les conduire en perfection par les actes et par la parole ». Mais le sophiste est aussi toujours doublé d'un rhéteur, un « enchanteur des mots », habile à parler et qui prétend pouvoir tout obtenir grâce à la force de conviction de son discours.

La rhétorique, technique de la parole publique, n'a qu'un but : persuader l'interlocuteur, que ce soit au tribunal, ou face à l'Assemblée du peuple, en se moquant bien du vrai et s'en tenant seulement au vraisemblable. Dans la vie de tous les jours, face au sophiste, le vrai philosophe ne fait pas le poids.

On le voit bien dans le Théétète où Socrate donne l'exemple de Thalès : « Il observait les astres et, comme il avait les yeux au ciel, il tomba dans un puits.

Une servante de Thrace, fine et spirituelle, le railla, dit-on, en disant qu'il s'évertuait à savoir ce qui se passait dans le ciel, et qu'il ne prenait pas garde à ce qui était devant lui et à ses pieds » (Théétète, 174 b). Il en est de même du philosophe, dans les rapports publics ou privés qu'il a avec ses semblables : « Quand il est forcé de discuter dans un tribunal ou quelque part ailleurs sur ce qui est à ses pieds et devant ses yeux, il prête à rire non seulement aux servantes de Thrace, mais encore au reste de la foule, son inexpérience le faisant tomber dans les puits et dans toute sorte de perplexités.

Sa terrible gaucherie le fait passer pour un imbécile » (Théétète, 174 b). On ne peut pourtant sourire d'une telle description, puisque par un procédé littéraire cher à Platon, elle annonce la terrible réalité : Socrate devant ses juges qui vont le condamner à boire la ciguë mortelle.

Car tel est le statut du philosophe.

Il est condamné officiellement pour corruption de la jeunesse et croyance en de nouveaux dieux.

En réalité, il est châtié pour sa mise en cause radicale des faux-semblants, pour son attachement indéfectible au vrai. Si le sophiste, habile rhétoricien, l'emporte encore dans la vie sociale, il n'est jamais convaincant lorsqu'il est confronté à Socrate. L'observation minutieuse du déroulement d'un dialogue nous donne à chaque fois, en grandeur réelle, une définition du philosophe.

Regardons ce qui se passe, par exemple, dans le Gorgias.

Le dialogue est construit sur trois entretiens successifs.

Un premier temps où Gorgias tente de définir la rhétorique (art de faire croire et non d'enseigner), mais Gorgias finit par se contredire.

Un deuxième temps où Polos, disciple de Gorgias, va au secours de son maître.

Mais Socrate triomphe dans l'argumentation, montrant qu'il vaut mieux subir l'injustice plutôt que de la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles