Peut-on parler de science de l'inconscient?
Extrait du document
«
Freud a introduit une dimension nouvel de l'inconscient.
Avant lui, les différents inconscients n'étaient en fait que ce
qui n'était pas conscient, mais pouvait le devenir à n'importe quel moment.
L'inventeur de la psychanalyste propose
quant à lui de faire de l'inconscient une instance indépendante, ayant ses propres lois de fonctionnement et dont
les conséquences interviendraient dans les actes conscients.
Freud a souvent clamé sa volonté de constituer une
science de l'inconscient et s'est situé dans l'histoire des conceptions scientifiques.
Pourtant il s'agit ici de
s'interroger que ce qui peut être un objet pour la science.
L'inconscient par définition n'est pas accessible
directement.
Comment faire une science de quelque chose qui n'est pas observable? Mais cette hypothèse n'est-elle
pas utile? Son manque de scientificité est-il réellement à déplorer?
Un objet scientifique
Par définition, est "objet" ce qui est placé devant le sujet et la conscience du sujet.
Chaque science se définit par
son objet mais si l'inconscient est pris comme objet, comment réussir à le placer devant la conscience, puisque par
définition il se refuse à toute conscience?
- Auguste Comte refuse à l'introspection la possibilité de prétendre à la science.
Pour lui, la condition minimal
scientifique est la distinction entre observateur et observé.
- De plus, la science doit reposée sur une possibilité d'observation commune, sur des critères universels.
l'inconscient n'est absolument pas observable et même l'analyste ne peut prétendre le voir concrètement.
Or
- Enfin, Popper déclare scientifique tout énoncé qui se prête à l'épreuve de falsifiabilité.
Or la théorie de
l'inconscient n'a de porté que dans le cadre d'une cure qui est toujours singulière et qui ne peut être répétée et
donc vérifiée.
L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.
Les théories n'ont qu'une valeur
provisoire.
Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.
Tout succès
scientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.
Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme et affirmer qu'il
n'y a rien qui vaille vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique ou des pseudosciences comme l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, la théorie de
l'histoire de Marx peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper, dans « Logique de la
découverte scientifique » propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature
ou le statut scientifique d'une théorie.
Il écrit : «C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut
prendre comme critère de démarcation.
En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisse
être choisi, une fois pour toutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'il
puisse être distingué, au moyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de la
science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.
»
A l'époque de Popper, on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines,
c'était le caractère empirique de sa méthode.
Autrement dit, en multipliant les observations et les expériences, le
savant en tirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait comme nécessaires et
universellement valides.
Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pas vérifiable est
« métaphysique » et doit être éliminé de la science.
Or, comme le souligne Popper, l'induction, qui consiste à inférer
une règle universelle à partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories à partir d'énoncés singuliers
vérifiés par l'expérience, est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes
blancs que nous puissions avoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tous les cygnes sont blancs.
»
Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois
exigences auxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout
d'abord, être synthétique, de manière à pouvoir représenter un monde possible, non contradictoire.
En deuxième
lieu, il devra satisfaire au critère de démarcation, c'est-à-dire qu'il ne devra pas être métaphysique mais devra
représenter un monde de l'expérience possible.
En troisième lieu, il devra constituer un système qui se distingue de
quelque autre manière des autres systèmes du même type dans la mesure où il est le seul à représenter notre
monde de l'expérience.
»
La troisième exigence est la plus décisive.
Comment, en effet, reconnaître le système qui représente notre monde
de l'expérience ? La réponde de Popper est la suivante : par le fait qu'il a été soumis à des tests et qu'il y a résisté.
Cela signifie qu'il faut appliquer une méthode déductive.
En d'autres termes, si nous ne pouvons exiger des théories
scientifiques qu'elles soient vérifiables, nous pouvons exiger d'elles qu'elles soient mises à l'épreuve.
Il s'agit pour
cela de déduire de la théorie examinée des énoncés singuliers ou « prédictions » susceptibles d'être facilement
testés dans l'expérimentation.
Une théorie qui ne résiste pas aux tests sera dite « falsifiée » ou « réfutée » par
l'expérience.
Si elle passe l'épreuve des tests, elle sera considérée comme provisoirement valide jusqu'à ce qu'elle
échoue à des tests ultérieurs ou qu'une théorie plus avantageuse apparaisse.
Ainsi alors que, jusqu'ici, une théorie était considérée comme vraie parce qu'elle était confirmée par de
nombreuses observations et expérimentations, c'est aux yeux de Popper la « falsifiabilité » ou la possibilité d'être
falsifié par l'expérience, qui permettra de faire le tri entre les énoncés scientifiques et ceux qui ne le sont pas : « Un
système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.
».
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