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Platon: La recherche philosophique de la vérité

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« La vérité philosophique ne se laisse pas mettre en formules, à la différence des autres savoirs ; dans la Lettre V II, Platon définit la philosophie – selon l'étymologie, " amour ou désir de sagesse et non possession de cette sagesse – moins comme quelque chose que l'on sait que comme la flamme qui jaillit de l'étincelle, puis croît spontanément » dans l'âme.

La philosophie n'est pas la détention de la vérité, mais la passion infatigable de sa recherche, qui s'étend peu à peu à toutes les activités et à tous les désirs de l'homme. 1.

Du discours au dialogue A .

La rhétorique, la sophistique et la vérité La rhétorique est la maîtris e du discours pers uasif, qui ne se soucie guère de connaître ce dont elle parle.

Elle rend l'orateur plus convaincant sur un sujet que celui qui connaît à fond ce sujet, et ferait presque prendre l'âne pour un cheval.

En ce sens, la rhétorique se confond avec la sophistique.

Le sophiste prétend à un savoir universel ; expert en l'art de rendre habile à parler sur tout, il ne rend pas véritablement savant sur tout, mais en donne l'apparence. La sophistiq ue, comme la rhéto rique , est une flatte rie, imitation néfaste d'a rts ut iles fondés sur un v érita ble savoir : lég islation, justice.

La sophistique, comme la rhétorique, veut, sans souci de justice, montrer parla parole et par l'action le plus d'efficacité dans les affaires de l'État. L'imposture de la rhétorique C ontrairement au dialogue philosophique, la rhétorique n'a pas pour but la recherche en commun de la vérité : son seul but est de conquérir le pouvoir par la parole.

Le rhéteur cherche à manipuler son auditoire grâce à une technique de persuasion basée sur l'imposture et la flatterie.

P ar ses belles paroles, il parvient à « paraître, face à un public d'ignorants, plus savant que les savants eux-mêmes » (459c), alors qu'il n'en sait pas plus sur le sujet que ceux à qui il s'adresse.

P our persuader, il utilise la flatterie : il suffit de dire à l'auditoire ce qui lui fait plaisir.

La seule matière que connaît le rhéteur, ce sont les opinions, les goûts, les désirs et les peurs de la foule.

Son discours ne permet pas à son auditoire de progresser vers le savoir, il ne fait que l'entretenir dans ses croyances.

Il ne l'éclaire pas sur ce qui est bon pour lui, mais le conforte dans l'illusion que l'agréable est le bien. B.

Le dialogue Ré futer, ce n'est pas a voir raison contre quelqu'un d'autre, c 'est se prévenir soi-même de l'erreur.

On ne triomphe pas de l'interlocute ur, on avance avec lui. Il ne faut prendre garde qu'au propos lui-même, pas à une lutte entre prétendus adversaires.

Dialoguer, c'est « donner ses raisons et accueillir celles d'autrui ». A insi, il faut se mettre d'accord au début de l'e ntretien s ur ce dont on parle, puis gard er en vue cett e définitio n.

L'accord de l'interlocuteur est à chaque étape indispensable pour avancer. a M ême la pensée solitaire dialogue avec elle-même : toute recherche de la vérité est un dialogue. 2.

La recherche de la vérité A .

Ignorance, opinion, science L'â me qui se trouve dans l'ignorance erre .

Errer, ce pendant, n'est pas faire erreur ; ignore r, ce n'est pas se trompe r.

Seule l'ignorance qui s 'ignore elle-même, celle de qui croit savoir, entraîne l'erreur et cause les maux de l'âme.

S'en délivrer, c'est apprendre à connaître sa propre ignorance : « Savoir qu'on ne sait rien.

» L'a ctio n se conte nte d 'opinions vraies pour se guid er efficacement.

L'opinion vraie, intermédiaire entre ignora nce et s a voir, n'est pas savoir : elle no us fait ressembler à des aveugles qui suivent leur droit chemin.

Nous faisons bien sans savoir pourquoi : les opinions correctes demeurent néanmoins instables tant qu'on ne les a pas liées et fixées par le raisonnement, c'est-à-dire changées en savoir.

