Peut-on vivre sans référence à la mort ?
Extrait du document
«
Etre homme c'est être mortel et le savoir, même si nous n'y croyons pas.
En ce sens, la mort, sa possibilité, semble
occuper nos pensées.
Il suffit de constater la place que prennent les diverses religions dans toutes les sociétés.
L'homme est même ainsi définit comme un animal religieux.
Or, toute religion semble nous renvoyer à la question de
la mort que cette dernière soit représentée comme une rupture ou une continuité.
De même, les hommes enterrent
leurs morts et ce rite semble témoigner de la place qu'occupe la pensée de la mort dans nos esprits.
Ainsi, parce
qu'elle nous est inconnue, la mort est aussi source de craintes et d'angoisses et nous cherchons à remplir ce vide
par des représentations diverses.
Pourtant, n'est-il pas possible de ne pas se soucier de la mort ? Vous pouvez ici
vous demander si ce souci de la mort ne naît pas de la crainte que nous en avons.
Dès lors, vous pouvez vous
reporter aux analyses d'Epicure dans le Lettre à Ménécée lorsqu'il montre que notre peur de la mort est infondée.
Nous n'avons pas à redouter la mort puisque nous ne pourrons jamais dire «Je suis mort ».
En d'autres termes, la
mort ne sera jamais pour nous un présent puisque la mort est absence de sensation.
Le souci de la mort relèverait
alors d'une ignorance et d'une absence de réflexion.
Vous pouvez également vous reporter ici à la figure du héros.
Pensez, par exemple à Achille dans l'Iliade.
Vous trouverez un dossier précis sur cette question en vous reportant à
notre rubrique « Dossiers » et en lisant le dossier sur l'héroïsme et la mort.
Mais le héros n'est-il pas avant tout un
personnage de roman ? Dans la vie, pouvons-nous faire abstraction de toute pensée de la mort ? S'agit-il alors de
dire que se soucier de la mort consiste à ne pas bien penser ? Demandez-vous si la mort n'est pas toujours l'horizon
de notre existence.
Dès lors, se soucier de la mort ne consiste pas nécessairement à la penser comme redoutable
nécessairement.
Même celui qui ne redoute pas la mort ne peut, peut-être, pas faire l'économie d'y penser ou tout
au moins de savoir qu'il est mortel.
[II est parfaitement inutile de méditer sur la mort.
Si je donne un sens à mes actes, c'est bien parce que
je suis en vie.
La mort, inaccessible à l'entendement, est un concept dont la raison n'a pas à se
préoccuper.]
Il faut vivre pour penser et penser pour vivre
C'est parce que je suis en vie que je peux penser la vie.
C'est toujours parce que je suis en vie que je
m'interroge sur le sens de mon existence et de mes actes.
Ainsi que le dit Wittgenstein, «la mort n'est pas un
événement de la vie» (Tractatus logico-phihsophicus).
Si l'on considère que l'éternité n'est pas une durée
infinie, mais une intemporalité, alors, «celui-là vit éternellement qui vit dans le présent.» (id.) Le désir nous
projette sans cesse vers le moment suivant, dans une insatisfaction fondamentale.
Le bonheur consisterait
dans l'extinction du désir.
Le plaisir, lui, est toujours dans l'instant et est tout ce qu'il peut être, quand le
désir d'un plus grand plaisir ne vient pas s'y mêler.
Un plaisir pur nous ferait « sortir » du temps : n'est-ce pas
là une éternité à notre mesure ?
La mort n'est rien pour nous
Epicure a dit ceci: «Tant que nous sommes, la mort n'est pas là, et une
fois que la mort est là, alors nous ne sommes plus» [Lettre à Ménécée).
Pour quiconque est en vie, la mort n'est rien, et pour quiconque est
mort, la vie n'est plus rien.
Autrement dit, l'homme ne peut que penser
la vie.
En effet, la métaphysique matérialiste d'Epicure va permettre de
délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : la crainte de la
mort.
Les hommes ont peur de la mort.
Mais que redoutent-ils en elle ?
C'est précisément le saut dans l'absolument inconnu.
Ils ne savent pas
ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances
terribles ne leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes
terrestres.
Les chrétiens, par exemple, imagineront que quiconque à mal
agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de
l'enfer.
La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses
dont la métaphysique matérialistes nous libère.
De plus, si tout dans
l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres
vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons,
ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce
n'est que notre corps qui se décompose, en un point d'abord (celui qui
est blessé ou malade), puis en tous.
Dès lors, rien de notre être ne
survit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».
Ceux
qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme.
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