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Peut-on parler d'une nature féminine ?

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« 1) Etre femme est un phénomène culturel. Pour Simone de Beauvoir dans son livre Le Deuxième Sexe, elle démontre que la condition féminine n'est en fait définie que par la société et la culture.

Pour répondre à la question « qu'est-ce qu'une femme ? », l'auteur met à profit ses expériences ainsi que son savoir propre ; elle analyse ainsi le rôle de la femme chez Montherlant, Claudel ou Stendhal.

Selon Simone de Beauvoir, la femme n'existe qu'à travers le désir masculin, l'exaltation de sa virilité.

Il est sujet omnipuissant, elle est l'objet, soit le lieu d'accomplissement de sa volonté.

Elle ne se définit que pour et par lui.

C'est donc à la lueur de la biologie et de la sociologie, de la psychanalyse aussi que Simone de Beauvoir entreprend d'apporter une réponse.

Dans l'optique qu'elle se donne, le complexe féminin de castration est aussi dû uniquement à une valorisation intense de la virilité.

La maternité n'est qu'un phénomène culturel et « l'instinct maternel » ne saurait être inné.

La conclusion en sera que la femme est de « toutes les femelles mammifères celle qui est le plus profondément aliénée à l'espèce et qui refuse le plus violemment cette attention ».

Seule l'égalité permettra de combler le fossé entre les deux sexes. 2) L'identité féminine n'est plus biologique. La construction de l'identité féminine ne saurait être un rien un facteur biologique.

Dans les années 1970, s'interroger sur la féminité signifiait, pour l'essentiel, dénoncer les formes d'exclusion dans l'histoire et rechercher la spécificité de l'être femme.

Le point de départ de cette approche était le rejet de ce que la culture patriarcale a pu produire.

Quinze ans plus tard, en revanche, on voit se multiplier et se différencier les domaines des études consacrées aux femmes.

L'idée s'épuise d'une « essence » ou d'une « nature » du féminin.

L'idée même de différence est désormais nuancée qui avait servi de plusieurs façons à conceptualiser le fait que les femmes ne peuvent pas être homologuées à la culture masculine.

Cela correspond aux transformations sociales, culturelles et productives qui dégagent la femme d'un immuable rôle maternel et, plus généralement, de tout partage tranché des rôles et des identifications.

Une fois rejetée l'hypothèse d'une infériorité biologique, on tâche de comprendre par quelle logique s'est instaurée la prééminence masculine dans le social.

Ces études montrent, d'une part, que les cultures se différencient de manière significative lorsqu'elles symbolisent et institutionnalisent les rôles des sexes.

Il apparaît, par ailleurs, que les thèses de Bachofen et d'Engels concernant un matriarcat primitif ne sont qu'une forme de l'utopie féministe projetée dans le passé.

Ainsi, la culture patriarcale, qui a été dominante pendant trois ou quatre millénaires dans la plus grande partie du monde - par ses représentations et par la subordination concrète de la femme -, se transforme en un vaste champ d'enquête où le féminin apparaît comme inexistence, silence, position partielle ou projective et subordonnée par rapport à un masculin, qui n'est lui-même que la transcription, sur le plan symbolique, d'un pouvoir qui, partout dans le social, s'exerce sur les femmes, leur corps et leur puissance de reproduction. 3) L'idée de la féminité à l'heure de la modernité. Transcender la nature et faire entrer la femme dans la culture grâce à la technologie : telle était l'idée de S.

Firestone.

Il s'agissait d'intégrer dans la culture les deux modèles possibles de relation avec la réalité : la manière « technologique » (masculine), qui manipule celle-ci pour la rendre conforme à un concept, et la manière « esthétique » (féminine), qui est un effort de réalisation de l'idéal dans les langages des formes.

Par cette synthèse - où l'on perçoit l'influence d'Herbert Marcuse -, l'idéal esthétique et imaginatif devait s'intégrer dans le savoir technologique qui, pour sa part, allait lui fournir les moyens de réaliser ses rêves.

Désormais, le recours à la technologie pour délivrer les femmes du travail domestique et pour contrôler la reproduction, d'une part, et le constat des niveaux déjà atteints et de ceux que l'on peut imaginer dans la manipulation biologique, d'autre part, amènent à une vision atténuée des différences sexuelles.

L'idée d'une féminité ancrée dans le destin biologique est vouée à dépérir.

Contre les thèses de la sociobiologie et du déterminisme naturel, les études sur le sentiment de l'identité sexuelle montrent à quel point le milieu est décisif pour l'acquisition de l'identité du genre.

Par ailleurs, puisque, dans les sociétés industrielles avancées, la femme ne met plus les enfants, mais plutôt sa vie affective et professionnelle, au centre de ses intérêts, le concept de maternité tend à se nuancer.

Il se détache des fonctions physiologiques et perd sa fixité traditionnelle de rôle, au profit d'une interchangeabilité des fonctions maternelles et paternelles.

Les stéréotypes de la « femme féminine » et de l'« homme viril » cèdent la place à la particularité individuelle, au dosage que chacun fait de sa féminité et de sa masculinité propres, au mélange des rôles et des sentiments.

La différence est remplacée par la ressemblance des sexes et par l'affaiblissement du désir qu'on peut avoir de l'autre, au profit du narcissisme.

À la passion pour le complémentaire se substitue la tendresse pour le semblable.

Ce serait là l'avènement de l'androgynie, grâce à la valorisation de la bisexualité originelle de chacun. Conclusion. Il serait plutôt question d'identité féminine que de nature féminine.

Il semble difficile de faire reposer ce qu'être une femme sur sa physiologie.

La place de la femme dans la société et dans la famille, la manière de se vêtir tend aujourd'hui à perdre son statut différent dans la société, l'inégalité homme/femme tendant à s'atténuer à tout point de vue, la nature même de la femme a moins d'influence sinon plus dans son évolution dans la société.

Aussi, ignorer qu'il existe une différence biologique entre l'homme et la femme serait absurde, mais attribuer à cette différence biologique des éléments culturels est une très grave erreur que se sont employé à détruire la pensée féministe.

Les différences culturelles ne sont en rien la nature de la femme, car les cultures sont diverses et évoluent avec le temps.

Finalement, le sexisme utilise les mêmes procédés que le racisme, en substantialisant des contingences culturelles et sociales.. »

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