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Peut-on prouver l'existence de Dieu ?

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« Le sujet présuppose que nous sommes libres.

Mais existe-t-il une méthode pour le prouver ? Est il possible de prouver sa liberté ? Et la liberté demande-t-elle à être prouvée ? Est-il nécessaire de la démontrer pour qu'elle soit ? L'homme est-il libre par nature, ou devient-il libre ? Et comment sait-il qu'il est libre ? Existe-t-il un mode de comportement (l'indépendance, l'anticonformisme) qui serait capable de tenir lieu de preuve de notre liberté ? Quiconque voudrait prouver sa liberté devrait adopter un tel comportement.

Or cette preuve n'en serait pas une : quiconque se voit dicter un comportement n'est justement plus libre ; réciproquement, le propre d'un comportement anticonformiste est de s'inscrire en marge des réseaux de normes et des codes, et ne saurait par conséquent prouver quoi que ce soit.

Faut-il en conclure que quiconque tente de prouver sa liberté s'en prive, et que la nécessité d'une telle preuve intervient forcément trop tard, lorsque la liberté est déjà menacée ? Mais ne doit-on pas éprouver sa liberté pour en avoir conscience ? Cette nécessité d'un choix (chez Sartre par exemple), d'une épreuve pour se sentir libre, ne pourrait-elle pas être considérée comme une manière de prouver sa liberté ? En enlevant sa connotation méthodologique à la notion de preuve, ne peut-on pas dire que, d'une certaine manière, on se doit de prouver, de se prouver, que l'on est libre ? Par opposition au savoir, la croyance est frappée d'incertitude : celui qui affirmerait « je crois que la Terre tourne » au lieu de dire « je sais que la Terre tourne » avouerait par là le défaut de son savoir.

Or la croyance religieuse ne peut pas se concilier avec le doute : elle est de l'ordre de la conviction.

Il y a d'ailleurs en français plus qu'une nuance entre « je crois que Dieu existe » (énoncé qui laisse entière la possibilité de sa non-existence) et « je crois en Dieu », expression d'une conviction qui écarte le doute. • L'introduction d'une dissertation a pour fonction de déterminer le champ dans lequel la question posée trouve et prend place.

Là apparaît comme essentielle la confrontation de la croyance et de la certitude. Lorsqu'elle se rapporte à Dieu, la croyance se nomme foi.

Comment donner à la foi l'objectivité du savoir, en d'autres termes comment faire pour que la conviction (subjective) corresponde à la certitude (objective) ? Tel est le problème que tenta de résoudre l'étonnante aventure de l'esprit qu'on appelle « preuves de l'existence de Dieu ».

La question posée induit la mise en critique de cette entreprise : le projet de prouver l'existence de Dieu est-il légitime ? Est-il seulement possible ? Pouvoir en français renvoie à une question de fait "la possibilité matérielle", I can, en anglais) et à une question de droit (la possibilité morale, la légitimité, I may en anglais).

Une dissertation doit toujours prendre une question dans la totalité de son extension. Commençons par le fait : on a, effectivement, prouvé l'existence de Dieu, à plusieurs reprises, dans l'histoire de la philosophie. Tertullien, l'un des premiers Pères des l'Église, disait que l'absurdité des dogmes chrétiens était pour lui une raison suffisante pour y croire.

C'était opposer radicalement la foi et la raison, la croyance et le savoir, la religion et la philosophie.

La plupart des penseurs du Moyen Age adoptèrent un point de vue tout à lait opposé. Ainsi naquit la théologie — discours rationnel sur Dieu —, que le Moyen Age n'hésita pas à concevoir comme science.

La philosophie antique avait forgé une logique, tout un travail de la pensée dont les théologiens, dans leur quête de Dieu, tireront le plus grand profit.

Tel était le sens du « Fides quaerens Intellectum » (la foi à la recherche de l'intelligence) qui fut comme la devise de la plupart des théologiens et philosophes du Moyen Age.

Platon et Aristote avaient donné l'intellect, l'Évangile avait donné la foi, il s'agissait désormais de marier les deux. Il existe en effet plusieurs preuves de l'existence de Dieu.

La plus ancienne (on la trouve déjà chez Aristote, sous une forme légèrement différente) et aussi la plus populaire (elle est celle qui vient spontanément à l'esprit des croyants) a été appelée preuve cosmologique. Aristote, dans sa Métaphysique, pose la nécessité d'un « premier moteur ».

cause originelle des mouvements observables dans la nature.

Tout corps mû.

dit Aristote.

reçoit son mouvement d'un autre corps lui-même mû par un autre corps.

etc.

Ces causes forment une chaîne, mais il doit y avoir une cause première, elle-même immobile : Dieu, premier moteur non mû. Cosmologique (du grec cosmos, univers) signifie relatif à l'univers considéré dans son ensemble. Celle-ci applique l'idée (rationnelle) de causalité à l'univers dans son ensemble : tout ce qui existe a une cause (Leibniz appellera « principe de raison » ce principe) ; or l'univers existe, il a donc une cause (rien ne vient de rien), cette cause est Dieu. Une autre preuve prend appui sur les idées d'harmonie et de finalité.

L'univers n'est pas un chaos : il est et contient un ensemble d'ordres qui supposent un principe créateur.

De même qu'une suite de pierres jetées au hasard ne pourra jamais donner qu'un tas de pierres (et non un bâtiment), de même le jeu aveugle de la matière abandonnée à elle-même n'aurait jamais pu produire un oeil, muni de ses cônes et de ses bâtonnets pour la vision des formes et des couleurs. Une autre preuve de l'existence de Dieu, la preuve dite ontologique, est plus abstraite.

On la doit à saint Anselme, un philosophe du Moyen Age : elle énonce que puisque Dieu est l'Être tel que nous ne pouvons en concevoir de plus parfait, il existe nécessairement, parce que l'existence est une perfection, et l'inexistence une imperfection. Ontologique signifie relatif à l'ontologie, à l'être en tant qu'être.

L'ontologie — en grec « discours sur l'être » — équivaut parfois à la métaphysique (ainsi, chez Aristote). La preuve ontologique conclut l'existence à partir de l'essence puisque Dieu est l'Être parfait, il existe de toute nécessité en tant que parfait. On peut également évoquer la preuve que Descartes énonce dans ses Méditations métaphysiques, elle est connue sous le nom de « preuve par l'idée de parfait » : l'être humain a dans sa pensée l'idée d'un être parfait ; or puisque. »

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