Philosophie L’Art (cours complet)
Publié le 29/04/2024
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Philosophie
L’Art
I/ L’art, signe humain par excellence
A/ Quelle est la nature de l’œuvre d’art ?
1) Art est synonyme de technique
L’activité artistique est l’une des premières manifestations de la culture humaine.
Le mot art désigne toute
technique qui résulte d’un apprentissage et permet de produire un résultat.
L’art du tailleur de pierre, du
menuisier, de l’architecte renvoie à la maîtrise talentueuse d’un métier qui se donne à voir dans une
production: une maison, une table, un poème
2) Art mécanique et arts libéraux
Chez les Grecs et les Romains, toute activité manuelle était déprécié et réservée la plupart du temps aux
esclaves.
De là vient la distinction entre les «arts mécaniques» qui visent l’utile et les «arts libéraux», arts
des hommes libres, comme l’étude de la philosophie, de la logique, de la musique, etc
3) Les Beaux-Arts
Depuis le XVIIIe siècle, l’art relève de ‘esthétique, science qui traite du Beau et du sentiment que le Beau
fait naître ne nous, et désigne ce qu’on nommait à La Renaissance les «beau – arts».
Dès lors, l’art apparaît
comme un domaine particulier de l’activité humaine.
Les œuvres d’art, uniques, se démarquent de
productions artisanales et industrielles dont la finalité reste utilitaire.
B/ Pourquoi l’activité artistique nous importe – t – elle ?
La création artistique montre que l’homme est capable de se détacher de l’utilitaire pour créer «autre chose»
et cela dès l’origine de l’humanité.
On trouve des témoignages artistiques dans les grottes préhistoriques, et
la façon dont les outils les plus anciens étaient taillés atteste d’un souci esthétique évident.
Le œuvres d’art laissées par les civilisations sont ainsi des traces qui nous permettent de mieux appréhender
les cultures de l’intérieur.
Quelles étaient les préoccupations spirituelles de ces hommes ? Quelle était leur
vision du monde ? Pourquoi l’art concerne – t -il la philosophie ? L’art n’est pas une simple trace de
l’histoire humaine, il est aussi manifestation d’aspiration métaphysique.
C/ Le besoin d’art
1) Extérioriser ce que l’on est
L’Homme, en tant que vivant, existe immédiatement, comme les choses de la nature.
Mais il est cet être
conscient, capable de se donner une représentation de lui – même.
L’œuvre d’art extériorise ce qu’il est est.
L’art apparaît comme l’expression d’un besoin essentiellement humain, universellement partagé.
Leroi –
Gourhan décèle les traces des premières conduites artistiques de l’homme dans des collections de curios et
de fossiles découverts dans des habitats du Moustérien.
C’est le premier signe de la «quête du fantastiques
naturel» qui pousse à créer des formes bizarres.
2) Laisser son empreinte
Grâce à ses productions artistiques, au sens étymologique, l’homme va transformer son environnement: le
travail sur la matière va modifier la réalité extérieure.
Il laisse de cette façon sa marque, son empreinte, sur
cette matière étrangère.
C’est pourquoi les œuvres d’art sont le signe donné par les certains hommes à
d’autres hommes, à travers le temps et l’espace, signe que le superflu est nécessaire.
D/ Qu’est – ce qu’un artiste ?
1) Un grand travailleur
Il faut éviter les lieux communs sur l’artiste inspiré créant spontanément un chef – d’œuvre.
Les grands
artistes sont de grands travailleurs.
Ils apprennent pendant de longues années les techniques de leur art.
Leur
génie est ce «supplément d’âme» comme l’appelle Bergson.
Pour Kant, le génie doit posséder originalité,
exemplarité, incapacité à «indiquer scientifiquement comment il réalise son œuvre»
2) Un génie créateur
Le génie n’est donc ni un imitateur, ni un manifeste.
Inspiré par d’autres génies, il v développer son propre
génie créateur avec acharnement, souvent au prix d’une certaine marginalité ou d’une indifférence.
S’il faut
se méfier du mythe de l’artiste maudit, il existe bel et bien une défiance au public devant cette «inquiétante
étrangeté» comme le dit Freud, des œuvres nouvelles et qui laisseront une empreinte, une trace esthétique,
spirituelles et culturelle de leur époque.
II/ Qu’est – ce que l’art ?
A/ L’art est une imitation de la nature
1) Une imitation trompeuse
Les philosophes antiques se méfient de l’art.
En effet, la perception d’une œuvre d’art provoque une
émotion, une réaction affective, et cette émotion nous détournes de la réalité, donc de la vérité.
Dans La République (Livre X), Platon n’hésite pas à chasser les poètes de la cité idéale car ils séduisent
même les sages et font prendre l’apparence pour la réalité.
L’art travestit doublement la Vérité.
Il imite non la réalité/vérité des Idées, mais l’apparence de notre monde
sensible, qui n’est lui -même qu’une image du monde intelligible.
Imiter la nature, c’est donc faire une copie
de copie! L’artiste, pour Platon, est un faussaire.
