Peut-on se délivrer des apparences ?
Extrait du document
«
L'expression « les apparences sont trompeuses » témoigne du fait que l'on a toujours différencié ‘apparence' de
‘réalité', taxant le premier d'un sens péjoratif et le second d'un sens laudatif.
Les apparences nous trompent sur la
réalité et nous éloignent de sa vérité : elles sont comme un voile que l'on poserait sur la réalité et qui nous fait voir
cette dernière autrement que ce qu'elle n'est.
La réalité vraie s'éloigne donc de nous à cause des apparences
trompeuses.
Mais la réalité est-elle vraiment une norme dont les apparences seraient un défaut ? Peut-on vraiment
tenter de se délivrer des apparences, ou bien sont-elles aussi réelles que la réalité ? En effet, la réalité n'est peutêtre qu'une autre apparence.
Y a-t-il un critère qui permette de distinguer ce qui est réel de ce qui ne l'est pas ?
Par exemple, se distingue-t-elle par leur moyen d'accès ? Pour savoir comment se délivrer des apparences, il faut
savoir ce qui est apparence, donc il faut distinguer cette dernière de la réalité, puisque si l'on cherche à sortir du
monde des apparences, c'est pour entrer de plein pied dans le réel vrai.
I.
Peut-on différencier l'apparence de la réalité grâce à leur moyen d'accès ?
Sextus Empiricus explique que le contact avec l'état extérieur des choses se fait par les sens, mais ces derniers ne
nous permettent pas de saisir la réalité telle qu'elle est, car ils engendrent l'erreur perceptive et donc l'apparence.
Par exemple le goût dira du même aliment, à l'homme rassasié, qu'il n'est pas bon, et à l'homme affamé, qu'il est bon.
Nos sens nous donne à voir autant la réalité que les apparences de cette réalité.
Le moyen d'accès est le même.
Comment alors les différencier ? Y a-t-il un critère qui permettrait de les distinguer et ainsi de nous délivrer des
apparences ?
II.
L'apparences se distingue-t-elle de la réalité comme le concret de l'abstrait, le matériel
de l'intelligible ? Si oui, comment s'en délivrer ?
Platon, à travers l'exemple de ‘la caverne', explique que nous sommes tous prisonniers
des apparences, comme les hommes enchaînés dans la caverne.
Mais avons-nous pour
autant envie d'être délivrer ? Il semble que non, selon Platon, car cela demande un
effort de compréhension et de réflexion.
La vérité du réel n'est pas facile à trouver.
Les
hommes dans la caverne (monde des apparences) n'ont pas envie d'en sortir, ils sont
même prêts à tuer celui qui vient les délivrer.
Ils préfèrent, lorsqu'ils désignent ce qu'ils
voient par un nom, croire qu'ils nomment le réel, et rester là comme des spectateurs du
monde.
Le monde n'est donc pas fait que d'apparences matérielles : il convient, par un
effort personnel, de dépasser ces apparences matérielles, afin d'atteindre l'idée
intelligible de bien qui est la vérité du réel.
Mais nous est-il vraiment possible de sortir du
monde empirique ?
III.
L'alternative Kant / Nietzsche.
Pour Kant : Nous n'avons pas accès aux noumènes, aux choses en soi ; nous n'avons
accès qu'aux phénomènes, c'est-à-dire aux apparences de ces choses.
Il n'y a donc pas de délivrance possible, car
il n'y a pas de moyen d'accès (on ne peut savoir comment sortir d'une chose, si on ne sait comment on n'y est
entrer).
Pour Nietzsche, à l'inverse, il n'y a pas de chose en soi.
On se délivre donc des apparences en considérant qu'il n'y
en a pas, c'est-à-dire en les universalisant et refusant la dichotomie apparence/réalité et en imaginant la nature
comme un texte à interpréter.
Aucune interprétation n'est vraie au détriment des autres, mais toutes se valent.
Le
réel n'est qu'apparence.
On ne peut s'en délivrer, car il n'y a rien d'autre (pas de vérité suprême).
Conclusion :
-
-
Il est difficile de distinguer de prime abord la différence entre l'apparence et la réalité, car toutes deux
ont le même moyen d'accès : les sens.
En fait, la réalité et l'apparence ne se distinguent pas par le moyen d'accès, mais par l'essence :
matériel / intelligible.
Et pour se délivrer de l'apparence, cela nécessite un effort, ce n'est donc pas aisé.
La
question de la délivrance est donc remise en cause.
Enfin, il n'y a pas de moyen de s'en délivrer car, soit l'on n'a pas accès à ce monde des choses réelles
(en soi), soit ce monde n'existe pas et par conséquent, seules les apparences sont effectives..
»
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