Peut-on venir à bout de la croyance par la démonstration ?
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Peut-on venir à bout de la croyance par la démonstration?
La croyance est une croyance en quelque chose, elle est adhésion à une idée, à une représentation.
En ce sens, le préjugé, l'opinion sont
des modes différents de croyance.
La croyance est alors à mettre en rapport avec la nature de cette adhésion, elle apparaît comme
passive et irréfléchie.
Pour Descartes, dans Méditations métaphysiques, la croyance est un effet de la volonté : l'entendement conçoit des
idées, la volonté y adhère ou les refuse.
Mais, la croyance apparaît plus dans une adhésion qui ne s'appuie sur rien de rationnelle, qui
accepte ce qu'on lui sans essayer de comprendre.
La démonstration se définit, elle, en un raisonnement au moyen duquel la vérité de la conclusion est établie selon des raisonnements, à
partir de prémisses.
Alors la démonstration, dans sa nature, nous porterait à n'accepter des conclusions qu'après un examen attentif des faits et de leur
enchaînement.
Mais la démonstration elle-même ne suppose-t-elle pas l'adhésion à des vérités indémontrables comme prémisse? Peutelle tout expliquer? Dans ce cas, ne pouvons-nous pas échanger avec nos croyances?
1.
La démonstration comme règle de raisonnement entraîne l'esprit à réfléchir
Descartes disait que "le bon sens est la chose la mieux partagée du monde." Cela veut dire que tous les hommes ont une même
puissance de juger s'ils examinent bien la représentation.
le plus attentivement possible.
Cependant, exercer son esprit critique est
quelque chose qui s'apprend, qui s'exerce.
C'est la paresse qui fait que l'intelligence peut s'engourdir et accepter des idées confuses et
sans justification.
Il s'agit dès lors d'entraîner son esprit et de lui donner des règles.
De plus, croire en quelque chose, c'est ignorer les causes réelles des choses.
La croyance est donc un manque de connaissance.
De prime
abord, la croyance comme certitude subjective et le savoir comme connaissance réelle semblent s'opposer.
Quand je ne sais pas, je ne
peux que croire.
Dans la démonstration, on s'adresse à tous les esprits en montrant la nécessité d'un passage: on descend de ce qui est certain, évident
ou déjà démontré à ce qui peut en être déduit rigoureusement.
La vérité ainsi produite, atteint un niveau de certitude universelle et
chasse la croyance individuelle.
Mais la démonstration elle-même s'appuie que sur des certitudes? Permet-elle de tout expliquer?
2.
La démonstration est elle-même basée sur des croyances
Ainsi, dans la démonstration, Pascal affirme que l'on ne peut pas tout démontrer et qu'il est nécessaire d'admettre des vérités premières
indémontrables.
Descartes en effet, stipule qu'il faut toujours partir des évidences claires et distinctes.
Cependant, quelles sont-elles?
Il est maintenant indéniable que même les sciences n'apportent plus de certitudes absolues.
Une théorie scientifique repose sur un
consensus entre les scientifiques, à un moment donné et selon Popper, elle est scientifique, justement parce qu'elle est falsifiable.
Pour mieux le comprendre, prenons un exemple.
Au XVII° siècle, un maître puisatier de Florence constate qu'il est impossible de faire
monter l'eau du puits au moyen d'une pompe aspirante à une hauteur supérieure à 10,33 m au-dessus de la surface de l'eau.
Galilée,
instruit par Torricelli de cette observation, pose l'hypothèse que cette hauteur d'eau est inversement proportionnelle à la densité de ce
liquide qu'est l'eau.
Torricelli se propose de vérifier cette hypothèse par l'expérience suivante : on retournera dans un cristallisoir un long
tube contenant du mercure (qui a la particularité d'être beaucoup plus dense que l'eau) et on mesurera à quelle hauteur se stabilise ce
liquide.
