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PEUT-ON VENIR À BOUT D'UNE CROYANCE PAR LE RAISONNEMENT ?

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« INTRODUCTION «Tu as sans doute raison, mais je crois quand même, pour ma part, que...

» : dans un échange quotidien, cette réplique marque-t-elle l'échec du raisonnement face à la croyance ? Les deux modes de pensée sont-ils différents au point de ne pouvoir s'influencer ? 1.

La croyance • Elle produit des effets effectifs: le sujet qui y adhère se croit menacé d'un véritable appauvrissement, ou d'un égarement, s'il se trouve contraint d'y renoncer. • Elle ne se fonde pas sur la raison, mais se présente comme un dogme impossible à analyser ou à seulement examiner. La croyance est un assentiment à des affirmations dont la démonstration ou la preuve est insuffisante.

En revanche, dans la foi, la question de l'insuffisance des preuves ne se pose pas. Dans le christianisme, la vérité révélée oblige à distinguer entre croyance ordinaire, croyance religieuse et foi.

L'incertitude est balayée par la foi ; dans cette dernière, la confiance est absolue, et ce, sans recours aux arguments rationnels ou aux preuves. Si la croyance religieuse est encore habité par le doute, la foi l'évacue.

Aussi peut-on distinguer le « croire que », du « croire à » et du « croire en ».

Le « croire que » traduit-trahit une opinion, une conjecture.

Le « croire à » exprime une implication plus personnelle.

Et enfin, le « croire en » manifeste une conviction, une confiance absolue. Dans une perspective rationaliste, on peut dire que : L'opinion est subjectivement et objectivement insuffisante. La foi est subjectivement suffisante et objectivement insuffisante. La science est subjectivement et objectivement suffisante. • Le « croyant » (politique, idéologique ou religieux) peut se transformer en fanatique, c'est-à-dire recourir à la violence, pour imposer ses dogmes, et une telle issue est évidemment en totale contradiction avec le raisonnement. • La croyance paraît ainsi insensible à toute argumentation. II.

Enthousiasme et détachement • Raisonner suppose du recul par rapport aux situations, et une certaine «froideur»: le raisonnement ne peut s'élaborer que si le sujet ne se sent pas intimement concerné. • Le recours à la logique du raisonnement (analyse, démonstration, articulations logiques) diffère la réponse et demande du temps, là où le croyant exige une réponse immédiate. • Le raisonnement, parce qu'il est logique, a une portée universelle qui paraîtra toujours trop abstraite au croyant, qui privilégie une relation individuelle avec la «vérité ». III.

Détermination des deux attitudes • Admettons que le raisonnement puisse en apparence ébranler la croyance, ou même la détruire.

Cette victoire est-elle définitive? ne risque-t-on pas au contraire de voir resurgir la croyance sous une autre forme, une version de remplacement? • Cf.

la différence entre la critique de la religion telle que l'entreprend Feuerbach, et celle qu'entend mener Marx: le premier croit venir à bout de la religion en révélant sa fonction de compensation imaginaire ("l'homme pauvre possède un dieu riche") — mais Marx fait remarquer que, si l'homme reste pauvre, il aura toujours besoin de produire un dogme consolateur. A) La religion comme aliénation de l'essence humaine. La religion s'enracine dans le sentiment du sacré.

Mais dans la société moderne, depuis le triomphe de la bourgeoisie, il semble que ce sentiment du sacré se soit évanoui ou ait été perverti.

Feuerbach est l'un des premiers philosophes à avoir pris toute la mesure du caractère profane de notre société.

Il reconnaît que les hommes se sont si bien « appropriés » « le vrai », « l'humain » et « l'antisacré » que le « christianisme a perdu toute force de résistance ».

Le christianisme, écrit-il, « est nié », « nié dans l'esprit et le coeur, dans la science et la vie, dans l'art et l'industrie, radicalement, sans appel ni retour » : « L'incroyance a remplacé la foi, la raison la Bible, la politique la religion et l'Eglise, la terre a remplacé le ciel, le travail la prière, la misère matérielle l'enfer, l'homme a remplacé le chrétien ».

Et, ajoute Feuerbach, « si dans la pratique l'homme a remplacé le chrétien, il faut alors que dans la théorie aussi l'être humain remplace l'être divin ».

Ce qui signifie que la philosophie doit cesser d'être « théologie » pour devenir « anthropologie ».

Dans « L'essence du christianisme », Feuerbach montre que, dans la religion, l'homme est aliéné, cad dépossédé de lui-même, de sa propre essence.

La religion n'est jamais que le mystère de l'homme fait Dieu.

Autrement dit, ce ne sont jamais que ses propres perfections et ses propres attributs que l'homme adore en Dieu.

L'homme s'est ainsi dépouillé de son être pour l'attribuer à une réalité étrangère, Dieu : « Pour enrichir Dieu, l'homme doit s'appauvrir ; pour que Dieu soit tout, l'homme doit n'être rien » (« L'essence du christianisme ») La religion est « la première conscience de soi de l'homme, mais elle est indirecte ».

En elle, l'homme « a pour objet son propre être sous forme d'un autre être ».

La religion chrétienne est « la relation de l'homme à lui-même, ou plus exactement à son essence, mais à son essence comme à un autre être ».

Aussi la tâche de la philosophie est-elle de faire reconnaître à l'homme sa propre essence au lieu qu'il adore en un autre être, nommé Dieu.

Pour Feuerbach, il y a du divin, car le savoir ou l'amour sont choses divines mais il n'y a pas de Dieu.

Il peut donc exister une religion sans Dieu. Le véritable athée est seulement « celui pour lequel les prédicats de l'être divin, comme par exemple l'amour, la sagesse, la justice, ne sont rien, et non pas celui pour lequel seul le sujet de ces prédicats n'est rien ».

Il ne suffit donc pas de nier l'existence de Dieu ou « le sujet de ces prédicats » pou être athée, il se propose seulement de renverser la théologie en intervertissant le sujet et le prédicat : au lieu de dire « Dieu est sage et bon », il dit « l'homme est sage et bon ».

Feuerbach substitue donc à la religion de Dieu celle de l'homme.

Autrement dit, l'homme doit adorer en lui-même les qualités qu'aucun individu ne peut sans doute réaliser entièrement, mais qui sont cependant celles de l'espèce humaine.

Réaliser l'essence humaine est l'affaire de la politique.

Cette finalité est en son fond religieuse, puisqu'il s'agit d'actualiser tout ce qu'il y a de possibilité divine en l'homme : « Il nous faut redevenir religieux, il faut que la politique devienne notre religion.

». »

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