Philosopher est-ce douter ?
Publié le 14/12/2022
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Philosopher, est-ce douter ?
La question posée interroge l’idée selon laquelle philosopher serait douter, autrement dit
l’idée affirmant que pour philosopher il faut forcément passé par l’étape du doute.
Cette
idée, au premier abord, peut sembler certaine, puisque le lien entre la philosophie et le
doute paraît inéluctable.
La philosophie, en effet, peut se présenter comme un savoir totalisant, c’est-à-dire un type
de réflexion visant une interprétation globale du monde et de l’existence humaine.
Mais
quand nous parlons de philosophie, nous désignons également une activité de recherche,
d’investigation, une manière de poser des problèmes à propos de sujets extrêmement
variés, tels que la vérité, la conscience, la morale.
Car contrairement aux autres disciplines, la
philosophie n’a pas d’étude privilégie : elle porte sa recherche de la vérité sur de multiples
domaines de l’existence humaine.
Si on suit l’étymologie du terme, comme recherche de la
sagesse et du savoir, étant entendu que ce savoir et cette sagesse doivent être vrais, certains
– l’idée d’un savoir incertain ou faux paraissant absurde.
La philosophie devrait donc
produire des propositions certaines, c’est-à-dire universellement valables, des propositions
dont la valeur devrait pouvoir être reconnue de manière évidente par tous.
Dans cette
recherche, la philosophie privilégie l’usage du doute et la production de discours fondés sur
une base d’incertitude.
A l’inverse, on peut définir le doute comme un état naturel de l'esprit qui s'interroge,
caractérisé à des degrés différents soit par l'incertitude concernant l'existence ou la
réalisation d'un fait, soit par l'hésitation sur la conduite à tenir, soit par la suspension du
jugement entre deux propositions contradictoires.
Le doute relativement à la connaissance
est alors défini comme le contraire de l'assentiment, de l'adhésion donné sans preuve à une
idée, le doute est le recul nécessaire de la réflexion contre la croyance.
Ainsi, même si l’idée
selon laquelle la philosophie serait réductible à un ensemble d’idée incertaines assez
répandue, nous voyons pourtant mal comment celle-ci, en tant qu’exercice de recherche de
la sagesse et du savoir et que ce savoir doit être certain, pourrait être assimilée au doute,
c’est-à-dire d’idées incertaines et hypothétiques.
Si pourtant cette idée était valable, elle aurait pour conséquences non seulement une
identité de la philosophie par le doute, mais aussi l’absence de valeur particulière du
discours philosophique : celui-ci non seulement ne pourrait pas plus que le doute prétendre
au savoir, mais il n’aurait pas plus de valeur que n’importe quel autre discours reposant sur
l’affirmation d’idées non réfléchies.
Finalement, philosopher ne serait pas plus intéressant ni
plus « vrai » que la pensée commune et celle-ci pourrait continuer à s’imposer comme la
seule possibilité de la pensée.
Dans ce cas, la philosophie est-elle valable ou de vaines
paroles ?
Un problème semble alors apparaitre, en nous demandant si pour philosopher il faut douter,
nous posons une question a laquelle il semble aise de répondre.
En effet, on ne peut douter
pour philosopher car l’objet même de la philosophie est de parvenir à une certitude.
Or, si
philosopher incite à douter, cela revient à empêcher la philosophie à parvenir à une
quelconque certitude, à la confondre toute entière avec le scepticisme.
Cependant, ne prenons-nous pas des risques en tenant pour vrai des idées que nous n’avons
peut-être pas suffisamment examinées avant de les accepter ? Si pour philosopher il ne faut
sans doute pas tout le temps douter, sans doute faut-il douter dans un premier temps afin
de fonder notre réflexion sur des bases assurées.
On comprend donc pourquoi la question
initiale est posée, quels sont les enjeux qu’elle implique et qui concernent autant la valeur
de la philosophie que le doute : la possibilité d’un fondement constructif de la pensée qui ne
livre pas celle-ci à l’incertitude totale.
Si l’on comprend que la question interroge le rapport de la philosophie et du doute, et plus
précisément interroge la possibilité que le douter entre en ligne de compte dans le point de
départ de la philosophie.
La philosophie est définissable comme étant l'amour de la sagesse.
Elle se comprend aussi comme une science des principes.
Mais pour commencer à
philosopher, que faut-il faire ? S’interroger, certainement, mais de quelle façon ? Est-ce que
la remise en cause des choses, le doute, est le fondement même de la philosophie ? Ou au
contraire, peut-on s’interroger sans avoir à douter ?
Le principe du doute pour commencer à philosopher provient essentiellement du
questionnement initial des penseurs.
Descartes admet cette possibilité qu’il faut douter pour
pouvoir commencer à connaître.
En effet, c’est parce que l’on s’interroge que l’on
commence à vouloir conceptualiser, à connaître les principes, mais jusqu’où doit-on douter ?
Peut-on douter de tout ?
A première vue, il semble que nous pouvons affirmer qu’il faut douter pour philosopher.
En
effet, si nous doutons tout, nous mettons en cause la véracité ou la fiabilité des faits que
nous utilisions pour notre réflexion.
Nous doutons non seulement des vérités acquises, mais
aussi des impressions qui nous viennent de nos sens.
Or, nous ne saurions dire qu’une telle
démarche est nécessaire pour la philosophie.
En effet, elle risque d’engager cette dernière
dans une démarche qui est celle du vide du raisonnement, le résultat d’une démarche
sceptique conduisant à l’incertitude généralisée.
Le scepticisme est cette doctrine
philosophique qui nous exige à généraliser le doute au point de ne pas accepter pour acquise
l’existence d’objets qui nous entourent.
Nous dirons donc qu’une telle démarche va à
l’encontre de la philosophie, car si la philosophie consiste à produire un discours prétendant
au caractère de vérité, le doute permanant nous interdit au contraire de tenir pour vrai,
alors il ne faut pas douter de....
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