Par un calcul simple, à partir de l'hypothèse de Galilée et connaissant la densité respective de l'eau et du mercure, on peut prévoir
que le mercure se stabilisera à une hauteur d'environ 76 cm.
Aux yeux de Popper, nous sommes bien ici dans le domaine de la science
car il y a bien falsifiabilité de l'hypothèse.
En effet, si la hauteur de mercure constatée est très différente de celle qu'on attend, on est
assuré que l'hypothèse de Galilée est fausse.
Si, en revanche, la hauteur de mercure est bien d e 76 cm (ce qui fut le cas) alors
l'hypothèse est probablement vraie.
Les théories scientifiques ont un caractère hypothétique.
On peut infirmer une thèse mais jamais la
confirmer totalement.
« Nous ne savons pas, nous pouvons seulement conjecturer ».
L'attitude scientifique est donc une attitude critique
qui ne cherche pas des vérifications mais tout au contraire des tests qui peuvent réfuter la théorie mais non l'établir définitivement.
De plus, le savoir scientifique est fragmentaire, divisé.
Selon Edgar Morin, il ne permet pas d'avoir une vision unifiée du monde et laisse
de grosses failles entre chaque discipline.
Dès lors, comment posséder un savoir unifié et sur concernant un sujet ou un objet? Or les gens ont besoin d'avoir une vue complète du
monde, de pouvoir s'appuyer sur des faits qu'ils tiennent pour vrais pour être bien.
Nos croyances viennent de sources diverses, sur des sujets dont nous ne pouvons pas avoir de certitudes.
Nous ne pouvons donc pas tout
savoir et il faut accepter les croyances sur des sujets où nous ne pouvons pas avoir de certitudes.
3.
La croyance réfléchie et mise sans cesse à l'épreuve de la démonstration permet d'avancer
Pour Nietzsche, la vérité est un choix.
Nous pouvons vouloir l'erreur, l'illusion parce que nous pouvons aimer d'autres choses que la vérité,
par exemple le plaisir, le pouvoir, l'action.
Ainsi Nietzsche ne condamne ni l'illusion, ni la croyance.
Pour lui, elles remplissent un vide
existentiel et elles sont vitales.
Le danger avec les croyances, pourtant, c'est qu'elles se prennent pour des vérités et nous poussent à des actes fanatiques.
Comme le dit
Edgar Morin, il n'y a rien de plus dangereux qu'une idée qui se veut vérité absolue et définitive.
Il faut toujours remettre en question nos
théories et pensées.
Dès lors, la démonstration peut être une bonne méthode pour interroger nos croyances, voire si elles tiennent la route.
Mais, comme elle
ne peut tout expliquer, il faut reconnaître que connaître, c'est aussi avancer des hypothèses et y croire.
Ce qui nous permet en effet d'exister et d'avancer, c'est la croyance, non pas naïve et immédiate, mais la croyance réfléchie, qui sait
qu'elle n'est pas vérité absolue mais foi dans une idée peut-être fausse.
Ainsi, croire en quelque chose peut être une marque de paresse, de manque de réflexion et de connaissance sur les causes et les effets.
La démonstration, comme exercice de la raison, qui procède logiquement sans rien accepter qui ne soit expliquer dans le raisonnement,
permet de ne pas croire naïvement.
Cependant, la démonstration elle-même ne peut tout expliquer et est obligé de se baser sur des
prémisses indémontrables.
L'homme a alors besoin de s'appuyer sur des croyances pour avancer.
La croyance n'est plus ici une adhésion
irréfléchie, mais un choix éclairé et libre.
La démonstration en tant que telle, peut alors nous aider à remettre en cause nos croyances,
pour savoir si le réel et le raisonnement ne les contredisent pas.
Parce que le plus important, pour une croyance, c'est qu'elle accepte
d'évoluer si elle est contredite par les faits et qu'elle ne s'enferme pas sur elle-même, au risque de devenir dogmatique et dangereuse..
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