Savoir, c'est connaître la vraie raison pour laquelle les choses sont ce qu'elles sont. Pa r ord re croissa nt ve rs la perfection, P laton place l'ima gina tion ou percep tion sensible, la croyanc e vra ie, le raisonnement hypo thétique e t enfin la science. Les deux premières sont opinions, les deux dernières savoir, dont le plus haut degré est la science, qu'atteint la dialectique. B.

La dialectique La dialectique est un art poussé de l'examen des raisons par le d ialogue.

S'appliquant aux fondements de toute science, elle est une science p remière et universelle.

Elle nous délie de l'ignorance, puis de l'opinion, pour nous donner la science, nous faisant passer de l'ombre à la lumière sur ce qu'est chaque chose en elle-même. Le dialecticien connaît chaque chose, parce qu'il sait ce qui lui est nécessa ire pour être elle-même.

Son savo ir d'une chose ne repose donc plus sur une définition postulée, comme en mathématique : sa connaissance ne présuppose aucun acquis préalable ; elle est inconditionnelle.

Sa méthode est donc anhypothétique (sans hypothèse, sans présupposé), et son savoir absolu. Le dialecticien aperçoit en même temps ce que les chos es d 'une même espèce ont en commun et ce qui distingue les espèces entre elles.

La dialectique consiste en un double mouvement de rassemblement et de division de l'essence des choses.

M anipulant les notions des choses, la dialectique est ainsi la science des idées. « Excellent ami! tu essaies de me réfuter par des procédés rhétoriques, semblables à ceux qu'on utilise dans les assemblées.

Là un orateur croit réfuter son adversaire lorsqu'il peut produire contre lui en faveur de sa thèse des témoins nombreux et considérés, tandis que l'autre n'en a qu'un seul ou aucun.

M ais ce genre de démonstration n'a aucune valeur relativement à la vérité.

Il peut arriver en effet qu'un juste succombe sous des faux témoignages nombreux et apparemment autorisés.

Et sur la question dont tu parles, à peu d'exceptions près, tu obtiendras l'accord de tous les A théniens et de tous les étrangers si tu les appelles à témoigner que je ne dis pas la vérité ( ..

) M ais moi, même tout seul, je ne me rends pas, car toi tu ne fais rien qui m'y oblige.

T u produis seulement contre moi des faux témoins nombreux pour tâcher de m'arracher ce que je pense et qui est vrai.

M oi au contraire, si je n'obtiens pas ton témoignage à toi et lui seul en faveur de ce que j'affirme, je reconnais n'avoir pas apporté de solution à notre débat; et toi tu n'as rien obtenu non plus si tu n'obtiens pas mon seul acquiescement au lieu de celui de tous tes autres témoins.

Il y a donc deux sortes de démonstration; l'une de laquelle tu te satisfais, toi et beaucoup d'autres, la seconde qui est la mienne.

» Platon, « Gorgias », 47le-472c « Socrate : L’écriture, Phèdre, a un grave inconvénient, tout comme la peinture.

Les produits de la peinture sont comme s’ils étaient vivants ; mais pose-leur une question, ils gardent gravement le silence.

IL en est de même des discours écrits.

On pourrait croire qu’ils parlent en personnes intelligentes mais demande-leur de t’expliquer ce qu’ils disent, ils ne répondront qu’une chose, toujours la même..

Une fois écrit, le discours roule partout et passe indifféremment dans les mains des connaisseurs et dans celles des profanes, et il ne sait pas distinguer à qui il faut, à qui il ne faut pas parler.

S’il se voit méprisé ou injurié injustement, il a toujours besoin du secours de son père ; car il n’est pas capable de repousser une attaque et de se défendre lui-même. Phèdre : C’est également très juste. Socrate : M ais si nous considérions un autre genre de discours, frère germain de l’autre, et si nous examinions comment il naît et combien il est meilleur et plus efficace que lui ? Phèdre : Quel discours ? Et comment naît-il ? Socrate : C elui qui s’écrit avec la science dans l’âme de celui qui étudie, qui est capable de se défendre lui-même, qui sait parler et se taire suivant les personnes. Phèdre : Tu veux parler du discours de celui qui sait, du discours vivant et animé, dont le discours écrit n’est à proprement parler que l’image ? » Platon.. »

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