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Peut-on se fier aux apparences ?

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« Vocabulaire: Apparence: Aspect extérieur d'une chose; façon dont elle se manifeste à nous. Aspect trompeur des choses, par opposition à ce qu'elles sont réellement. Introduction -L'apparence désigne ce par quoi une chose apparaît ; elle est donc liée à la chose même dont elle constitue la manifestation. -Or, nous pouvons avoir deux conceptions générales de l'apparence : d'une part, l'apparence peut constituer une sorte de reflet qui manifeste un objet qui lui est par nature distinct ; mais d'autre part, l'apparence peut aussi être considéré comme étant par essence constitutif de cet objet même, en tant que l'objet ne serait rien d'autre que son apparence même. -D'où une attitude ambivalente face aux apparences : doit-on avoir une certaine retenue face aux apparences, comme si elles constituaient le lieu des illusions ? ou bien doit-on, au contraire, en avoir une confiance aveugle, au sens où elles seules constitueraient le socle réel à partir duquel le monde pourrait être perçu dans sa réalité propre ? Quelles sont les diverses attitudes à adopter face aux apparences, selon les conceptions particulières que l'on peut se forger de celles-ci ? I .L'apparence est le lieu de l'illusion sensible (Platon). Dans la perspective platonicienne, l'apparence constitue comme le reflet d'une réalité d'où elle dérive mais dont elle ne tire pas son essence : l'apparence et le reflet que celle-ci manifeste constituent des réalités aux statuts ontologiques bien séparés.

L'apparence est constitutive du monde sensible en général : ce que nous prenons pour la réalité ne constitue qu'un reflet d'une réalité supérieur, le monde des Formes intelligibles, dont les apparences sensibles n'en constituent que les images dégradées, car mêlées entre elles.

L'on ne saurait donc jamais se fier aux apparences pour atteindre la vérité, puisque par essence elles sont instables au sein du devenir, contrairement au monde immuable des Formes ; c'est la raison pour laquelle la doctrine platonicienne du savoir ne prend absolument pas en compte la possibilité d'une physique, c'est-à-dire d'une science de la nature. Pour Platon, comme pour Socrate, l'opinion est vide de sens, elle ne traduit que l'intérêt, le désir, le caprice.

Il faut lui substituer le concept (l'idée).

La parole est l'outil de la justesse et de la justice dont on mésuse en en faisant l'outil de l'opinion. Grâce à la dialectique — cette entreprise critique radicale — le philosophe — ce spécialiste compétent — fait de la parole le seul usage qui soit conforme : ordonner le réel, harmoniser les rapports entre les hommes en les rendant intelligibles.

Sans justesse dans le raisonnement, il ne saurait y avoir justice entre les hommes.

Être juste, c'est en quelque sorte connaître avec justesse et agir avec justice.

L'Etat sera alors géométriquement harmonieux quand chacun, selon sa compétence-complexion, occupera la place et la fonction qui lui reviennent : ouvrier, soldat, administrateur. Cette division tripartite reproduit d'ailleurs celle de l'âme, et de même que la justice privée harmonise les trois parties de l'âme (concupiscence, coeur, esprit), la justice sociale harmonise les trois classes de l'Etat-cité. "L'homme juste ne permet pas qu'aucune partie de lui-même fasse rien qui lui soit étranger, ni que les trois principes de son âme empiètent sur leurs fonctions respectives; il établit au contraire un ordre véritable dans son intérieur, il se commande lui-même, il se discipline, il devient ami de lui-même, il harmonise les trois parties de son âme absolument comme les trois termes de l'échelle musicale, le plus élevé, le plus bas, le moyen, et tous les tons intermédiaires qui peuvent exister, il lie ensemble tous ces éléments et devient un de multiple qu'il était, il est tempérant et plein d'harmonie et dès lors dans tout ce qu'il entreprend, soit qu'il travaille à s'enrichir, soit qu'il soigne son corps, soit qu'il s'occupe de politique, soit qu'il traite avec des particuliers, il juge et nomme toujours juste et belle l'action qui maintient et contribue à réaliser cet état d'âme et il tient pour sagesse la science qui inspire cette action; au contraire, il appelle injuste l'action qui détruit cet état, et ignorance l'opinion qui inspire cette action." (République, livre IV). S'il nous faut d'abord apprendre à mesurer, à nous éloigner des impressions sensibles pour appréhender l'intelligible, l'idée, l'objectif, l'essence, cela ne saurait suffire, car, nous devons non seulement baliser horizontalement, d'idée séparée (concept) en idée séparée, tout le champ de l'intelligible, mais encore, verticalement, par cette discussion raisonnée qui n'est autre que le dialogue dialectique, nous élever jusqu'à l'Idée de toutes les idées, c'est-à-dire le principe premier, le Bien, auquel toutes les idées participent, avec lequel elles sont en relation nécessaire.

Une fois ce mouvement ascendant opéré et le Bien reconnu comme ce soleil qui d'évidence éclaire et «nourrit» tout, nous pourrons «redescendre» et ordonner rationnellement le monde, la cité, l'individu, selon une géométrie harmonieuse. Au terme du monde intelligible est l'idée du Bien, difficile à voir, mais qu'on ne peut voir sans conclure qu'elle est. »

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