Philosophie : explication du chapitre 3 du Livre 1 du Contrat Social de Jean Jacques Rousseau
Publié le 08/05/2023
Extrait du document
«
Philosophie : explication du chapitre 3 du Livre 1 du Contrat Social de Jean Jacques
Rousseau
Dans le livre 1 Du contrat social de Jean Jacques Rousseau, l’auteur examine et
réfléchit aux conditions d’une société possible de citoyens libres.
Selon Rousseau, la liberté
politique n'est possible et garantie qu'à la condition de concevoir cette société comme la
conséquence d'un contrat antérieur entre tous les individus qui la composent.
Dans le premier paragraphe du chapitre 3, qui s’intitule “du droit du plus fort”, le
philosophe commence par montrer d’où est née l’idée qu’il existe un droit du plus fort.
Puis
dans le second, il évoque les conséquences politiques de ce droit présumé et qui, justifierait
aussi bien l’obéissance que l’inverse.
Enfin, Rousseau termine par deux exemples pour
finalement réfuter l’existence du droit du plus fort.
Tout d’abord, Rousseau entreprend de montrer comment l’idée d’un droit du plus
fort a pu naître.
En effet l’auteur choisit d’attirer l’attention sur les origines de l’invention de
cette expression.
Comprenant cela, l’auteur ne considère pas cela comme un fait avéré,
mais plutôt comme un tic de langage.
Il s’agirait en fait (l2 : « de là ») de l’ambition
personnelle du plus fort qui, en transformant sa force en droit, trouverait un moyen de garder
plus longtemps (voire de façon permanente et absolue) sa place de “maître” (l1).
Puisque
cette volonté ne peut pas être satisfaite uniquement par la domination et la force naturelle,
car celle-ci est instable, la nécessité d’imposer des “droits” et des “devoirs” (l2) s’impose, car
le plus fort peut rencontrer un jour plus fort que lui.
La stratégie qu’il possède alors est celle
de prétendre un véritable droit sur les autres, et ainsi créer une sensation de devoir.
C’est
ensuite ce qu’explique le philosophe dans la deuxième phrase : la domination qu'il exerce
sur les plus faibles n’est pas réelle, mais elle fonctionne quand même.
Cela renvoie à une
réalité physique, et l’on peut le voir car les mots “force” et “obéissance”, que Rousseau
distingue d’une réalité morale, elle-même appuyée par les mots “droit” et “devoir”.
On est
alors face à ce qu’il appelle un “prétendu droit” (l 8), et les mots (« ironiquement »/«
réellement » ; « en apparence »/« en principe »), contribuent à révéler l’illégitimité du « droit
» du plus fort.
Plus loin dans le paragraphe, Rousseau continue de se poser la question sur la
proclamation du droit du plus fort par des questions rhétoriques lignes 4 et 7-8.
Ces
questions relèvent le problème suivant : aucune de ces causes physiques ne peut
engendrer un effet moral.
C’est en effet précisé dans les lignes suivantes : il ne faut pas
confondre force et droit, ni nécessité et volonté, ni prudence et devoir.
Si on est forcé à faire
quelque chose, le droit de ne pas le faire nous est retiré.
De même pour la nécessité, qui
retire toute volonté à l’action auquel on est forcé.
Et enfin, si l’on est poussé à agir par
prudence, c’est que ce n’est plus le devoir qui nous dicte.
Ainsi, toute forme de moralité
disparaît.
1
Rousseau a donc montré grâce aux origines du concept du droit du plus fort que
cette idée apparaît plutôt contestable.
Il montre alors dans ce second paragraphe que la
force ne peut faire droit, que ce serait un “galimatias inexplicable” (l 9).
Il explique donc que
le droit produit des effets, et qu’il peut avoir plusieurs causes, dont l’une est la force.
Or,
dans une société ou seule la force prime, si elle ne fonctionne pas, ou se trouve incapable
de punir systématiquement, le droit ne signifie plus rien.
Puisque l’on avait le droit de
désobéir sans être puni.
La phrase “sitôt qu’on peut désobéir impunément, on le peut
légitimement” l’explique en fait très exactement.
En d’autres termes, à partir du moment où
l’on peut faire quelque chose, sans que la force ne nous réprime, alors c’est que l’on
possédait le droit de le faire, puisque la force est censée être le droit.
Donc, si l’on a le droit
de désobéir, c’est qu’il n'y a plus de droit.
D’où la phrase “qu’est-ce qu’un droit qui périt quand la force cesse ?” ligne 13
Puisque si il n'y a plus de force, et donc plus de droit, c’est que le droit employé dans “du
droit du plus fort”, n’était qu’un mot.
De là, même si on avait prétendu établir un droit avec la
force, cela reste incohérent et l’édifice moral s’écroule, car le droit est supposé être moral.
De plus, il faut rappeler encore une fois la fragilité de ce système, car le plus fort peut
toujours trouver plus fort que lui.
Cela est d’autant plus illégitime, car la loi....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- COMMENTAIRE DE LA PRÉFACE ET DU LIVRE l DE L'ÉMILE OU DE L 'ÉDUCATION DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU
- Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778) Profession de foi du vicaire savoyard (dans Émile)
- Le contrat social de Rousseau extrait 7: la volonté générale
- Jean-Jacques Rousseau: Y a-t-il un droit du plus fort ? ?
- Jean-Jacques Rousseau: Le progrès technique est-il cause de décadence morale ?