Philosophie et opinion ?
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«
Termes du sujet:
PHILOSOPHIE
La philosophie, selon Pythagore, auquel remonte le mot, ce n'est pas la sophia elle-même, science et sagesse à la
fois, c'est seulement le désir, la recherche, l'amour (philo) de cette sophia.
Seul le fanatique ou l'ignorance se veut
propriétaire d'une certitude.
Le philosophe est seulement le pèlerin de la vérité.
Aujourd'hui, où la science constitue
tout notre savoir et la technique, tout notre pouvoir, la philosophie apparaît comme une discipline réflexive.
A partir
du savoir scientifique, la visée philosophique se révèle comme réflexion critique sur les fondements de ce savoir.
A
partir du pouvoir technique, la sagesse, au sens moderne se présente comme une réflexion critique sur les
conditions de ce pouvoir.
Introduction
On définit ordinairement l'opinion comme un avis, un jugement porté sur un sujet, qui ne relève pas d'une
connaissance rationnelle vérifiable, et dépend donc du système de valeurs en fonction duquel on se prononce.
La
philosophie considère souvent l'opinion comme un jugement sans fondement rigoureux, souvent dénoncé dans la
mesure où il se donne de façon abusive les apparences d'un savoir.
Héraclite déjà critiquait ce qu'il appelait les
« polymathes », c'est-à-dire ceux qui prétendaient au savoir du fait qu'ils avaient une somme considérable de
connaissances.
Car l'important, pour Héraclite, n'est pas de connaître beaucoup de choses, mais de savoir écouter
le Logos (la raison), et de comprendre que « tout est un ».
La question de la vérité a donc souvent conduit les
philosophes à instaurer divers types de connaissances, et l'opinion s'est vue être recalée au rang du genre de
connaissance peu fiable, fondée sur des impressions, des sentiments, des croyances ou des jugements de valeur
subjectifs.
Mais au regard de la difficulté propre à établir la vérité, peut-on rendre à l'opinion une place insigne, en
ce qu'elle reflèterait toujours une part de vérité ?
I.
La philosophie contre l'opinion
a.
La philosophie naît du besoin, d'une inquiétude, d'un étonnement, ainsi que d'une exigence morale.
Le simple
constat que la réalité est investie par des contradictions infinies amène le philosophe à déterminer une norme de
vérité.
Car en effet les opinions, qui sont aussi multiples que la diversité des phénomènes, ne peuvent offrir de
critère de vérité.
C'est le stoïcien Epictète qui cherche ainsi une norme, norme qui permettra de mesurer
l'authenticité des opinions (Entretiens, II).
La philosophie serait ainsi cette
norme capable de juger les connaissances, et ainsi d'asseoir un savoir
toujours plus véridique.
Elle serait la marque en tout homme de sa capacité à
agir conformément à la sagesse : « Toute sa force est dans un ferme
jugement, contre la mort, contre la maladie, contre un rêve, contre une
déception.
Cette notion de la philosophie est familière à tous et elle suffit »
(Alain, Eléments de philosophies).
b.
Spinoza posait l'opinion en tant que plus bas degré de la
connaissance ; ainsi, l'opinion est « sujette à l'erreur et n'a jamais lieu à
l'égard de quelque chose dont nous sommes certains, mais à l'égard de ce
que l'on dit conjecturer ou supposer » (Court Traité, chap.
II).
Platon a aussi
rabaissait l'opinion ou la croyance à la connaissance du visible, et donc de
l'inessentiel.
La croyance se situe ainsi, dans le « paradigme de la ligne »
(République, L.
VI, 509-511), dans le domaine visible, et non intelligible.
Les
objets matériels donnent lieu à une représentation plus précise (croyance)
certes, que leur image (imagination), mais elle reste vouée à donner au sujet
une connaissance ontologique faible.
La vérité n'est possible que par
l'intelligence, seule capable de contempler les Idées, principes de toutes
réalités.
D'où aussi les critiques fameuses de Platon adressées aux sophistes,
ces marchands de savoirs, qui considéraient que la vérité n'est pas une, mais
qu'elle est relative selon le point de vue de chacun : ainsi Protagoras affirmait
que « l'homme est mesure de toutes choses », à la différence de Platon pour qui c'est Dieu.
c.
Bachelard dira, dans La Formation de l'esprit scientifique, qu'en matière de connaissance scientifique,
l'objectif n'est pas ce qui est donné, mais ce que l'on doit construire (en raisonnant, en calculant, en élaborant des
concepts, en utilisant des instruments, en procédant à des vérifications expérimentales).
L'objet scientifique est ce
dont on se rapproche par élimination progressive, non pas du sujet (dont l'activité est nécessaire à cette
construction), mais de la subjectivité, c'est-à-dire des opinions, des idées toutes faites sur la nature des choses, et
que Bachelard appelle « obstacles épistémologiques ».
Ces obstacles entravent le progrès de la connaissance : « En
fait, on connaît contre une vérité antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui,
dans l'esprit même, fait obstacle à la spiritualisation » ; « accéder à la science, c'est, spirituellement rajeunir, c'est
accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé ».
Ainsi les connaissances scientifiques, toujours
faillibles, évoluent au rythme de la destruction des obstacles épistémologiques (opinions, préjugés).
II.
La valeur de l'opinion.
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