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Peut-on réduire l'esprit à mécanisme cérébrale ?

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« Dans le sens ordinaire, l'esprit un principe individuel de pensée, opposé au corps, principe premier dans l'ordre de la connaissance.

Le sens moderne du terme est plus précis et en même temps plus vaste.

L'esprit est la faculté propre à l'homme qui contient des états mentaux tels que les émotions, les représentations, les sensations, les croyances,... La question des rapports entre l'esprit et le corps a été de tout temps primordiale en philosophie.

Aujourd'hui encore à l'heure des neurosciences, le débat fait rage.

Deux écoles se distinguent nettement : les dualistes qui voient l'esprit détaché de toute matière, leur précurseur étant Descartes et les matérialistes qui tendent à expliquer les états mentaux comme des états du cerveau.

Notre usage courant du mot "esprit" laisse à entendre que nous le concevons comme une entité non matérielle indépendante.

Mais cependant cette vision se heurte à plusieurs objections.

Comment l'esprit peut avoir des conséquences sur le corps et l'inverse s'il n'existe pas des connexions entre eux? I Le dualisme cartésien : deux substances différentes Descartes sépare l'esprit du corps : le premier est substance pensante, alors que le deuxième est substance étendue.

Pour cela il s'appuie sur plusieurs arguments.

Si l'on peut localiser le corps et le cerveau, l'esprit par sa nature ne peut être situé. Le moi d'une personne n'est pas son corps matériel, en effet, il existe une identité du sujet au-delà de ses modifications physiques ou neuronales. Le plus fort argument, pour l'instant, en faveur du dualisme est la question des qualia, ce qui veut dire l'effet que cela fait.

Par exemple, nous connaissons le mécanisme du son.

Il s'agit d'une longueur d'onde qui rencontre le tympan, celui-ci fournit des informations au nerf auditif qui les transmet en impulsion au cerveau.

Et pourtant, même si nous savons quel mécanisme cérébral crée le son, nous ne pouvons expliquer l'effet que cela fait d'entendre un chant d'oiseau, ou une symphonie de Beethoven et pourtant ce que ressent le sujet à leur écoute existe et diffère. Pourtant comment concevoir l'interaction entre l'esprit et la matière si les deux substances sont totalement différentes? Si mon esprit n'est pas physique, pourquoi ne peut-il pas agir sur d'autres corps ou s'échapper de mon corps? II L'esprit n'est rien d'autre qu'un mécanisme d'états physiques du cerveau Le dualisme ne peut en effet expliquer comment l'esprit peut avoir des conséquences sur le corps ou l'inverse et pourtant il est évident qu'une maladie par exemple agit sur notre esprit.

Pour que deux matières agissent l'une sur l'autre, il faut qu'elles partagent un point commun.

De plus, si notre esprit n'était pas matériel, lié au cerveau, il ne serait pas assujetti au lois physiques et pourrait donc se déplacer librement ou tout au moins, ne pas respecter ses lois, or aucune observation de telle sorte n'a jamais été faite. Il existe alors dans la philosophie du XXème siècle, un courant appelé "théorie de l'identité" qui postule grâce aux avancées des neurosciences que l'esprit n'est rien d'autre que l'activation du cerveau.

Ou plus exactement que les états mentaux sont états physiques du cerveau.

En effet, les matérialistes, tel Paul Churchland récusent l'emploi du mot "esprit" parce qu'il renvoie à une conception populaire qui postule une entité indépendant et distincte du corps. Pour eux, il est possible de faire une réduction des états mentaux à des états physiques comme il a été découvert que l'éclair est une décharge d'électrons entre l'atmosphère et le sol.

L'esprit n'est plus alors qu'un mythe... Jean-Pierre Changeux dans L'homme neuronal affirme que le cerveau fonctionne comme un ordinateur, c'est-à-dire par traitement de l'information, dont l'esprit en est en quelque sorte le programme. Changeux: « L'identité entre états mentaux et états physiologiques ou physico-chimiques s'impose en toute légitimité.

» Jean-Pierre Changeux est neurobiologiste, il étudie les processus chimiques et endocrinologiques qui permettent de comprendre le fonctionnement du système nerveux central.

Son objectif est de montrer que le dualisme traditionnel entre l'activité mentale et l'activité neuronale n'a pas de pertinence.

A bien des égards, le titre de l'ouvrage d'où la citation est extraite est révélateur de la position qu'il défend, mais aussi des problèmes philosophiques qu'elle induit. Parler de « l'homme neuronal » revient explicitement à considérer que toute activité intellectuelle se ramène essentiellement au corps et, plus précisément ici, aux mécanismes physico-chimiques à l'œuvre dans et entre les cellules nerveuses.

La pensée n'est donc rien d'autre qu'une sorte de sécrétion du cerveau et toute tentative visant à lui attribuer une nature autonome est absurde.

Changeux revendique donc la réduction de l'esprit à des conditions strictement matérielles en estimant qu'une telle identification s'impose.

Ne pas le reconnaître revient à construire un obstacle épistémologique à la connaissance de l'homme.

Pourtant, sa thèse repose sur des arguments contestables et présente même un parti pris idéologique, bien qu'il s'en défende.

S'il est évident que sans le cerveau la pensée ne peut exister, est-ce à dire pour autant qu'elle n'est qu'une émanation de la matière cérébrale ? Ne suppose-t-elle pas d'autres conditions ? L'homme n'est pas seulement la somme de ses gènes ou le simple effet des échanges entre ses neurones.

Si c'était le cas, alors il faudrait totalement exclure l'hypothèse de la liberté et revendiquer un. »

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