Peut-on renoncer à sa liberté pour vivre en sécurité ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
-
-
-
-
-
-
« sécurité » peut désigner une certaine disposition ou état d'esprit, c'est-à-dire qu'elle désigne un
sentiment de tranquillité, de confiance provenant du fait de se savoir hors de danger.
Ou bien, « sécurité »
renvoie à une situation objective reposant sur des conditions matérielles, économiques, politiques, de paix et
de calme.
La sécurité désigne l'absence de troubles ; elle est synonyme d'ordre.
« renoncer » = se dessaisir de quelque chose auquel on a droit, se résigner à …, ou encore cesser d'être
attaché à….
Le renoncement marque dans tous les cas une rupture où quelque chose est perdu, exclu.
« peut-on » renvoie à ce qui est possible.
La possibilité peut s'entendre en 2 sens : 1- « peut-on » =
« a-t-on les moyens de… » - possible = réalisable 2- « peut-on » = « a-t-on le droit de… » - possible =
licite.
Le permis recouvre donc deux domaines : le fait et le droit.
A priori, la société civile repose sur un tel renoncement : grâce aux lois en vigueur et à l'obéissance de
tous, nous vivons en sécurité : ce n'est que lorsqu'un individu revendique sa liberté, c'est-à-dire lorsqu'il
refuse de se plier à tel ou tel impératif, qu'il menace par là même l'ordre établi.
L'anarchie, condition où
l'homme est totalement affranchi de toute autorité laisserait place à un état de nature tel que Hobbes l'a
diagnostiqué dans Le Léviathan.
Toutefois, on voit par là que la sécurité, ou le fait de se savoir à l'abri de tout danger, exige de se
défaire d'un certain type de liberté : celle d'agir selon son bon plaisir sans égard pour l'intérêt général ou
pour ce qui est juste et réellement bon (seul compte la satisfaction de son propre désir) ; une telle liberté
est forcément égoïste.
Il faudra donc soigneusement déterminer quelle liberté doit être abandonnée pour permettre la sécurité
et en quoi celle-ci est préférable à la liberté, c'est-à-dire que gagnons-nous à cesser d'être libre (ou alors,
que perdons-nous) ?
Ensuite, il faudra déterminer en quoi la sécurité n'est possible que si l'on renonce à sa liberté.
Alors, la
question deviendra : est-il concevable que l'on ne puisse être à l'abri du danger qu'en cessant d'être libre ?
L'absence de liberté n'est-elle pas un danger plus grand que ceux contre lesquels son abandon semble nous
prémunir ?
Problématique : devons-nous, au nom du maintien de la paix et de la sécurité, craindre la liberté au point d'y
renoncer? Mais si tel est le cas, ce renoncement doit-il, ainsi que le font les régimes totalitaires, aller jusqu'à la
suppression de toute forme de liberté individuelle ? De plus, la sécurité est-elle seulement la paix civile ou bien ne
peut-elle désigner aussi un état
1-
ON PEUT RENONCER À SA LIBERTÉ POUR VIVRE EN SÉCURITÉ : LA RAISON LE PRESCRIT.
a)
la liberté comme droit naturel et condition propre à la guerre
Voulant prévenir les périls inhérents à la guerre civile, Hobbes préconise l'obéissance de tous à l'état.
Pour ce
faire, il met l'accent sur ce qu'est la condition humaine « en l'absence d'un pouvoir contraignant qui tienne [tous les
hommes] en respect ».
Il montre alors que les passions humaines sont telles qu'elles engendrent la guerre de chacun
contre chacun.
En effet, à l'état de nature, il n'y a pas de loi, et dès lors, rien ne peut être injuste : pour conserver
ma vie, je suis libre d'user de ma puissance comme bon me semble tant que je n'en suis pas empêché par une
puissance plus grande.
On voit d'emblée l'opposition liberté et sécurité: en dehors de l'état, nous serions tout autant libres, que
tous soumis à la seule loi du plus fort.
b)
la paix exige de se dessaisir de son droit naturel
Cependant, l'état de guerre n'est pas sans issue.
Hobbes fait remarquer qu'il y a, dans la nature humaine, au
moins une passion qui éveille la raison : la peur de mourir.
La raison va alors incliner les hommes à renoncer à leur
droit naturel (« la liberté qu'a chaque homme d'user de sa propre puissance comme il le veut lui-même pour la
préservation de sa propre nature, c'est-à-dire de sa propre vie » Léviathan, livre I, chap.14).
En un mot, chaque
homme renonce à sa liberté de se gouverner lui-même pour remettre tout son pouvoir aux mains d'un seul homme.
A
ce prix est la sécurité, c'est-à-dire l'annulation de la guerre de chacun contre chacun.
C'est ainsi que Hobbes légitime l'autorité de l'état : toute révolte risque de faire réapparaître l'état de
nature.
Ainsi, les revendications anarchistes, menées à terme, ne peuvent avoir pour conséquence que de nous
renvoyer à ce misérable état de guerre, « la pire condition qui soit ».
Transition :
On vient de voir que l'on peut, si l'on veut éviter la guerre, renoncer à sa liberté.
La vie politique implique
des compromis qu'une liberté entière ne saurait comprendre.
C'est pourquoi, les hommes en contractant
acceptent de « se dépouiller de cette liberté d'empêcher le bénéfice qu'un autre peut tirer de son même droit
sur toute chose »
Cependant, comme le fait remarquer Rousseau, « on vît tranquille aussi dans les cachots » (Du contrat
social, livre I).
Il s'agit donc de montrer ce qu'il y a de « pervers » à stigmatiser la liberté comme un mal, comme
nuisible à la vie en communauté.
La liberté est-elle forcément dangereuse ? N'introduit-elle que du désordre ? N'y a-t-il pas un plus grand
danger dans la soumission inconditionnée à l'autorité ? (ex : un pouvoir injuste et tyrannique ne peut-il et ne
doit-il pas être contesté, voire renversé ?).
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Peut on renoncer à sa liberté
- La conquête de la liberté peut-elle être considérée comme une raison de vivre ?
- Vivre ensemble est-ce se priver de liberté ?
- Se sentir obligé, est-ce renoncer à sa liberté ?
- Promettre, est-ce renoncer a sa liberté ?