Peut-on représenter le mal ?
Extrait du document
«
INTRODUCTION
Définition des termes et problématisation : Le fait de représenter une chose consiste à la rendre présente ou
sensible.
En ce sens elle exprime un effort de compréhension de la part de l'individu.
Or le mal se caractérise par son
aspect irreprésentable.
L'esprit bute contre le mal, il lui échappe.
Le mal est voisin de l'absurde et de la démesure, il
est difficilement saisissable et donc appréhendable par la pensée.
La représentation n'est pas seulement un
instrument de la raison, elle est aussi le fruit de l'imagination.
Or l'individu par ce biais peut donner corps au mal de
manière irréelle.
Les deux sens de la représentation excluent une réponse simple à la question posée.
Pour souligner
cette complexité et tenter de résoudre la question de la représentation du mal nous procéderons en trois étapes.
La
première analyse le premier sens de la représentation, entendue comme instrument de la raison.
La deuxième expose
la deuxième acception, en montrant comme la fuite dans l'imaginaire peut faire du mal quelque chose de plus
saisissable.
Enfin la troisième étape a pour fonction de réinterroger la question de la représentation du mal en se
demandant s'il ne faudrait pas mieux parler de manifestation plutôt que de représentation du mal.
PLAN DETAILLE
Première partie : Le mal : l'incarnation de l'irreprésentable.
1.1 Le mal comme néant.
La conception augustinienne du mal le rapproche du néant.
Il n'a de sens que relativement au bien, il est en
la privation.
« Le mal n'est autre chose que la privation du bien, qui n'est proprement que le néant.
» Confessions,
III 7 12.
1.2 Le mal est inconnaissable.
Kierkegaard dans le Concept de l'angoisse accompagne le péché d'un sentiment d'angoisse.
Or l'angoisse, à la
différence de la peur, n'a pas d'objet.
Elle provoque la raison, lui fait prendre conscience de ses faiblesses et de ses
limites.
« Le péché ne relève d'aucune branche de la connaissance » nous dit Kierkegaard.
Nous associons le mal au
scandale dans la mesure où le scandale est le contraire de l'intelligence.
D'autre part la racine grecque du terme
scandale tend à le rapprocher du choc, du bouleversement.
1.3 L'expérience du mal ou la manifestation des limites de la pensée.
La souffrance correspond au mal physique.
Or elle dérange la raison et reste injustifiable.
« Comme si au « je
pense » kantien, capable de réunir en ordre et d'embrasser en sens, sous ses formes a priori, les données les plus
hétérogènes et les plus disparates, la souffrance n'était pas seulement une donnée réfractaire à la synthèse, mais la
façon dont le refus, opposé au rassemblement de données en ensemble sensé, s'y oppose ; à la fois ce qui dérange
l'ordre et ce dérangement même.
» LEVINAS, La souffrance inutile.
Transition : Le mal loin d'être un objet de l'intelligence en est bien plutôt un obstacle.
La représentation,
dans une première acception, s'inscrit dans un processus de rationalisation comme étant déjà une avancée vers la
compréhension de son objet.
Dans ce cas la représentation du mal est impossible.
Dans un deuxième sens la
représentation est une image témoignant de l'incapacité de la raison à conceptualiser le mal.
Deuxième partie : La fuite dans l'imaginaire.
2.1 La symbolique du mal : le mythe adamique.
La constitution du mythe coïncide avec la recherche de l'origine.
Or l'origine du mal dans le Mythe adamique
semble se confondre avec l'origine de l'humanité.
« Seul le mythe « adamique » est proprement anthropologique ;
par là trois traits sont désignés : d'abord le mythe étiologique rapporte l'origine du mal à un ancêtre de l'humanité
actuelle dont la condition est homogène à la nôtre […] Second trait : le mythe étiologique d'Adam est la tentative la
plus extrême pour dédoubler l'origine du mal et du bien ; l'intention de ce mythe est de donner consistance à une
origine radicale du mal distincte de l'origine plus originaire de l'être-bon des choses […] Enfin – dernier trait- le
mythe adamique subordonne à la figure centrale de l'homme primordial d'autres figures qui tendent à décentrer le
récit sans pourtant supprimer le primat de la figure adamique.
» RICOEUR, Philosophie de la volonté, Finitude et
Culpabilité, t.II, La Symbolique du mal.
2.2 La personnification.
Le caractère insaisissable du mal rend le recours à la personnification nécessaire comme nous le constatons
dans le texte biblique.
En effet l'incarnation du mal sous le nom de Satan, diable, tentateur, témoigne du besoin de
l'homme de se référer à quelqu'un pour lui conférer les attributs du mal..
»
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