Peux-t-on aimer sans s'aimer soi-même ?
Extrait du document
«
Introduction :
« Aime ton prochain comme toi-même » : cette parole du Christ, rapportée dans le Nouveau Testament, semble
partir du principe établit que l'on s'aime soi-même, et que toute la difficulté réside dans le fait d'aimer l'autre, et non
sa propre personne.
L'amour que l'on se porte à soi-même est-il si évident ? Ne peut-on envisager ne pas s'aimer ?
On se trouve souvent plus de défauts à soi-même qu'à autrui, et l'on admire plus facilement les qualités des autres
que les siennes que l'on méprise par orgueil ou fierté.
Si nous sommes tant attirés par les autres, c'est qu'ils sont
forcément mieux que nous, peut-on penser.
Dans ce cas, peut-on aimer sans s'aimer soi-même ?
1ère partie : On peut aimer sans s'aimer soi-même
-Aimer c'est se donner à quelqu'un, c'est donc préférer l'autre à soi-même.
Dans l'amour, on s'oublie soi-même au
profit de l'autre.
(Ex : l'amoureux ne pense qu'à la personne aimée, et ce parfois jusqu'à en oublier de s'alimenter ou
de dormir).
La négligence que l'on peut porter à sa propre personne dans l'amour semble prouver que l'on peut aimer
sans s'aimer soi-même puisque l'on peut même désirer mourir par amour.
Or on ne souhaite à personne de mourir si
on l'aime…
On implique sa personne dans l'amour et par conséquent on s'expose à des risques (ex : risque d'être malheureux si
la personne aimée meurt ou est en danger, si elle n'a pas de sentiments réciproques à notre égard…).
L'amour ne
nous met pas en sécurité (on est souvent affaibli par l'amour : il paralyse, cause des chagrins, etc.) et pourtant
nous le recherchons.
-Il y a certaines amours qui semblent universelles, et indépendantes de l'amour que l'on se porte à soi : l'amour
d'une mère pour ses enfants par exemple.
2ème partie : Aimer nous porte à nous aimer nous-même.
-Dans le Phèdre, Platon recourt à un mythe pour expliquer le processus de l'amour : à l'origine, les âmes roulaient
dans le ciel en suivant chacune un dieu.
Puis les âmes sont tombées du ciel dans des corps humains.
Cependant, les
âmes se rappellent de leur vie céleste et cherchent leur divinité perdue.
L'amour serait alors le frisson qui nous
prend lorsque l'on rencontre quelqu'un qui nous rappelle le dieu que l'on a suivi.
L'amour est une réminiscence de
l'idéal, du vrai, du beau, du bien.
Pour se faire aimer, on va essayer soi-même d'être divin.
Par conséquent, aimer
met en branle un processus de séduction pour atteindre l'être aimé, et qui consiste à prendre soin de soi-même, à
chercher à atteindre la perfection pour briller aux yeux de l'autre.
Aimer implique donc de s'aimer soi-même, puisqu'il
faut être doté d'une certaine estime de soi et d'une confiance qui nous permette d'espérer être remarqué et être
aimé en retour.
3ème partie : Aimer, c'est s'aimer soi-même
-On peut penser que le sentiment amoureux n'est qu'illusion, et qu'en réalité, on n'aime que soi-même.
L'homme est
irrémédiablement seul et l'idée d'un lien amoureux ne serait qu'illusoire.
Ce qu'on appelle l'amour ne serait qu'un
sentiment narcissique, car en réalité, on n'aime que soi-même dans l'amour.
En effet, ce qu'on aime, c'est être aimé,
c'est la reconnaissance qu'autrui nous apporte.
Pour Hegel, désirer l'autre, c'est désirer être reconnu par l'autre,
c'est se ressaisir soi-même dans son rapport à une autre conscience de soi.
Etre aimé, c'est alors se sentir exister
pour quelqu'un, c'est avoir conscience de soi à travers l'amour que nous porte l'autre.
Lorsqu'on aime, on désire
l'autre pour qu'il nous reconnaisse, et ce n'est qu'alors qu'on est sûr d'exister, car on a besoin de la médiation par
l'autre.
-Pour Aristote, « la véritable amitié relève de la même affection que l'on porte pour soi-même » (Ethique à
Nicomaque, livre IX, chap.
IV).
Selon lui, il faut d'abord être bon et vertueux pour s'aimer soi-même, et par suite,
pour aimer les autres.
Ainsi, Aristote affirme que les « méchants » ne s'aiment pas eux-mêmes, car ils n'ont rien
d'aimable, et regrettent ce qu'ils font.
Donc, pour le philosophe, si l'on ne s'aime pas d'abord soi-même, c'est que
nous ne sommes pas aimables, donc que nous ne pouvons pas aimer d'autres personnes non plus, que nous ne
pouvons pas faire de bien à autrui.
Conclusion :
S'il semble au premier abord, qu'aimer c'est se tourner vers autrui et n'a donc rien à voir avec l'amour que l'on se
porte à soi-même, en réalité, l'amour est une relation qui implique que les deux termes s'aiment eux-mêmes.
L'amour
que l'on porte à autrui nous invite à un retour sur nous-même, car nous cherchons à être bons pour l'autre et pour
cela il faut d'abord que nous nous en estimions capable, et que nous nous portions une certaine affection pour nous
améliorer.
De plus, aimer est une demande de reconnaissance, car aimer, c'est se sentir exister par la médiation de
l'autre.
Aimer, c'est donc avant tout s'aimer soi-même.
S'il faut s'aimer soi-même pour aimer autrui, peut-être estce en aimant autrui que l'on s'aime davantage encore soi-même….
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- est ce un devoir de s'aimer
- Aimer problématique et références
- AIS-JE LE DEVOIR D'AIMER AUTRUI ?
- Aimer empêche d’agir moralement
- Y a-t-il un devoir d’aimer ?