Peut-on tout justifier ?
Extrait du document
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INTRODUCTION
Le thème de la justification en éthique suppose de se poser la question de la légitimation de toute action.
Justifier signifie rendre
raison, reconnaître le caractère juste d'une action.
Si l'homme pour agir a besoin de fonder son action sur des raisons, pour autant la
justification qu'il donne à ses actes peut être remise en cause.
L'exemple de Max Weber concernant les guerres de religion rappelle la
difficulté qu'il y a à justifier les moyens par la fin.
Est-ce qu'une fin bonne peut tout justifier y compris des moyens inhumains ? La volonté
de justifier une action suppose le dévoilement des raisons de l'action, ce qui consiste à n'envisager que l'action en amont.
Or la remise en
question de la légitimité de l'action prend le plus souvent sa source en aval au vu des conséquences fâcheuses de tel ou tel acte.
Comment orchestrer une réflexion sur le thème de l'injustifiable alors même que la justification et sa contestation ne reposent pas sur le
même point de vue de l'action ?
PLAN DETAILLE
Première partie : La fin justifie-t-elle les moyens ?
1.1 La confrontation entre deux éthiques.
Dans Le politique Max Weber met en évidence deux sortes d'éthique : une éthique de la conviction et une éthique de la
responsabilité.
La première justifie les actions par la fin qu'elles visent, elle ne prend pas en compte les conséquences potentiellement
fâcheuses qui peuvent en découler.
En ce sens si nous ne prenons en compte que la nature de la finalité poursuivie, tous les moyens sont
bons du moment que la fin est bonne.
Or cette logique peut être jugée irresponsable dans la mesure où la réflexion sur
l'accomplissement d'une action suppose la prévision, le fait de vouloir éviter que notre action ait des conséquences malheureuses.
1.2 Les circonstances d'une action peuvent-elles la justifier ?
Aristote dans le chapitre III de l'Ethique à Nicomaque tente de définir les actes volontaires et les
actes involontaires.
Un acte blâmable accompli sous la contrainte est-il aussi injustifiable qu'un acte
libre ? Il semble bien que dans ce cas il y ait partage des responsabilités et que par voie de
conséquences les circonstances de l'acte peuvent le justifier dans certains cas.
«Un tyran nous ordonne d'accomplir une action honteuse, alors qu'il tient en son pouvoir nos parents et
nos enfants, et qu'en accomplissant cette action nous assurerions leur salut, et en refusant de la faire leur
mort »
Transition : Les efforts de justification de nos actes peuvent s'appuyer soit sur notre conviction,
le soutien est alors interne, soit sur les circonstances, le soutien alors est externe.
Y a-t-il des cas où
la justification s'avère impossible ?
Deuxième partie : L'injustifiable existe-t-il ?
2.1 La défaite de la raison.
Jean Nabert dans son Essai sur le mal développe le concept d'injustifiable.
Ce qui est injustifiable
est ce qui ne peut en aucun cas être légitimité.
Il bouleverse la raison dans la mesure où l'origine des
actes injustifiables reste problématique.
Ce concept remet en cause le sens même de la justice, il n'y a
plus correspondance alors entre la culpabilité et le châtiment.
L'injustifiable transparaît à partir du moment où il y a châtiment sans
culpabilité.
2.2 L'expression de l'injustifiable.
Pour donner corps à ce concept nous pouvons faire référence aux Frères Karamazov de Dostoïevski.
Ivan se révolte contre
l'injustifiable, l'injustifiable prenant corps dans le châtiment de l'innocence, autrement dit la souffrance des enfants.
Transition : L'injustifiable émerge quand la correspondance culpabilité-châtiment n'est plus.
Pour autant le constat de l'injustifiable
est douloureux il remet en cause la rationalité en l'homme.
Or cette rationalité lui est essentielle.
Troisième partie : La recherche de légitimation ou l'acceptation de l'absurde.
3.1 La justification doit-elle être compréhension ou acceptation ?
Dans la définition de Max Weber de l'éthique de conviction ce qu'il faut mettre en avant c'est la compréhension et non l'acceptation.
Les individus prônant ce type de conviction ne prennent pas la mesure de leurs actions et de ce fait accomplissent le pire.
En la définissant
Max Weber nous permet de comprendre ce qui meut ces individus mais en aucun cas il ne nous incite à l'accepter.
En mettant face à face
l'éthique de conviction et l'éthique de responsabilité il souligne leur nécessaire complémentarité, la nécessité pour la morale d'avoir un
point de vue sur les raisons de l'action et sur ses effets.
3.2 Reconnaître l'injustifiable nous permet à l'avenir de l'éviter.
Le simple constat consistant à reconnaître en l'homme une part d'absurde s'exprimant de temps en temps par des actes
injustifiables est stérile.
L'injustifiable est scandaleux et en tant que transgression il doit faire réagir l'être humain.
Le devoir de mémoire
nous permet de prendre acte des erreurs du passé afin de ne pas les reproduire.
CONCLUSION
Nous ne pouvons pas tout justifier.
C'est pourquoi nous constatons l'existence de l'injustifiable qui trouve dans la souffrance des
innocents une expression particulièrement forte.
Si la recherche des raisons de notre action peut paraître systématique pour autant les
raisons que nous trouvons à notre action ne sont pas nécessairement légitimes.
La prise en compte des principes ainsi que des effets
possibles de notre action est un passage obligé..
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