Philosophie - Khôlle 2 - 17/01/2024 Sujet : “Ne desire-t-on que ce qu’on a perdu”
Publié le 06/04/2024
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Philosophie - Khôlle 2 - 17/01/2024
Sujet : “Ne desire-t-on que ce qu’on a perdu”
Introduction :
Le terme "désir" peut être appréhendé comme une impulsion intérieure, souvent d'origine
psychologique, qui pousse un individu à rechercher quelque chose en vue d'atteindre une
satisfaction, un bonheur ou un épanouissement.
Cette force intérieure peut revêtir des
formes diverses, allant du désir matériel, lié aux biens tangibles, au désir émotionnel,
ancré dans les relations interpersonnelles, et au désir intellectuel, portant sur la
connaissance et la compréhension du monde.
La complexité du concept de désir réside
dans sa capacité à in uencer le comportement humain de manière variée, tout en étant
intrinsèquement liée à la subjectivité de chaque individu.
La "perte", quant à elle, se manifeste par la privation de quelque chose de précieux, que
ce soit un objet, une relation, ou une expérience signi cative.
Les émotions associées à la
perte, telles que la tristesse, le deuil, ou la nostalgie, soulignent l'impact profond et
souvent douloureux que cette privation peut avoir sur le vécu émotionnel d'un individu.
Le lien entre le désir et la perte a été une préoccupation constante dans la ré exion
philosophique à travers les époques.
Dans la pensée antique, Platon, philosophe grec du
IVe siècle avant J.-C., concevait le désir comme une quête incessante de ce qui manque
à l'âme.
Selon lui, l'être humain est constamment en recherche de l'idéal, de la perfection
ou d'une plénitude qui semble toujours lui échapper.
Cette conception platonicienne met
en lumière le caractère insatiable du désir, soulignant que la motivation profonde réside
dans la recherche perpétuelle d'un bien supérieur qui comblerais le vide intérieur.
À une époque plus moderne, les philosophes existentialistes, dont Jean-Paul Sartre au
XXe siècle, ont examiné le désir dans le contexte de la liberté individuelle.
Sartre
considérait le désir comme une manifestation de cette liberté, s'a rmant face à la perte
d'un sens préétabli dans l'existence.
Dans sa perspective existentialiste, l'individu est
responsable de la construction de son propre sens de la vie, et le désir devient ainsi un
moyen d'a rmer cette liberté et de donner un sens à son existence, même face à
l'absurdité de l'existence humaine.
Sur le plan psychologique, Sigmund Freud, fondateur de la psychanalyse au début du
XXe siècle, a apporté une contribution majeure à la compréhension du désir et de la perte
dans le développement humain.
Selon la théorie freudienne, les expériences infantiles,
marquées par des pertes réelles ou symboliques, jouent un rôle déterminant dans la
formation des désirs et des mécanismes de défense psychologique.
Les expériences de
perte dans l'enfance peuvent in uencer la manière dont les individus développent leurs
désirs, leurs attachements, et leurs réponses émotionnelles ultérieures.
La problématique centrale de cette dissertation interroge la nature même du désir en se
demandant s'il est inévitablement enraciné dans la perte.
En d'autres termes, le désir
émerge-t-il uniquement en réaction à une absence, à une privation, ou à une perte
antérieure, ou peut-il également être motivé par des facteurs indépendants de cette
dynamique, tels que l'aspiration vers l'inconnu, la curiosité intrinsèque, ou encore la
créativité spontanée ? Cette question ouvre la voie à une ré exion sur les mécanismes
psychologiques et philosophiques sous-tendant le désir humain, tout en invitant à
explorer les nuances de cette relation entre le désir et la perte.
Nous nous attacherons à
analyser ces di érentes dimensions pour éclairer si le désir est e ectivement
intrinsèquement lié à ce que l'on a perdu.
Ainsi on se demandra si le désir est
nécessairement lié à ce qu’on a perdu ? A n de répondre à ces questions, nous
commenceront par étudier le désir vu par le prisme d’une aspiration vers l’inconnu puis
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cela nous amènera à étudier le désir comme une réaction à la perte, en n nous verrons si
le désir sans pertes est possible.
I.
Le désir vu par le prisme de aspiration vers l'inconnu
Le désir, envisagé comme une force motrice, s'érige en une énergie intrinsèque
propulsive qui anime les individus dans leur quête d'accomplissement, de réalisation
personnelle, ou de satisfaction.
Cette impulsion dynamique ne se restreint pas à une
simple réaction face à une perte, mais trouve son origine dans la volonté constante
d'amélioration, de croissance personnelle, et de recherche d'aventures nouvelles.
Cette conception du désir comme force propulsive trouve un écho particulièrement fort
dans la pensée de Friedrich Nietzsche.
Ce philosophe allemand du XIXe siècle a introduit
la notion de "désir de puissance" dans sa philosophie, considérant ce désir comme une
force fondamentale qui pousse l'individu à se surpasser, à conquérir de nouveaux
territoires, et à atteindre des sommets inexplorés.
