Peut-on résister à la vérité ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
VÉRITÉ
La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.
Elle se définit traditionnellement
comme l'adéquation entre le réel et le discours.
Qualité d'une proposition en accord avec son objet.
La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord
de l'esprit avec ses propres conventions.
La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements,
l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.
On distinguera soigneusement la réalité qui
concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.
Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.
La vérité ou la fausseté
qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion.
La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du
jugement vrai.
Introduction
On ne saurait nier que 2 et 2 font 4 ou que la Terre tourne autour du Soleil: la vérité, comme qualité d'un discours
ou d'un jugement portant sur le réel, s'impose d'elle-même; elle est par définition universelle et objective et, en ce
sens, irrésistible.
Et cependant la vérité n'est pas neutre ou indifférente; il est des bouleversements scientifiques qui heurtent la
morale sociale ou religieuse, comme ce fut le cas de la révolution copernicienne, ou encore des changements
historiques et politiques qui annoncent la fin d'une classe sociale ou celle d'un monde: dans tous les cas, il peut
nous sembler préférable de les ignorer.
Or ce désir que l'on a de conserver ses propres illusions, contre une vérité qui menace d'altérer sa conception du
monde – voire son identité –, témoigne du fait qu'il est possible de rejeter inconsciemment (ou peut-être même
sciemment) ce que pourtant l'on sait.
D'où le problème: comment peut-on ignorer une vérité que cependant l'on connaît – y résister en ce sens? En a-ton seulement le pouvoir? Il semble de ce point de vue paradoxal d'affirmer qu'il existe un mensonge à soi, une
intention délibérée de se tromper.
Et pourtant l'existence de l'illusion ou celle du préjugé attestent la possibilité effective d'une telle résistance à la
vérité.
1.
Non, on ne peut pas résister à la vérité
A.
La vérité est universelle, elle requiert l'adhésion de tous – sans quoi elle n'est pas la vérité
Conformément à une définition traditionnelle de la vérité, celle-ci désigne l'adéquation objective de la pensée à la
réalité.
Comme telle, premièrement, la vérité ne doit pas être confondue avec la réalité.
Le jugement par lequel on
affirme par exemple que «cette table est jaune» est distinct de la couleur jaune de cette table, laquelle n'est en
elle-même ni vraie ni fausse.
Deuxièmement, la vérité fait l'accord des esprits; elle renvoie à un jugement reconnu
ou désigné par tous comme vrai: ainsi la théorie de l'évolution des espèces ou l'affirmation de la rotation de la Terre
autour du Soleil sont-elles des vérités universelles et objectives – ce pour quoi on ne saurait y résister.
La vérité est universelle, elle requiert l'adhésion de tous — sans quoi elle n'est pas la vérité.
B.
La conscience, immédiatement accessible et transparente à elle-même, est indivisible
Étymologiquement, le kriterion («critérium») est la règle d'appréciation du vrai, le moyen de discerner le vrai du faux.
Or le critère de la vérité, c'est l'évidence, c'est-à-dire la qualité d'un jugement qui résiste à l'examen critique, à la.
»
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