2) La dialectique
Un seul art échappe à ce jugement négatif: la dialectique, art de s’élever de définition en définition jusqu’au
Vrai, jusqu’au Bien, synonymes chez Platon.
Dans Le Banquet , Platon montre comment l’individu passe de
l’amour d’un beau corps à l’amour de la belle forme en soi, puis à l’amour de la vertu et de la science pour
atteindre l’Idée du Beau, de Bien et de Vrai.
Ces trois valeurs forment l’esthétique platonicienne.
L’art
véritable, la dialectique doit être morale et permettre de se détacher du monde obscur et fallacieux de la
caverne – le nôtre -, pour accéder au monde lumineux du Beau/Bien/Vrai.
La dialectique est au sens érotique
puisqu’elle sert part de l’amour sensible, Éros, pour atteindre l’amour intelligible.
B/ La mimèsis a pour objet la vie humaine
1) L’imitation est une tendance naturelle
Aristote accorde à l’art un statut officiel différent.
Certes, l’art est une imitation (mimèsis) de la nature, mais
cette imitation appartient à la nature même de l’Homme.
Elle n’est pas dépréciée comme chez Platon.
Elle
est innée: dès l’enfance «imiter est une tendance naturelle aux hommes», écrit Aristote (Poétique, Livre IV).
Ce goût d’imiter permet d’apprendre et de progresser.
2) Le Catharsis
Aristote pense que l’art prépare à la connaissance, en suscitant curiosité et étonnement.
Si Platon condamne
l’art au nom de la vérité et de la morale, Aristote défend l’art comme «purification»: la tragédie, par exemple,
par la crainte et la pitié qu’elle provoque chez le spectateur, effectue la «purification» des passions.
L’art
aurait des vertus apaisantes.
C/ L’art est une prise de conscience
1) Imitation et création
Pour Hegel, l’imitation est une tâche superflue et présomptueuse: pourquoi refaire ce qui existe déjà dans la
nature ? L’imitation n’apporte que la satisfaction d’éprouver son habilité technique.
Seule la création réalise
la nature humaine, et le Beau est une forme de la manifestation de l’Esprit.
L’art est l’Idée rendue sensible.
Hegel distingue trois grandes périodes qui sont autant de moments du développement de l’Esprit: l’art
symbolique (civilisation égyptienne), l’art classique (civilisation grecque), l’art romantique (civilisation
chrétienne)
2) L’art est un langage
Tout art exprime l’Esprit, il est toujours un langage.
Comme la religion et la philosophie, l’art nous élève
vers l’absolue.
L’œuvre d’art manifeste la liberté de l’homme face à la nature.
Imiter la nature n’est pas faire
preuve de liberté.
D/ L’art est une transfiguration du réel
L’art est ainsi lié à l’artifice.
L’artifice est à la fois l’art de tromper et l’habileté, l’ingéniosité.
Ajd, dans l’art,
l’artifice implique davantage le non – naturel que la tromperie.
Mais il y a toujours une part d’illusion dans
l’art: la perspective, les peintures en trompe – oeuil, etc.
L’art n’a donc pas pour fin de reproduire fidèlement la nature.
Baudelaire affirme même que la nature est
mauvaise conseillère: tout ce qui est Beau résulte de l’artifice.
D’ailleurs, si l’art était une imitation de la
nature, comment pourrions – nous être émus par la musique ou par une peinture non figurative ? Toute chose
peut être transfigurée par l’art.
Telle est la paire de vieux souliers de paysans peinte par Van Gogh.
Elle
devient belle en tant qu’objet esthétique et nous procure une intense émotion.
Les souliers de Van Gogh sont
tous les souliers.
Ils sont «vivants».
L’Homme qui les a portés est rendu présent, car «l’art ne reproduit pas le
visible, il rend visible», écrit le peintre Paul Klee
III/ A quoi sert l’art ?
A/ L’art, c’est la vie
1) Faire de sa vie une œuvre d’art
Nietzsche pense que l’art est l’esthétisation de la vie.
Ce n’est pas la création d’une œuvre d’art unique qui
importe, c’est de faire de sa vie tout entière une œuvre d’art.
L’art c’est la vie elle – même.
Il nous apprend à
tolérer, à communiquer, à dire un «oui» tonitruant à la vie, quelle qu’elle soit, et à écarter les forces réactives
du ressentiment
2) L’art est une sublimation
Freud affirme la même idée.
L’art est sublimation, c’est – à – dire esthétisation des pulsions.
Créer permet de
se débarrasser du refoulé.
L’art emprunte sa force aux pulsions fondamentales pour les dériver vers un but de
substitutions socialement valorisé.
Mais Freud dit aussi que, si on peut expliquer par l’analyse
psychanalytique les conditions d’apparition d’une œuvre, on ne peut rien dire quant au «don» artistique qui
échappe à toute interprétation.
B/ L’art, «délicatesse de goût» et consolation
1) L’art rend heureux
L'art a une....
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