Pour Nietzsche, le désir n'est pas
simplement une réponse à un manque, mais plutôt une force créatrice qui impulse le
dépassement de soi.
De plus, la philosophie existentialiste, dont Jean-Paul Sartre est l'un des principaux
représentants, souligne le rôle du désir dans la construction de l'existence individuelle.
Sartre considère que l'existence précède l'essence, ce qui signi e que l'individu se dé nit
par ses actions et ses choix plutôt que par une essence préétablie.
Dans cette
perspective, le désir devient une force motrice qui guide les choix de l'individu, lui
donnant une direction et contribuant ainsi à la création de sa propre essence.
Par ailleurs, des exemples tirés de la littérature viennent illustrer cette conception du désir
comme force propulsive.
Le personnage d'Edmond Dantès dans "Le Comte de MonteCristo" d'Alexandre Dumas incarne le désir de vengeance comme une force motrice qui
le pousse à transformer sa vie pour atteindre ses objectifs.
Ce désir intense le conduit à
dépasser les limites conventionnelles de la morale, illustrant ainsi la puissance
transformative du désir.
En résumé, cette exploration du désir comme force motrice met en lumière le caractère
propulsif du désir, capable d'insu er une dynamique puissante dans la vie individuelle,
transcendant ainsi la simple réaction à une perte antérieure.
Le désir, polymorphe, quand à lui, se déploie à travers diverses dimensions de la vie
humaine, révélant ainsi les multiples facettes de l'expérience individuelle.
Chaque forme
de désir, qu'il soit matériel, émotionnel ou intellectuel, peut nous permettre de mieux
comprendre la mécanique du désir général.
- Le désir matériel, souvent lié à l'acquisition de biens et à la recherche de richesse
matérielle, a été examiné sous l'angle philosophique par des penseurs tels qu'Adam
Smith.
Ce dernier, dans son ouvrage "La Richesse des nations", a souligné l'importance
du désir matériel comme moteur du fonctionnement des marchés.
Smith avançait que la
poursuite individuelle de la richesse contribue, de manière paradoxale, au bien commun,
créant ainsi une interconnexion entre les intérêts personnels et l'ordre économique.
Exemple littéraire : Le roman "Le Loup des steppes" de Hermann Hesse explore le désir
matériel à travers le protagoniste Harry Haller, qui oscille entre une quête spirituelle
intérieure et une attirance troublante pour les plaisirs matériels de la vie.
- Le désir émotionnel, incarné dans les relations interpersonnelles, trouve écho dans la
pyramide des besoins d'Abraham Maslow.
Maslow a inclus le besoin d'appartenance et
d'amour dans sa hiérarchie des besoins, soulignant ainsi l'importance du désir
émotionnel dans la réalisation personnelle.
Cette dimension du désir explore la recherche
de connexion, d'a ection et d'amour comme des éléments essentiels à l'épanouissement
humain.
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Exemple littéraire : Dans "Orgueil et Préjugés" de Jane Austen, les personnages
principaux, Elizabeth Bennet et Mr.
Darcy, traversent un parcours complexe alimenté par
le désir émotionnel, illustrant les nuances des relations humaines
- La dimension intellectuelle du désir, caractérisée par la soif de connaissances, de
compréhension et de créativité, a été explorée par des penseurs comme John Locke.
Locke, dans son "Essai sur l'entendement humain", a mis en avant l'importance de
l'éducation et de l'expérience intellectuelle dans la formation de l'individu.
Exemple littéraire : Le personnage d'Edmond Dantès dans "Le Comte de Monte-Cristo"
d'Alexandre Dumas incarne le désir intellectuel à travers sa quête de savoir et de justice,
illustrant ainsi la puissance transformative de la connaissance.
En somme, l’analyse des di érentes formes de désir, ancrée dans la pensée de
philosophes et illustrée par plusieurs exemples, démontre la richesse et la diversité de
cette force motrice dans la vie humaine.
Chaque forme de désir interagit de manière
spéci que, façonnant ainsi l'expérience individuelle et contribuant à la complexité de la
nature humaine.
Il est essentiel de souligner que le désir peut émerger de sources diverses,
indépendamment de toute perte antérieure, renforçant ainsi son caractère autonome et
proactif.
Cette perspective trouve écho dans les thèses de philosophes qui ont examiné
le désir en dehors du prisme de la perte.
Par exemple, la pensée existentialiste de Jean-Paul Sartre o re une perspective
intéressante sur le désir.
Pour Sartre, le désir n'est pas simplement une réaction à une
lacune, mais plutôt une manifestation de la liberté individuelle.
Sartre a rme que
l'existence précède l'essence, soulignant que l'individu crée son essence à travers ses
choix et actions.
Ainsi, le désir, dans cette perspective, devient une....
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