Platon: La politique
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Thème 430
Platon: La politique
1.
Langage et politique
Pour construire un ordre juste dans la cité, il faut avoir les yeux tournés vers les réalités intelligibles, comme l'artisan
qui, pour fabriquer un objet, reproduit le modèle qu'il a dans l'esprit.
Contre les sophistes, les rhéteurs et autres
démagogues, qui se servent du langage pour acquérir le pouvoir par la flatterie (Gorgias), Socrate défend l'idée que la
cité doit être le reflet de l'ordre qui règne dans le cosmos.
2.
La justice
L'homme politique doit éduquer les citoyens pour leur apprendre à se tourner vers le Bien.
Une cité juste doit être
composée de citoyens vertueux car le principe de la justice est l'harmonie : l'équilibre de l'individu, entre la raison, la
volonté et les passions, est semblable à celui de la cité, entre les différentes castes qui la constituent (La République).
Au Livre VIII de La République, Platon énumère les diverses formes de gouvernement comme une dégénérescence à
partir de l'aristocratie.
L'aristocratie : c'est pour lui le meilleur gouvernement : il est dans l'ordre des choses que les meilleurs (aristoi)
gouvernent, non pas nécessairement les plus forts, mais ceux qui ont la meilleure âme par la naissance et par
l'éducation.
Ayant établi l'ordre en eux-mêmes, ils sont aptes à établir l'ordre pour les autres.
La timarchie : c'est le gouvernement par la passion (thumos, l'enthousiasme) : certains gardiens de la Cité ont
pu négliger leur éducation et être moins cultivés que leurs prédécesseurs.
Alors, ils se laissent gagner par la
cupidité et l'irascibilité, perdent le sens de la mesure et ne se maîtrisent plus.
Ils asservissent au lieu de
gouverner.
L'ordre de la sagesse a été rompu.
L'oligarchie : c'est le gouvernement par un petit nombre (oligos).
Les gardiens sont devenus une minorité de
riches.
Ils instaurent le système censitaire qui accorde le droit à la parole en proportion des richesses.
L'argent
l'emporte sur la loi.
La démocratie : c'est le gouvernement par le peuple.
Certains des anciens gardiens se sont ruinés et ont perdu
toute noblesse du corps et de l'âme.
Le peuple misérable s'en aperçoit.
Des démagogues (flatteurs du peuple)
manipulent les foules et font adopter des lois diverses, sans cohérence.
Platon parle du " bazar des constitutions
".
La démocratie confond la liberté avec la licence en cherchant à satisfaire tous les désirs populaires.
On réclame
l'égalité pour tout.
Il n'y a plus aucun respect pour l'autorité de l'Etat.
C'est le désordre total.
La tyrannie : c'est le stade ultime de la décadence.
Face au désordre, les tensions s'exacerbent.
La moindre
tentative pour restaurer l'ordre est ressentie comme insupportable, et, en même temps, on veut être
gouverné, on veut un chef.
Il suffit qu'un habile opportuniste se présente comme le sauveur pour que le
peuple se donne à lui.
Le nouveau chef accepte sa mission à condition d'obtenir tous les pouvoirs.
C'est un
tyran.
Il prélève de lourds impôts qu'il détourne à son profit, élimine ses concurrents, entretient une cour de
parasites, n'hésite pas à trahir la Cité si c'est son avantage.
Le résultat est l'appauvrissement de tous.
« Tant que les philosophes ne seront pas
rois dans les cités, ou que ceux qu’on
appelle aujourd’hui rois et souverains ne
seront pas vraiment et sérieusement
philosophes […] il n’y aura de cesse aux
maux des cités, ni, ce me semble, à ceux
du genre humain.
»
Ainsi que le rappelle Léo Strauss en tête de son ouvrage « La cité et l’homme », la tradition tient Socrate pour le
fondateur véritable de la philosophie politique.
Cicéron aurait dit de lui qu’il « fut le premier à faire descendre la
philosophie du ciel pour l’établir dans les cités, pour l’introduire également dans les foyers, et pour l’obliger à faire des
recherches sur la vie et les manières des hommes aussi bien que sur le bien et le mal ».
en ce sens, il n’est pas
d’histoire de la pensée politique qui ne doive commencer avec ce livre majeur que constitue la « République ».
Rédigé par Platon, ce livre expose la conception de la justice de Socrate.
Tout y est présenté sous la forme
habituelle mais hautement complexe du dialogue.
Répondant aux questions de ses interlocuteurs, Socrate développe
une image de la cité idéale.
Socrate n’est-il que le porte-parole de Platon, un simple personnage dont le philosophe se
sert pour exprimer ses propres idées tout en restant masqué ? A l’inverse, Platon n’est-il rien d’autre que le fidèle
secrétaire du maître dont il se contente de noter scrupuleusement la pensée ? Et dans ce jeu mobile et contradictoire
où s’enchaînent et s’entraînent questions et réponses sans que l’ironie soit jamais totalement absente, est-il seulement.
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