Philosophie: ancienne et actuelle ?

« Problématique: La philosophie prétend exprimer une vérité intemporelle.

Si les systèmes philosophiques peuvent vieillir, ils nous parlent cependant parce qu'ils traitent des questions que tous les hommes de tous les temps se posent nécessairement. La philosophie est intemporelle Contrairement à la science, la philosophie n'évolue pas.

Les questions qu'elle pose et les réponses qu'elle propose concernant l'homme et sa place dans le monde sont intemporelles.

Comme au temps des Grecs, nous pouvons nous demander: Qu'est-ce que le bien? Avons-nous une âme? Quelle est la meilleure forme de gouvernement? Comment connaissons-nous le monde? Quelle est la réalité ultime? etc. Il n'y a pas de progrès de l'esprit Les grands philosophes du passé étaient aussi, voire plus, intelligents que nous.

En ce qui concerne la morale et le sens de la vie, en particulier, nous pouvons trouver des réponses à nos questions personnelles dans leurs ouvrages.

Telle réflexion de Marc-Aurèle, telle page de Spinoza, tel raisonnement de Schopenhauer peuvent éclairer notre propre vie. Tout a déjà été pensé Même du point de vue de la connaissance, les philosophies du passé restent valables.

Certains philosophes contemporains s'inspirent de Descartes, de Leibniz, de Kant.

Certains hommes de science arrivent aux mêmes conclusions qu'Aristote ou que les sceptiques.

La physique de certains présocratiques annonce, quoique de manière rudimentaire, la physique moderne. La philosophie ancienne est désuète Les oeuvres de Platon, d'Aristote, de Hegel n'ont plus qu'un intérêt historique.

Leur conception de la connaissance ne serait plus admissible aujourd'hui.

Le monde des idées platonicien, la distinction aristotélicienne entre puissance et acte, la philosophie hégélienne de l'histoire ne sont plus que de pittoresques théories. Le contexte a évolué Le monde change.

Le contexte intellectuel, scientifique, historique dans lequel vivaient les Grecs n'est plus le même que celui d'aujourd'hui.

Si la philosophie se doit d'être, comme le pense Foucault, une «ontologie du présent», alors les philosophies du passé ne peuvent plus être admises de nos jours parce qu'elles ne concernent pas la même réalité.

Les analyses de l'État faites par Hobbes ou Marx, par exemple, ne sont plus valables. La notion de vérité change Les normes de la vérité et de l'«acceptabilité rationnelle» ont évolué.

Les Anciens admettaient comme valides des raisonnements que l'on n'accepte plus aujourd'hui.

Ainsi, Descartes prétendait-il encore en toute bonne foi prouver l'existence de Dieu par un argument prétendument logique. Il serait exagéré de prétendre que tout, dans les philosophies anciennes, est encore actuel.

Certaines idées de Platon, de Descartes ou de Hegel nous apparaissent aujourd'hui comme des croyances naïves, voire de monumentales erreurs, et n'ont plus d'intérêt qu'historique.

On ne peut plus prétendre penser globalement la réalité actuelle à travers les catégories et les idées de philosophes «à système» comme Spinoza ou Marx.

En fait, plus une philosophie prétend à la science, plus on peut dire qu'elle a été dépassée par les progrès des sciences naturelles ou humaines.

Cela dit, les philosophes du passé ont aussi formulé beaucoup de questions, de concepts et d'analyses qui n'ont rien perdu de leur pertinence et qui peuvent nous guider aujourd'hui.

Dans les domaines de la morale, de la politique, de la métaphysique, les philosophies anciennes sont encore actuelles.. »