Peut on rejeter la philosophie sans philosopher ?
Extrait du document
«
[La philosophie est une spéculation vaine et arbitraire, totalement séparée de la vie.
On peut donc vivre
sans philosopher et, sans rentrer dans le débat, rejeter cette philosophie qui complique ce qui est
simple.]
La philosophie est un savoir vide et inutile
Le «savoir» philosophique est vide de contenu.
C'est une spéculation inutile qui pourrait se résumer dans la
boutade bien connue: «Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?».
Le philosophe dit qu'il passe du
sensible à l'intelligible.
En fait, il se contente de passer du compréhensible à l'incompréhensible.
La philosophie n'a aucune spécificité
S'il y a une «philosophie», elle n'est rien autre chose que le bon sens de la réflexion commune.
Il est tout à
fait inutile de se préoccuper de ce qu'ont pu dire les philosophes.
Nul n'est besoin d'un quelconque
apprentissage.
Chacun sait immédiatement «philosopher» sans faire appel à l'étude de la philosophie.
La philosophie n'est qu'un divertissement
Comme le faisait déjà remarquer Calliclés, la philosophie convient seulement à l'adolescence.
«Quelque bien
doué que soit un homme, s'il continue à philosopher dans son âge mûr, il est impossible qu'il ne se rende pas
étranger à toutes les choses qu'il faut connaître pour devenir un homme bien élevé et considéré.» (Platon,
Gorgias) Les sciences et les techniques ont mieux à faire que de philosopher sur la philosophie.
Pratiquer la philosophie n'a de charme que si l'on s'y livre avec modération dans la jeunesse; poursuivie audelà, elle devient une calamité, faisant du philosophe un étranger à toutes les choses qu'il faut connaître afin
de devenir bien élevé et socialement considéré.
A l'âge mûr, un philosophe se remarque par son ignorance des
lois de la Cité; peu doué pour traiter des affaires publiques et privées, sa connaissance de l'homme "tel qu'il
est", sujet aux passions et en quête des plaisirs et des divertissements, est quasiment nulle.
Sans ambition,
ne visant aucune "publicité", il porte à rire par sa gaucherie et sa maladresse en public.
La philosophie ne peut
servir qu'à la prime éducation car ses débats forment l'esprit, mais elle est indigne de l'homme parvenu à la
maturité.
Le philosophe est détestable quand il fuit la compagnie de ses semblables, quand il méprise les
préoccupations ordinaires et quotidiennes de l'existence, quand il refuse de s'illustrer d'une quelconque façon
au coeur des affaires politiques et quand il passe son temps, reclus avec quelques compagnons, à "babiller
sans jamais faire entendre une parole libre, grande, généreuse."
Plutôt la science et la technique que la philosophie
• Avant l'avènement de la science et de la technique modernes, on pouvait se représenter la philosophie
comme un savoir (connaissance du sens profond de l'univers et de l'homme) et comme un pouvoir (pouvoir de
dominer nos passions et nos misères, de parvenir au bonheur).
Mais la philosophie ainsi interprétée doit avouer
son échec.
Elle n'est pas un savoir déjà constitué, car les systèmes succèdent aux systèmes : on y dispute à
l'infini sans jamais se convaincre.
Elle n'est pas non plus un vrai pouvoir, car la sagesse ne donne pas le
bonheur.
Nous pouvons mépriser, comme les stoïciens, la misère, la maladie, les épreuves de la vie, cela ne
nous empêchera pas de souffrir.
• Aujourd'hui, seules la science et la technique semblent nous donner un savoir vérifiable et un pouvoir réel.
La science paraît avoir chassé la philosophie non seulement de l'étude du monde, mais encore de l'étude de
l'homme.
Après la physique, la chimie, la biologie, les « sciences humaines », à leur tour, sont devenues
positives.
De même, la puissance technique semble rendre caduque la sagesse philosophique.
[II semble difficile de juger la philosophie sans la connaître.
Et, pour la connaître, il est nécessaire de
philosopher.
Ainsi, il est impossible de rejeter la philosophie sans philosopher.]
C'est «faire de la philosophie» que la rejeter
Ceux qui prétendent «ne pas faire de politique» défendent inconsciemment l'ordre établi et, donc, font de la
politique.
C'est presque la même chose en philosophie.
En effet, pour la rejeter, il faut argumenter et, donc,.
»
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