Peut-on penser la vie sans faire référence à la mort ?
Extrait du document
«
La méditation sur la mort est universelle et l'homme pense à la mort car la mort est l'horizon ultime de toute son
existence.
C'est peut-être l'interrogation métaphysique par excellence.
D'ailleurs, on peut noter que seul l'homme
est capable de penser la mort, la sienne et celle des autres.
A ce titre, pensez aux cérémonies funèbres, aux cultes
des morts...
Pourtant force est de constater que nous ne pouvons que penser à la mort, car la mort elle- même ne
se pense pas, elle se vit et quand on vit la mort, on n'est déjà plus vraiment dans la vie.
Vous voyez donc le
paradoxe du sujet : l'homme est un être vivant dont la conscience le pousse à envisager le moment où il cessera de
vivre.
Cela peut alors créer une angoisse existentielle que Pascal a très bien vu en montrant que l'homme se divertit
pour échapper à la pensée de la mort.
On pourrait alors penser que la vie exclut la pensée de la mort car cette
pensée est triste ou angoissante.
Mais n'est-ce pas mécomprendre la vie que de refuser d'envisager la condition
mortelle de l'homme ? IL faut alors vous demander à quelles conditions la pensée de la mort peut donner à l'homme,
bien au contraire, une énergie vitale supplémentaire et indiquer quel sens peut avoir sa vie.
Il faut peut-être que la
pensée de la mort soit lucide et objective, comme l'indique Epicure dans la " Lettre à Ménécée ".
Loin d'abolir le sens
de l'existence, la pensée de la mort le dévoile peut-être.
[II est parfaitement inutile de méditer sur la mort.
Si je donne un sens à mes actes, c'est bien parce que
je suis en vie.
La mort, inaccessible à l'entendement, est un concept dont la raison n'a pas à se
préoccuper.]
Il faut vivre pour penser et penser pour vivre
C'est parce que je suis en vie que je peux penser la vie.
C'est toujours parce que je suis en vie que je
m'interroge sur le sens de mon existence et de mes actes.
Ainsi que le dit Wittgenstein, «la mort n'est pas un
événement de la vie» (Tractatus logico-phihsophicus).
Si l'on considère que l'éternité n'est pas une durée
infinie, mais une intemporalité, alors, «celui-là vit éternellement qui vit dans le présent.» (id.) Le désir nous
projette sans cesse vers le moment suivant, dans une insatisfaction fondamentale.
Le bonheur consisterait
dans l'extinction du désir.
Le plaisir, lui, est toujours dans l'instant et est tout ce qu'il peut être, quand le
désir d'un plus grand plaisir ne vient pas s'y mêler.
Un plaisir pur nous ferait « sortir » du temps : n'est-ce pas
là une éternité à notre mesure ?
La mort n'est rien pour nous
Epicure a dit ceci: «Tant que nous sommes, la mort n'est pas là, et une
fois que la mort est là, alors nous ne sommes plus» [Lettre à Ménécée).
Pour quiconque est en vie, la mort n'est rien, et pour quiconque est
mort, la vie n'est plus rien.
Autrement dit, l'homme ne peut que penser
la vie.
En effet, la métaphysique matérialiste d'Epicure va permettre de
délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : la crainte de la
mort.
Les hommes ont peur de la mort.
Mais que redoutent-ils en elle ?
C'est précisément le saut dans l'absolument inconnu.
Ils ne savent pas
ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances
terribles ne leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes
terrestres.
Les chrétiens, par exemple, imagineront que quiconque à mal
agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de
l'enfer.
La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses
dont la métaphysique matérialistes nous libère.
De plus, si tout dans
l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres
vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons,
ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce
n'est que notre corps qui se décompose, en un point d'abord (celui qui
est blessé ou malade), puis en tous.
Dès lors, rien de notre être ne
survit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».
Ceux
qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme
pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.
Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus
subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort
survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est la première à se décomposer
puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée et de mouvement, alors que le
reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps à commencer à se décomposer.
Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le.
»
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