Peut-on se connaître soi-même ?
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«
Introduction
– Évocation de l'inscription sur le temple de Delphes: « Connais-toi toi-même » dont Socrate avait fait sa devise.
– Est-il possible d'avoir une connaissance précise de soi-même? N'y a-t-il pas en chacun de nous une part d'ombre?
Une part inaccessible? Serait-il souhaitable que nous ayons une connaissance complète de nous-même ?
– Quels sont les obstacles qui nous empêchent de nous connaître? Sont-ils insurmontables? Comment les dépasser?
– Annonce du plan.
I.
Quels sont les obstacles auxquels se heurte la connaissance de soi?
– Suis-je le mieux placé pour me connaître moi-même? Comment puis-je être en même temps l'acteur de ma vie et
son spectateur.
La conscience que j'ai de moi me permet une sorte de dédoublement – je pense et je pense que je
pense, j'agis et je sais que j'agis –; mais me permet-elle vraiment de me connaître moi-même? La conscience de soi
équivaut-elle à une connaissance de soi?
– L'introspection, c'est-à-dire l'observation attentive que la conscience peut faire d'elle-même, me donne-t-elle une
connaissance objective de moi-même? Ne suis-je pas tenté de me voir sous le meilleur profil? Ne vais-je pas avoir
tendance à ne pas voir mes défauts ou à les minorer ?On pourra ici prendre en exemple les problèmes posés par
l'autobiographie.
Rousseau reprochait à Montaigne, dans les Essais, de s'être « peint de profil » ; mais est-il luimême, dans Les Confessions, parvenu à se décrire entièrement de face?
– Ai-je enfin véritablement envie de me connaître moi-même? N'y a-t-il pas au fond de chacun de nous des parts
d'ombre que nous préférons ne pas connaître? On pourra ici se référer à saint Augustin qui décrivait la mémoire
comme un immense palais avec des salles claires et fréquemment visitées et d'autres plus sombres dans lesquelles
nous n'avons guère envie d'aller.
II.
Pouvons-nous surmonter ces obstacles? Par quels moyens?
– Puis-je me connaître seul ? N'ai-je pas besoin d'un autre qui me servirait de miroir ? Dans un dialogue de Platon,
Socrate fait observer à Alcibiade que, de la même manière que l'on peut se voir dans l'oeil de l'autre, l'âme peut
servir de miroir à une autre âme.
Ainsi, dans un dialogue bien conduit, deux interlocuteurs peuvent-ils cheminer
ensemble dans la connaissance de soi.
– Autrui me révèle tel que je suis.
On pourra ici se servir de l'analyse du regard d'autrui dans L'Être et le Néant de
Jean-Paul Sartre.
Autrui est une sorte de « médiateur entre moi et moi-même ».
Autrui me révèle tel que j'apparais
dans le monde: « Ce n'est pas à proprement parler que je perde ma liberté pour devenir un autre, mais elle est làbas, hors de ma liberté vécue, dans cet autre que je suis pour l'autre.
» – On pourra ici éventuellement se référer à
l'expérience psychanalytique.
Freud présente la psychanalyse comme un effort pour éclairer chez le sujet la part
inconnu de lui-même, cette connaissance s'effectuant grâce à la médiation de l'analyste.
Dans la trente et unième des « Nouvelles conférences
d'introduction à la psychanalyse » (1932), intitulé « La décomposition de
la personnalité psychique », Freud décrit le but du traitement
psychanalytique par cette formule : « Là où « çà » était, « je » dois
devenir », où le « ça » représente l'inconscient.
Il est remarquable que la
traduction de la phrase allemande ait prêté à controverses.
Pour comprendre l'enjeu de cette phrase, il faut garder à l'esprit que la
psychanalyse, avant d'être une discipline, voire une science, est avant tout
une thérapie, une façon de guérir des patients.
Dans notre texte, Freud affirme « C'est que l'être humain tombe
malade en raison du conflit entre les revendications de la vie pulsionnelle et la
résistance qui s'élève en lui contre elles ».
La maladie provient d'un conflit
entre les normes « éthiques, esthétiques et sociales » et des désirs qui
« semblent remonter d'un véritable enfer ».
Or ces désirs censurés ne sont pas plus conscients que la censure elle-même.
Le malade subit donc un combat interne dont il n'a ni la maîtrise, ni la
connaissance : « La psychanalyse entreprend d'élucider ces cas morbides
inquiétants, elle organise de longues et minutieuses recherches, elle se forge
des notions de secours et des constructions scientifiques et, finalement peut
dire au moi : « il n'y a rien d'étranger qui se soit introduit en toi, c'est une part de ta propre vie psychique qui s'est
soustraite à ta conscience et à la maîtrise de ton vouloir.
»
En quoi consiste alors le traitement ? A traduire l'inconscient en conscient : « On ne prête pas assez
attention dans cette affaire à un point essentiel, à savoir que le conflit pathogène des névrosés n'est pas
comparable à une lutte normale que des tendances psychiques se livrent sur le même terrain [...] Il y a lutte entre
des forces dont quelques-unes ont atteint la phase du [...] conscient, tandis que les autres n'ont pas dépassé la
limite de l'inconscient.
C'est pourquoi le conflit ne peut aboutir que lorsque les deux se retrouvent sur le même
terrain.
Et je crois que la seule tâche de la thérapeutique consiste à rendre cette rencontre possible.
»
(« Introduction à la psychanalyse »)..
»
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