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Platon

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Il est, décidément, indispensable aux hommes de se donner des lois et de vivre conformément à ces lois ; autrement, il n'y a aucune différence entre eux et les animaux qui, sous tous les rapports, sont les plus sauvages. Et voici quelle en est la raison : il y a absolument pas d'homme qui naisse avec une aptitude naturelle, aussi bien à discerner par la pensée ce qui est avantageux pour l'humanité en vue de l'organisation politique, que, une fois cela discerné, à posséder constamment la possibilité comme la volonté de réaliser dans la pratique ce qui vaut le mieux. En premier lieu, il est difficile en effet de reconnaître la nécessité, pour un art politique vrai, de se préoccuper, non pas de l'intérêt individuel, mais de l'intérêt commun, car l'intérêt commun fait la cohésion des États, tandis que l'intérêt individuel les désagrège brutalement ; difficile en outre de reconnaître que l'avantage, à la fois de l'intérêt commun et de l'intérêt individuel, de tous les deux ensemble, est que l'on mette en belle condition ce qui est d'intérêt commun, plutôt que ce qui est d'intérêt individuel. En second lieu, à supposer que d'aventure, on ait acquis dans les conditions scientifiques voulues la connaissance de cette nécessité naturelle ; à supposer, en outre de cela, que dans l'État, on soit investi d'une souveraineté absolue et qui n'ait point de comptes à rendre, il ne serait jamais possible que l'on demeurât toujours fidèle à cette conviction, c'est-à-dire que, tout au long de la vie, on entretînt à la place maîtresse l'intérêt commun, et l'intérêt individuel en état de subordination à l'égard de l'intérêt commun. Platon

« "Il est, décidément, indispensable aux hommes de se donner des lois et de vivre conformément à ces lois ; autrement, il n'y a aucune différence entre eux et les animaux qui, sous tous les rapports, sont les plus sauvages.

Et voici quelle en est la raison : il y a absolument pas d'homme qui naisse avec une aptitude naturelle, aussi bien à discerner par la pensée ce qui est avantageux pour l'humanité en vue de l'organisation politique, que, une fois cela discerné, à posséder constamment la possibilité comme la volonté de réaliser dans la pratique ce qui vaut le mieux.

En premier lieu, il est difficile en effet de reconnaître la nécessité, pour un art politique vrai, de se préoccuper, non pas de l'intérêt individuel, mais de l'intérêt commun, car l'intérêt commun fait la cohésion des États, tandis que l'intérêt individuel les désagrège brutalement ; difficile en outre de reconnaître que l'avantage, à la fois de l'intérêt commun et de l'intérêt individuel, de tous les deux ensemble, est que l'on mette en belle condition ce qui est d'intérêt commun, plutôt que ce qui est d'intérêt individuel.

En second lieu, à supposer que d'aventure, on ait acquis dans les conditions scientifiques voulues la connaissance de cette nécessité naturelle ; à supposer, en outre de cela, que dans l'État, on soit investi d'une souveraineté absolue et qui n'ait point de comptes à rendre, il ne serait jamais possible que l'on demeurât toujours fidèle à cette conviction, c'est-à-dire que, tout au long de la vie, on entretînt à la place maîtresse l'intérêt commun, et l'intérêt individuel en état de subordination à l'égard de l'intérêt commun." PLATON Dans cet extrait assez pessimiste sur la nature humaine, Platon oppose l'intérêt individuel, toujours déjà, égoïste à l'intérêt commun qui, seul, prend possible la coexistence pacifique des hommes entre eux.

Dès lors, il est évident que l'instauration de lois régulatrices des passions humaines est nécessaire.

En effet, le bien commun ne peut s'édifier sur la bonne volonté ou sur la confiance faite aux hommes, ceux-ci faisant toujours prévaloir leur intérêt personnel sur celui de tous. On pourra discuter la thèse de Platon (qu'Hobbes reprendra à son compte) en se demandant si seule la puissance légale est capable de mettre un terme à la violence et à la virulence des égoïsmes ? (cf.

ci-joint). « Il apparaît clairement par là qu’aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est la guerre de chacun contre chacun.

» HOBBES. Hobbes vit dans une Angleterre troublée par une guerre civile dont les causes sont à la fois religieuses et politiques.

Le principe même de la monarchie est critiqué et le roi atteint dans sa personne.

En Angleterre, Charles Ier est exécuté en 1649 et Jacques II doit s’enfuir en 1688. Hobbes va s’atteler à une tâche à la fois pratique et théorique.

Il s’agit de soutenir la monarchie au pouvoir ; ce soutien prend la forme d’un ouvrage théorique qui justifie l ‘autorité quasi absolue du pouvoir en place. L’œuvre de Hobbes est axée sur le concept de souveraineté (autorité politique, puissance de l’Etat, pouvoir de commander) dont il affirme qu’elle est indivisible et quasi absolue. Avant d’expliquer ce qui fait la spécificité de la pensée de Hobbes, exprimée principalement dans le « Léviathan » (1651), il est nécessaire de préciser quelques points de vocabulaire. « République » (« Common-Wealth ») correspond à ce que nous appelons l’ « Etat ».

Hobbes lui-même donne le mot « Stade » comme un équivalent. « Souveraineté » (ou souverain) est un mot qui, comme chez Bodin, désigne l’âme de la République, en ce sens qu’il exprime l’autorité de l’Etat, telle qu’elle existe indépendamment des individus.

Le mot « souverain » peut donc, comme le mot « personne » étudié ci-après, se rapporter à plusieurs individus. « Personne » est employé dans le sens moderne de « personne morale ».

Cette personne qui détient la souveraineté peut être un individu, une assemblée ou la totalité du peuple.

Quant Hobbes dit que la souveraineté ne peut pas être divisé et doit être détenue par une « personne unique », il envisage ces trois situations (un seul, une assemblée, la totalité du peuple).

Le fait que ses préférences aillent à la monarchie dont le roi détient effectivement le pouvoir (qui s’oppose à la monarchie parlementaire où le parlement détient une part de la souveraineté) ne l’empêche pas de penser que, dans les trois cas, la souveraineté doit être quasi absolue et indivisible. Enfin, dans l’exposé qui précède, nous avons parlé de l’Angleterre, alors qu’en toute rigueur, il aurait fallu parler du Royaume-Uni.

Nous avons suivi en cela, et continuerons à suivre, l’usage populaire.

A strictement parler, le mot Grande-Bretagne convient mieux parce qu’en 1603, Jacques VI Stuart, roi d’Écosse, devient Jacques I er d’Angleterre. Même s’il faudra attendre 1707 pour qu’ait lieu la fusion des couronnes, on date de 1603 le début du Royaume-Uni. Si l’on devait résumer en une seule phrase l’œuvre politique de Hobbes, la phrase étudiée ici, qui figure au chapitre 13 du « Léviathan », est certainement celle qui conviendrait le mieux : « Il apparaît clairement par là qu’aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est la guerre de chacun contre chacun.

». »

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