Peut-on penser la culture comme une domestication de l'homme ?
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Discussion :
À première lecture, la question posée semble receler un non-sens, car l'homme en tant qu'être pensant et conscient
paraît échapper à toute forme de domestication.
Au contraire, c'est lui qui, grâce, à son intelligence possède la
capacité de domestiquer le naturel.
Alors comment un être dominant peut-il aussi se trouver en même temps
dominé ? Pourrait-on dire que l'homme est finalement dépassé par la place que prend la culture dans la société ?
Suggestion de plan :
Partie I : Nature/ Culture
Les relations entre la nature et la culture sont caractérisées par la différence, voire l'opposition, entre ces deux
concepts.
À un premier niveau, ce qui caractérise traditionnellement la culture, et la distingue de la nature, c'est
l'artifice, la coutume, la convention.
La culture a presque comme but d'effacer le naturel pour laisser place au
superficiel.
Baudelaire, Les Fleurs du Mal : " Le naturel est abominable ”.
On sent bien ici, de la part de l'auteur une
volonté de masquer le naturel par des artifices culturels, inventés par l'homme pour embellir la nature.
La culture est
un monde où se déploient des règles et des valeurs et qui semble évoluer en parallèle avec celui de la nature.
Cependant ce monde, puisque créé par l'homme n'est fait que de diversités et de contradictions, car il est le reflet
de la complexité humaine.
A l'opposé, la nature se présente comme une réalité caractérisée par la permanence, la
stabilité, et la régularité.
La régularité et la logique du monde naturel font de la nature pour ainsi dire le gage de la
substantialité de l'être.
Que les choses aient une nature signifient qu'elles possèdent une sorte de solidité sur
laquelle l'être humain peut faire fonds dans ses actions et ses entreprises.
A un second niveau, nature et culture ont été distinguées du point de vue de la liberté de l'action.
Le naturel, c'est,
d'abord, le spontané, l'instinctif, l'irréfléchi.
Soit l'absence de jugement, de réflexion.
Le naturel, c'est, donc, le
contraint, le déterminé : l'être naturel se comporte en fonction et sous la dépendance de causes qui lui sont
extérieures et qui s'appliquent à lui de telle sorte qu'il ne peut y échapper.
La nature est alors pensée comme le
déploiement d'un mécanisme rigoureux.
A l'opposé, comme le souligne Rousseau, la liberté, et la culture, se
caractérisent par le pouvoir que possède l'être humain d'échapper aux règles qu'il s'est à lui-même données, de les
refuser, ou d'en inventer de nouvelles.
Artifice encore, mais au sens positif de l'invention de nouvelles formes
d'existence, qui ne peuvent être déduites de la nature et de son ordre déterminé.
Partie II : La culture : un fait humain
Dans quelle mesure pourrait-on penser une domestication de l'homme ?
Si la nature n'est pas la création de l'homme, la culture est pourtant bien le fruit de la volonté humaine.
Cependant
où se finit la nature et où commence la culture ? Car si la culture agit comme un masque sur la nature, on ne
devrait plus pouvoir différencier nature et culture.
La culture serait donc une volonté de l'homme d'apprivoiser la
nature pour pouvoir mieux la maîtriser.
Mais si l'homme est avant tout un être naturel, alors sa démarche revient à
s'auto- apprivoiser, puisqu'il est l'un des éléments de la nature.
La culture est effectivement un obstacle à la nature et à toute la part de naturel qui peut se trouver chez les
hommes.
Elle semble être ce par quoi l'homme exprime sa différence avec les animaux.
D'ailleurs, si l'on se réfère à
Deleuze, la domestication des animaux, n'est autre que la volonté des hommes de les rendre humains.
Ainsi
l'éducation d'un chat, par exemple, reflète l'ambition des hommes de chasser le naturel ; par là on essaye
d'empêcher l'instinct de l'animal de prendre le pas sur l'éducation et les limites qu'on lui a fixées.
Le chat n'est donc
plus " sauvage ” mais dressé.
Ce que l'on peut observer chez les animaux est le même comportement à l'égard des
hommes.
Ce terme de " sauvage ” ou de " barbare ” dont parle Levi-Strauss, est utilisé par les Européens pour
qualifier les hommes des sociétés primitives.
De plus l'origine du mot " sauvage ” est " silva ”, en latin, qui signifie " la
forêt ”.
Ainsi l'homme " sauvage ” est l'homme de la forêt, celui qui vivrait en harmonie avec la nature.
Où finit la nature ? Où commence la culture ?
Dans « Les structures élémentaires de la parenté », Lévi-Strauss a tenté de répondre à cette double
question.
La première méthode, dit-il, et la plus simple pour repérer ce qui est naturel en l'homme, consisterait à.
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