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Peut-on penser librement ?

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« Dès l'enfance, que ce soit à l'école ou dans le cadre familial, la compréhension du monde consiste à insérer dans l'esprit de l'enfant, ou de l'élève, des valeurs communes et passées.

Par exemple, en philosophie, nous apprenons à penser à l'aune de l'oeuvre des grands philosophes.

Dès lors pouvons-nous penser qu'il est impossible de penser librement.

Mais le but de tout cela n'est-il pas d'apprendre à l'élève de penser par lui-même ? La question de la "liberté de penser" interroge l'autonomie de la pensée : est-il possible de ne pas être mis sous tutelle de la tradition, de l'histoire - des pensées qui précèdent ? 1/ La pensée semble fondamentalement libre... - Conception triviale de la pensée A n'importe quel moment de ma vie, on peut dire, dans un sens large, que l'on pense - quelle que soit l'activité exercée.

Si l'on considère que le cerveau est le domaine de la pensée, son activité incessante pourrait témoigner de cela. - Trivialement, quand je pense, je pense seul. Or, n'est-il pas évident que cette activité s'exerce sans contrainte extérieur ? Si "penser librement" peut être réduit à la pratique de tout exercice de pensée sans aucune contrainte extérieur, alors il est évident que nous "pensons librement". - La présence, dans l'histoire, d'oeuvres philosophiques originales prouve cela. En effet, y a-t-il une meilleure preuve de la possibilité pour l'homme de penser librement que l'existence de l'histoire de la philosophie ? Même si tout philosophe est influencé par les philosophes qui l'ont précédé (c'est une forme de contrainte), le propre du philosophe n'est-il pas de rejeter toute mise sous tutelle intellectuelle ? Chaque philosophe balaye ceux qui l'ont précédé. - La pensée libre est un thème central développé par les philosophes des Lumières. Pour Kant, l'esprit des Lumières est de sortir l'homme de la mise sous tutelle dans laquelle se déploie sa pensée, par sa faute (par paresse l'homme ne veut pas sortir de cet état confortable).

Cette sortie nécessite un effort, et peut représenter l'effort qu'il faut fournir pour penser librement. "Qu'est-ce que les Lumières ? La sortie de l'homme de sa minorité dont il est lui-même responsable.

Minorité, c'est-à-dire incapacité de se servir de son entendement (pouvoir de penser) sans la direction d'autrui, minorité dont il est lui-même responsable (faute) puisque la cause en réside non dans un défaut de l'entendement mais dans un manque de décision et de courage de s'en servir sans la direction d'autrui.

Sapere aude ! (Ose penser) Aie le courage de te servir de ton propre entendement.

Voilà la devise des Lumières." (premier paragraphe de "Qu'est-ce que les Lumières ?"). Ainsi, l'esprit du projet des Lumières n'est-il pas de donner à l'homme le courage de penser sans tuteur, de sortir de l'hétéronomie intellectuelle dans laquelle il se trouve, de lui permettre de penser librement ? - Le philosophe qui, seul, s'extraie de la caverne pour aller contempler la vérité, n'est-il pas celui qui pense librement ? Se débarrasser de ses préjugés consiste à penser librement. Transition : Puisqu'il semble possible pour l'homme d'exercer une pensée sans contrainte extérieure, et de se débarrasser de ses préjugés, ne peut-on affirmer que l'homme peut penser librement ? Mais le fait que nous nous reportions à des grands penseurs pour approuver de ses propres réflexions, ou même pour les critiquer, n'est-ce pas là une preuve de l'impossibilité de penser librement ? Ne pensons-nous toujours pas par rapport aux autres, c'est à dire sous contrainte ? 2/ L'hétéronomie de la pensée - Les études Les études (de philosophie par exemple) ne nous montrent-elles pas que l'histoire est faite de courants, c'est à dire que chaque penseur a été influencé (donc contraint) par ceux qui l'ont précédé ? D'ailleurs, la démarche philosophique académique ne passe-t-elle pas par l'études des grands penseurs, de Socrate à Foucault ? - L'exemple de l'enfant sauvage. Les études sur les enfants sauvages (du Dr Itard par exemple), c'est à dire n'ayant reçu aucune éducation ni aucune influence d'autrui, montrent que ceux-ci sont bien moins aptes à penser que les enfants éduqués.

Cela ne montre-t-il pas que la pensée ne peut s'apprendre que sous influence d'agents extérieurs, que soumise à une contrainte ? En ce sens restreint, ne peut-on pas dire qu'il est impossible pour l'homme de "penser librement" ? - La pensée peut-elle être 100% conditionnée par l'expérience ?. »

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