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Platon

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Dans les autres cités, il est naturel que ceux qui sont devenus philosophes ne participent point aux travaux de la vie publique, puisqu'ils se sont formés eux-mêmes, malgré le gouvernement de ces cités ; or il est juste que celui qui se forme soi-même et ne doit sa nourriture à personne ne veuille en payer le prix à qui que ce soit. Mais vous, nous vous avons formés dans l'intérêt de l'État comme dans le vôtre pour être ce que sont les chefs et les rois dans les ruches : nous vous avons donné une éducation meilleure et plus parfaite que celle de ces philosophes-là, et nous vous avons rendus plus capables d'allier le maniement des affaires à l'étude de la philosophie. Il faut donc que vous descendiez, chacun à votre tour, dans la commune demeure et que vous vous accoutumiez aux ténèbres qui y règnent : lorsque vous serez familiarisés avec elles vous y verrez mille fois mieux que les habitants de ce séjour, et vous connaîtrez la nature de chaque image, et de quel objet elle est l'image, parce que vous aurez contemplé en vérité le beau, le juste et le bien. Ainsi le gouvernement de cette cité [...] sera une réalité et non pas un vain songe, comme celui des cités actuelles, où les chefs se battent pour des ombres et se disputent l'autorité qu'ils regardent comme un grand bien. Voici là-dessus quelle est la vérité : la cité où ceux qui doivent commander sont les moins empressés à rechercher le pouvoir, est la mieux gouvernée et la moins sujette à la sédition, et celle où les chefs sont dans des dispositions contraires se trouve elle-même dans une situation contraire. Platon

« "Dans les autres cités, il est naturel que ceux qui sont devenus philosophes ne participent point aux travaux de la vie publique, puisqu'ils se sont formés euxmêmes, malgré le gouvernement de ces cités ; or il est juste que celui qui se forme soi-même et ne doit sa nourriture à personne ne veuille en payer le prix à qui que ce soit.

Mais vous, nous vous avons formés dans l'intérêt de l'État comme dans le vôtre pour être ce que sont les chefs et les rois dans les ruches : nous vous avons donné une éducation meilleure et plus parfaite que celle de ces philosophes-là, et nous vous avons rendus plus capables d'allier le maniement des affaires à l'étude de la philosophie.

Il faut donc que vous descendiez, chacun à votre tour, dans la commune demeure et que vous vous accoutumiez aux ténèbres qui y règnent : lorsque vous serez familiarisés avec elles vous y verrez mille fois mieux que les habitants de ce séjour, et vous connaîtrez la nature de chaque image, et de quel objet elle est l'image, parce que vous aurez contemplé en vérité le beau, le juste et le bien.

Ainsi le gouvernement de cette cité [...] sera une réalité et non pas un vain songe, comme celui des cités actuelles, où les chefs se battent pour des ombres et se disputent l'autorité qu'ils regardent comme un grand bien.

Voici là-dessus quelle est la vérité : la cité où ceux qui doivent commander sont les moins empressés à rechercher le pouvoir, est la mieux gouvernée et la moins sujette à la sédition, et celle où les chefs sont dans des dispositions contraires se trouve elle-même dans une situation contraire." PLATON • Le problème posé par le texte Qui est habilité à gouverner et comment avoir la garantie que ceux qui exercent le pouvoir ne l'exercent pas dans leur intérêt propre mais dans celui de l'État ? • Le raisonnement Platon dit que ce sont les philosophes qui doivent être gouvernants (« rois »). Pour quelles raisons ? Le philosophe est celui qui a contemplé les vérités immuables et éternelles du monde intelligible (voir supra, p.

12).

C'est ce qui le rend apte à gouverner : sachant ce qu'est le bien et l'essence de la justice, il pourra éclairer les « ténèbres » de la cité et conduire l'État.

Platon ajoute en fin de texte que la cité échappe ainsi aux luttes pour le pouvoir, lequel n'est lui-même qu'un faux bien, une « ombre ».

En confiant les affaires publiques au philosophe, qui possède, avec le savoir, un bien supérieur à celui que le pouvoir fait espérer, il n'y a pas de risque de voir le bien public dévoyé et confisqué au profit de celui qui en a la charge.

Ainsi le savoir fonde-t-il le pouvoir et, parce qu'il est en lui-même désintéressé, garantit-il contre un exercice du pouvoir à des fins personnelles. Quels philosophes pour être chefs ? Le début du texte distingue deux sortes de philosophes : ceux qui le sont devenus malgré la cité où ils vivent, et ceux qui ont été éduqués à la philosophie dans la cité juste, en vue d'y exercer la fonction de dirigeants.

Ceux-ci ne sont pas davantage philosophes que les premiers, mais ils sont plus aptes à diriger les affaires publiques, lesquelles ne sont pas une préoccupation philosophique. • Rapprochements possibles et intérêt philosophique du texte Contre l'individualisme démocratique, Platon propose un modèle où l'individu lui-même n'est qu'une fonction de la communauté, strictement hiérarchisée.

Karl Popper a pu ainsi faire de Platon le premier penseur de la société « fermée » ou « totalitaire ».

Seuls ceux qui gouvernent savent ce qui est bon pour tous.

Ils pensent pour eux et peuvent aller, comme c'est le cas dans La République, jusqu'à régler le détail de la vie privée.

La tâche du philosophe est alors moins d'instruire les citoyens pour les émanciper, que de les guider dans l'« obscurité » de la caverne où ils vivent. Il est possible d'opposer au modèle platonicien l'idéal démocratique du philosophe, ou de l'intellectuel, non dépositaire d'une science du politique, mais installé au contraire dans une fonction critique à l'égard du pouvoir, alimentant le libre débat et la confrontation des opinions : Socrate, en somme, contre Platon. PLATON.

Né à Égine, près d'Athènes, en 429 av.

J.-C., mort à Athènes en 347 av.

J.-C. Son père, Ariston, descendait de Codros, dernier roi d'Athènes, et sa mère, Périctyone, de Solon.

Il fut l'élève de l'héraclitéen Cratyle, et s'initia aux arts.

Il prit part à des concours de tragédie, et se passionna plus spécialement pour la musique et les mathématiques.

Vers 407, il rencontra Socrate, dont il resta l'ami et le disciple jusqu'en 399, date de. »

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