Peut-on parler d'un langage animal?
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APPROCHE:
• Si l'on décrit le langage en terme de comportement, ne peut-on pas admettre qu'il existe un langage animal ?
Tout comportement peut en effet être défini comme la réaction (R) d'un être vivant à une stimulation externe (S).
Or dans le comportement linguistique, la stimulation (S) perçue par un individu donne lieu à une réaction linguistique
(R) qui constitue pour l'auditeur une stimulation linguistique (S) laquelle entraîne le comportement réactionnel (R).
Le langage apparaît donc en ce sens comme ce qui « permet à un individu d'accomplir une réaction (R) quand un
autre individu éprouve une stimulation (S) ».
(Langage de Bloomfield, page 28.)
En ce sens, on peut dire qu'il existe des langages animaux (Cf.
Vie et moeurs des abeilles de K.
von Frisch, Albin
Michel).
• S'il suffit pour parler légitimement de « langage » qu'il y ait mise en oeuvre d'un symbolisme véritable, possibilité de
transposer des données objectives en « gestes formalisés, comportant des éléments variables et de signification
constante » et que ceci ne puisse être valable qu' « à l'intérieur d'une communauté donnée », alors il existe un
langage animal.
(Cf.
Problèmes de linguistique générale de Benveniste (Gallimard), p.
59.)
• Si l'on considère que l'on ne peut légitimement parler de langue que lorsqu'on constate l'existence d' « un système
de signes distincts correspondant à des signifiés distincts » alors, là encore, on devra admettre qu'il existe un
langage animal.
• Par contre si l'on estime que l'on ne peut parler de langage (et de langue) que s'il y a double articulation alors on
doit admettre qu'il n'a jamais jusqu'alors été constaté l'existence de système à double articulation chez les animaux.
(La question de l'apprentissage par des chimpanzés des « rudiments » de langues humaines étant une autre
question : il ne s'agit pas ici de savoir si les animaux peuvent « parler » une langue humaine mais s'ils disposent de
langues « à eux ».)
Voir Éléments de linguistique générale de Martinet (Armand Colin), notamment les pages 13 et suivantes où il est
question de la « double articulation » du langage humain.
• Avantage de penser certains systèmes de signes animaux sous le terme de « langage » (affirmant ainsi l'existence
d'un langage animal).
Cela semble rendre plus facile de penser l'apparition, dans une certaine mesure, du langage
humain et de ne pas en faire un événement proprement miraculeux.
• Inconvénient :
Comme le dit Martinet, il n'est pas sûr, pour orienter la recherche scientifique, « que nous ayons intérêt à appeler
langue n'importe quel système de signes ».
A ce sujet voir La Double articulation linguistique in Travaux du cercle linguistique de Copenhague, 5, 1949, de
Martinet (notamment pages 32 et 33).
INDICATION DE LECTURE
• Problèmes de linguistique générale de Benveniste (Gallimard), pages 57-62 notamment où il s'agit des différences
entre langage humain et langage des abeilles.
• La Linguistique cartésienne suivi de La Nature formelle du langage de Chomski (Seuil), pages 18 à 21 et 125-126
notamment où Chomski insiste sur le fait que tout homme connaissant une langue peut dans cette langue produire
des phrases nouvelles à l'infini.
A.
L'homme : un être qui parle
Pour Bergson, l'homme se définit d'abord comme Homo faber, fabricant d'outils et inventeur de techniques.
Mais pour
un linguiste comme Claude Hagège (né en 1936), il est plus fondamentalement encore Homo loquens, « homme de
paroles ».
L'homme est avant tout un être qui parle.
L'homme, animal rationnel, est en même temps un animal
parlant.
Du coup, la question de l'origine des langues, abondamment débattue par les philosophes du XVIIIe siècle,
soulève les mêmes difficultés que celle de l'origine de la pensée rationnelle.
• L'idée d'un premier homme se mettant à parler et rompant par son verbe le silence primitif est sans aucun doute
une fiction.
L'origine des langues se confond, semble-t-il, avec l'origine même de l'homme.
Nous sommes l'espèce parlante ; le langage –soit, dirait-on aujourd'hui, la faculté d'exprimer des pensées à
l'aide de signes articulés- est le propre de l'homme, à tel point que cette possession exclusive suffit à le différencier
essentiellement des bêtes..
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