Peut-on vouloir l'impossible ?

« Analyse du sujet · Eléments de définition ® Volonté = Du latin voluntas, qui signifie la faculté de vouloir. 1Faculté censée être la cause initiale des actes délibérés aussi bien théoriques que pratiques et qui permet d'agir d'après la représentation de fins. Selon Aristote, la volonté exclut à la fois la contrainte et l'ignorance : « un acte est involontaire quand il est accompli sous la contrainte et par ignorance ».

L'acte accompli par ignorance est toutefois simplement non volontaire ; il n'est involontaire que si l'agent en éprouve affliction ou remords.

Ethique à Nicomaque, III, 2. Selon Descartes, la volonté est la seule faculté en moi qui me fasse connaître que je suis à l'image et à la ressemblance de Dieu car elle est conçue comme sans limites. Elle consiste en un pouvoir de faire ou de ne pas faire et d'affirmer ou de nier.

Le fait que j'étende ma volonté aux choses que je n'entends pas est la raison de l'erreur. Méditations Métaphysiques, 4e Méditation. Spinoza nie que l'on puisse concevoir la volonté comme cause libre car, appartenant à la nature naturée, chaque volonté requiert une cause qui la détermine. La volonté est donc une cause nécessaire et en Dieu lui-même on ne peut séparer l'entendement de la volonté.

Ethique, III, proposition 32 + 33 scholie 2. Kant définit la volonté comme un « pouvoir de déterminer sa propre causalité, c'est-à-dire de produire des objets correspondant à ses représentations, ou de se déterminer soi-même à les réaliser ».

C'est une causalité à partir de la représentation de fins.

La volonté est donc une faculté d'agir, non seulement d'après des lois mais d'après la représentation des lois.

Elle est alors ce qui se donne à elle-même sa loi. L'autonomie de la volonté est donc le principe de toutes lois morales.

Critique de la raison pratique + Fondements de la métaphysique des mœurs, 2e section. Schopenhauer élargit considérablement le sens du concept de la volonté, véritable chose en soi, « moyen de toute chose particulière comme de l'ensemble ». « C'est elle qui se manifeste dans la force naturelle aveugle », on la retrouve dans la conduite raisonnée de l'homme.

Elle désigne un désir aveugle et irrésistible, le VouloirVivre.

Le monde comme volonté et comme représentation. 2Faculté de se déterminer pour des raisons ou des motifs ; exercice de l'activité consciente et personnelle. ® Impossible = S'oppose au possible, ce qui n'existe pas encore, mais peut-être atteint ou réalisé par la voie d'un acte, d'une série d'événement naturel.

Il est possible qu'il pleuve demain.

Ce n'est pas là une formulation impossible.

L'événement « pluie » résulte d'un concours de causes naturelles qui autorise la possibilité. Est contradictoire par contre ce qui ne saurait exister car son concept même rend une manifestation naturelle, ou une réalisation humaine par avance inconcevable : un cercle carré est contradictoire dans le concept même. D'après les limites des lois de la Nature, certaines choses sont possibles, d'autres sont impossibles ; mais attention, ces limites, nous ne les connaissons que de manière incomplète, si bien que lorsque nous décrétons qu'une chose est impossible, c'est surtout en fonction de notre savoir actuel. Dans l'ordre humain de la réalisation d'un acte, de même, nous posons des limites, et ce qui va au-delà est déclaré impossible.

Est impossible ce qui outrepasse les limites. · Angles d'analyse ® Si le possible laisse en quelque sorte la porte ouverte au vouloir, marque l'objet du désir comme accessible, réalisable, l'impossible la ferme et marque un objet comme inaccessible, irréalisable. ® Il y a des impossibilités de plusieurs ordres : 1) Impossibilité physique, selon les lois de la physique. 2) Impossibilité corporelle, selon, les limites du corps (cf.

l'apnée de x minutes). 3) Impossibilité morale (le meurtre de sang-froid : je ne « peux » pas faire une chose pareille, impossible). 4) Impossibilité juridique (selon la loi, il est impossible que le souscripteur d'une épargne etc.). 5) Impossibilité logique (le voyage dans le temps soulève des paradoxes qui le rendent impossible). ® Il s'agit donc s'il peut, de fait, mais aussi en droit, une contradiction dans le fait de vouloir quelque chose qu'on sait de jamais pouvoir atteindre (impossible au sens d'inaccessible ou d'irréalisable par sa nature même). ® C'est donc bien l'essence même du vouloir, a fortiori celle de la volonté qui est ici mise à la question.

Il s'agira donc de dialectiser possibilité de fait et possibilité de droit tout en se demandant quelle signification peut avoir cette volonté de toucher l'impossible, d'y parvenir.. »